Après le départ du pape, les officiels israéliens ont poussé un long soupir de soulagement. Et pour cause : le principal écueil à cette visite, le site du tombeau du roi David, sur le mont Sion, dont les Chrétiens revendiquent une gestion partielle, a été évité. À l’occasion de Chavouot, Hiloula du roi David, Hamodia revient sur l’histoire de ce tombeau et sur les enjeux politiques et diplomatiques qui l’entourent...
L’image de l’avion papal retournant au Vatican après deux journées de visite officielle a été suivie d’un long soupir de soulagement parmi les dirigeants israéliens. Et pour cause : le principal écueil à cette visite, lié au tombeau du roi David, sur le mont Sion, dont les Chrétiens souhaiteraient obtenir une gestion partielle, a été évité. À l’occasion de Chavouot, Hiloula du roi David, Hamodia revient sur l’histoire de ce tombeau et sur les enjeux politiques et diplomatiques qui l’entourent.
Le tombeau du roi David, sur le mont Sion, a été au centre de l’actualité de ces dernières semaines, à l’approche de la visite du pape François. Les rumeurs affirmant qu’Israël avait décidé de renoncer au premier étage du bâtiment qui serait lié à la foi chrétienne, ont conduit Juifs religieux et orthodoxes à s’unir contre la profanation de ce lieu.
Les affirmations des ministres des Affaires étrangères et de la Sécurité intérieure, selon lesquels Israël n’avait aucunement l’intention de confier la gestion du site à la Custodie franciscaine de Terre sainte ne sont pas parvenues à rassurer les nombreux fidèles qui se rendent régulièrement en pèlerinage sur la tombe. Et pour cause. Quelques jours plus tard, un jeune étudiant de yéchiva qui s’était rendu au second étage du tombeau a été arrêté par la police parce qu’il avait osé prier avec ses téfilin sur place ! « Ce lieu est une église », lui a-t-on expliqué au commissariat. Il semblerait donc que, deux jours avant l’arrivée du pape, les policiers aient reçu l’ordre d’éloigner tout ce qui pourrait nuire à la visite…
La salle en question est au centre de luttes interreligieuses depuis plus de dix siècles. Mais depuis qu’Israël a libéré les lieux en 1967, et que par la nature des choses, le rez-de-chaussée, qui renferme, selon certaines sources, le tombeau de David, a été transformé en synagogue, le second étage, convoité par les Chrétiens, restait vide la majeure partie de l’année, mis à part une messe annuelle. La visite du pape a donc été l’occasion pour le Vatican de demander un changement du statu quo qui règne sur les lieux depuis des décennies.
C’est en grandes pompes que s’est tenue lundi dans l’après-midi la messe papale, alors qu’à l’extérieur un groupe de manifestants orthodoxes protestaient. Quant à l’avenir du statu quo, le gouvernement israélien persiste à affirmer qu’il ne sera pas modifié, même si le journal officiel de la cité papale affirme que des accords ont été conclus.
Quoi qu’il en soit, c’est surtout le rez-de-chaussée de ce bâtiment qui préoccupe le peuple juif. En effet, selon certaines sources, c’est là qu’a été enterré le roi David, décédé à Chavouot.
La première source identifiant la stèle du roi David sur le mont Sion date du 10e siècle. Selon le Tana’h, en effet, David a été enterré « dans la cité de David » (Rois I, 2, 10), située au sud du mont du Temple. Mais pour le voyageur et géographe arabe Al Maqdisi, qui vit au 10e siècle, la tombe du deuxième roi d’Israël se trouve sur le mont Sion. Cette affirmation est renforcée par Binyamin Métoudéla, rabbin et voyageur juif médiéval qui a visité l’Europe, l’Asie et l’Afrique au 12e siècle : « En amont de la source du Chiloa’h, sur la montagne, se trouve la citadelle de Sion, qui renferme les tombeaux des rois, ainsi qu’un vieux bâtiment qu’on appelle le palais de David et qui est tourné vers le mont du Temple », écrit-il.
Plus tard, en 1170, il émit quelques réserves, craignant manifestement que les Chrétiens, qui avaient conquis le mont Sion, n’utilisent le fait que le père de la lignée du Machia’h soit enterré dans un site chrétien.
Lorsque les Mamelouks prennent le pouvoir à Jérusalem, la gestion des lieux est confiée au Sultan mamelouk, suite aux disputes qui déchirent déjà Juifs et Chrétiens quant à la propriété des lieux. Le Sultan émet alors un décret dans lequel il déclare : « Nous, Musulmans, admirons David tout comme les Chrétiens et les Juifs. Nous croyons aussi dans les écrits saints. De ce fait, cet endroit sera nôtre ».
Très vite, les Musulmans interdisent aux fidèles d’autres religions d’entrer dans le bâtiment, une interdiction strictement respectée jusqu’au 20e siècle, avec quelques exceptions, comme la visite de Sir Moché Montéfiore en 1893.
Durant la guerre d’Indépendance, en 1948, la citadelle sert de QG à l’armée jordanienne et le 18 mai 1948, Tsahal parvient à la libérer. Aux termes des batailles, et alors que les Jordaniens s’étaient engagés, dans l’accord de cessez-le-feu, d’accorder l’accès aux lieux saints aux Juifs, le mont du temple et le Kotel restent interdits d’accès. Cherchant à se rapprocher le plus possible du mont du Temple et à trouver une alternative à la prière devant le Kotel, les Juifs se rendent en masse à la Citadelle de David, et ce, jusqu’en 1967.
Le toit du bâtiment offrira d’ailleurs, durant ces 19 ans, la meilleure vue sur le Kotel.
Tout près du tombeau de David sera fondé le premier musée consacré à la Shoah en Israël. Il servit également de monument en souvenir des milliers de communautés décimées par l’horreur nazie et un lieu de recueillement pour les rescapés.
Aujourd’hui, le lieu abrite la yéchiva de la Diaspora, qui, jusqu’en 1980, était responsable de la gestion et la préservation du site. Aujourd’hui, c’est le centre national de développement des lieux saints et le rav des lieux, Chmouel Rabinovitz, qui ont repris le flambeau. On y trouve également le musée du roi David, où sont exposés des objets d’art, quelques antiquités et des vestiges des communautés juives exterminées pendant la Shoah.
Source Hamodia