dimanche 14 juillet 2013

Giovanni Palatucci, le héros italien était un « collabo »

 

Cet officier de police, surnommé le « sauveur des 5000 juifs de la ville de Fiume », était en réalité un collaborateur zélé des nazis. On l’appelait le « Schindler italien », « l’ange protecteur des Juifs ». Pour avoir sauvé 5 000 juifs des rafles nazies, les Israéliens avaient fait de Giovanni Palatucci un « juste parmi les nations », dont le nom était inscrit sur le mémorial israélien de Yad Vashem à Jérusalem. En Italie, des rues, des places, des squares, des écoles portent son nom.

Le héros est brutalement tombé de son piédestal en juin dernier à la suite d’une étude publiée par le Centre Primo Levi de New York. D’après les chercheurs, Palatucci aurait été « un exécuteur consentant des lois raciales (promulguées par Mussolini en 1938), qui, après avoir prêté serment à la République sociale mussolinienne, a collaboré avec les nazis ».

Aucune trace de son « aide » dans les archives

Les chercheurs ont consulté plus de 700 documents des archives de Fiume, aujourd’hui appelée Rijeka, en Croatie : aucune trace de l’aide apportée par Palatucci aux juifs de Fiume n’y figurerait. Bien au contraire, cet officier de police aurait aidé les nazis à identifier des juifs et à les capturer. Arrêté par les Allemands en 1944, il aurait été déporté à Dachau pour avoir noué des contacts avec les services de renseignements britanniques.

Giuseppe Maria Palatucci

La mystification de Giovanni Palatucci a commencé en 1952. Son oncle, l’archevêque Giuseppe Maria Palatucci, avait soutenu que son neveu envoyait, pour les sauver, des Juifs de Fiume vers un camp d’internement en Italie méridionale où lui-même avait de l’influence. La légende a convaincu l’Église romaine et la communauté juive italienne. En 1990, le nom de Giovanni Palatucci avait été intégré au mémorial de Yad Vashem.

« La recherche historique et la reconnaissance publique se sont superposées »

Selon l’historien vénitien Simon levis Sullam, cité par le Corriere della Sera, l’histoire de Palatucci aurait été montée de toutes pièces pour effacer l’adhésion de nombreux Italiens aux lois raciales. Interviewé par le Huffington Post, Michele Sarfatti, historien du Centre de documentation juive contemporain en Italie, estime que « la recherche historique et la reconnaissance publique se sont superposées ».


Le centre Yad Vashem à Jérusalem dit prendre au sérieux les déclarations au sujet de l’affaire Palatucci. « Nous avons commencé à examiner minutieusement les documents qui concernent cette affaire », précise Estee Yaari, porte-parole de l’institution en charge de la Shoah.
Sans attendre, le Mémorial de l’Holocauste à Washington a réagi en déboulonnant la statue de Giovanni Palatucci. Le quotidien italien Corriere della Sera a écrit que « le mythe de Palatucci ne serait rien de plus qu’une escroquerie flagrante orchestrée par des amis et des parents du héros présumé ».
Source La Croix