jeudi 18 juillet 2013

Dernier tour de piste pour un nostalgique du podium




Alex Averbukh, une légende du sport israélien, revient à la compétition à l’âge de 38 ans, dans l’espoir d’apprendre aux jeunes deux trois petites choses…Alex Averbukh a pris sa retraite il y a quatre ans. Pour autant, il n’a jamais eu l’intention de renoncer aux Maccabiades de cet été, avec l’espoir de se hisser encore une fois à la première place du podium. C’est à l’âge de 38 ans que le double champion du saut à la perche européen, a officiellement mis fin à sa brillante carrière, au terme des 18es Maccabiades de 2009.
 
Aujourd’hui, 12 ans après sa médaille d’or aux Jeux olympiques juifs, il annonce son come-back : « J’ai décidé de revenir pour trois raisons », explique Averbukh. « La première, c’est que je sais que j’ai une chance réelle de gagner encore une médaille et peut-être même de terminer à la première place. La seconde, c’est pour donner à nos jeunes athlètes une motivation supplémentaire pour se dépasser. Et la troisième, c’est pour que ma fille qui n’était pas encore née quand j’ai pris ma retraite, puisse me voir sauter ». Bien qu’il ne soit pas suffisamment préparé pour l’événement, Averbukh s’estime capable de franchir la hauteur respectable de 5 mètres, ce qui devrait lui permettre de remporter la compétition prévue au stade Hadar Yossef à Tel-Aviv.

« Je n’ai pas pu m’entraîner autant que je l’aurais souhaité, mais j’espère que ce sera suffisant », a-til déclaré. « J’aurais voulu pouvoir m’entraîner tous les jours, mais je manque de temps, car je travaille la journée, et le soir j’entraîne les jeunes athlètes de mon club à Netanya. » Difficile de dire quel a été l’événement le plus marquant de sa carrière. Averbukh, champion d’Europe deux fois de suite, en 2002 et 2006, remporte les médailles d’argent et de bronze respectivement aux Championnats du monde de 1999 et 2001.
Il est aussi médaillé d’or des Championnats d’Europe en salle en 2000 et qualifié pour les Jeux olympiques de 2004 et 2008.
Des réalisations sans précédent au vu des normes d’athlétisme israéliennes et qui resteront probablement dans les annales du sport israélien pour un certain temps encore. Mais Averbukh a glané bien plus que des médailles. C’est un athlète modèle à la fois sur et hors terrain. S’il n’est pas toujours parti favori d’une compétition, il en est toujours revenu avec, à son actif, le meilleur saut possible, et c’est ce qui compte le plus à ses yeux.
Averbukh fait son aliya en 1999, de sa Sibérie natale, pour décrocher des médailles avec des sauts de 5,70 mètres et 5,85 mètres au maximum, des scores assez médiocres au regard des standards internationaux, mais qui lui permettront tout de même de remporter la médaille d’or aux Championnats d’Europe en 2006. Autre originalité, Averbukh remporte la compétition aux championnats de Göteborg en seulement deux sauts.
Tout au long de sa carrière, il a fait preuve d’un timing parfait ; il saute de plus en plus haut tout en économisant son énergie pour ce qu’il considère comme les sauts cruciaux et s’entraîne d’arrache-pied. En tant qu’ancien décathlonien, il est polyvalent, fait preuve d’adaptabilité et garde la forme grâce à l’exigence de son régime d’entraînement.
Il y a, cependant, une autre facette d’Averbukh que la plupart des gens ignorent. Cet as de la compétition est tout aussi impressionnant loin de la piste. Lors de ses premières années en Israël, on lui reproche son mauvais hébreu. Certains athlètes font leur aliya par opportunisme, sachant qu’ils se classeront automatiquement en servant les couleurs israéliennes, alors qu’ils ne sont plus assez bons pour représenter leur pays d’origine. Mais Averbukh a été et demeure un vrai sioniste et personne n’oserait jamais mettre en doute ses motivations ni son intégrité, bien qu’il ait fait son aliya après avoir décroché la médaille d’or aux Championnats d’Europe de 2002 à Munich.
Et l’un des moments les plus mémorables de l’histoire du sport israélien restera sans nul doute Averbukh, enveloppé dans un drapeau israélien, qui pleure de façon incontrôlable, au moment où s’élève l’hymne national dans le stade olympique de Munich, près de 30 ans après l’assassinat des 11 athlètes israéliens aux jeux de 1972.
Dans ces Maccabiades, il sera en compétition avec des athlètes israéliens de demain, qui ont la moitié de son âge, Itamar Basteker, 18 ans et Lev Skorish, 19 ans. Ce dernier est entraîné par Averbukh. Comme lui, il a émigré en Israël de Irkoutsk en Sibérie, et Averbukh lui prédit un bel avenir. « Nous avons une relève de jeunes qui franchissent déjà les 5 mètres. Ils sont l’avenir du sport israélien », s’est-il réjoui.
« Lev Skorish a déjà sauté 5 mètres et le meilleur saut de Itamar Basteker est de 4,90 mètres. Skorish vint tout juste de battre le record du cadet israélien en titre, de 30 centimètres, et se place au 8e rang mondial dans sa catégorie. Il représente l’avenir et il a besoin de soutien maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.
C’est le moment de jeter les bases de son succès sur le long terme ».
Si Averbukh a la ferme intention de goûter encore à la gloire, en remportant une médaille d’or une ultime fois, il admet qu’il ne serait pas trop déçu de terminer deuxième, derrière son élève. « Si Skorish me bat, je serai heureux aussi », avoue-til.
« Je comprends que lui et les autres jeunes athlètes ont de meilleurs atouts que moi pour gagner. La compétition sera très intéressante. Je vais voir ce que je vaux encore, après quatre ans à ne rien faire. Mon entraînement récent relève davantage de l’échauffement, mais je me suis dérouillé en sautant 4,50 mètres en mai et avec un petit effort, je serai peut-être un adversaire honorable pour les jeunes et pourrai franchir la barre des 5 mètres. » Toutefois, le vrai challenge des Maccabiades n’est pas d’affronter la concurrence, reconnaît Averbukh. « Quand j’ai réalisé l’ampleur qu’a prise cette compétition, que j’ai vu à quel point elle est bien organisée, j’ai décidé que c’est là que je devais faire mon come-back », a-t-il précisé. « Je pense que les Maccabiades sont une bénédiction pour le sport israélien. Le niveau sportif n’est pas toujours le meilleur, mais la qualité de l’organisation en fait une compétition de premier plan. J’aime aussi beaucoup l’idée que le sport peut aider à rassembler des gens du monde entier ».

Source JerusalemPost