«Je ne suis pas inquiet, les militaires sont là pour protéger l’école», assure fièrement Noam du haut de ses six ans devant l’école juive Ganénou. Devant la porte de l’établissement boulevard Voltaire dans le 12e arrondissement de Paris, deux militaires, fusil au poing, montent la garde...
4.700 policiers et des militaires mobilisés
Ce lundi, les 717 écoles et lieux de culte de la communauté juive en France étaient protégés par 4.700 policiers et gendarmes. Et dès cet après-midi pour certaines écoles, demain matin pour d’autres, des militaires ont été envoyés en renfort. Le ministre de l'Intérieur a également annoncé la nomination d'un préfet, Patrice Latron, chargé de coordonner la sécurité des sites de la communauté juive.
Des mesures exceptionnelles qui rassurent. «Les enfants sont en sécurité mais pour combien de temps?
Il faut rester vigilant à tout point de vue, nuance Marie-Neige, qui garde Noam et sa petite sœur Léa depuis des années. Nous devons avoir des yeux derrière la tête! Même si on dit le moins possible aux enfants, ils savent qu’il s’est passé quelque chose de dramatique.»
Vendredi après-midi, certains élèves sont restés confinés dans cette école pendant la prise d’otages à Hypercacher. C’est le cas d’Ava, 5 ans, qui habite porte de Vincennes.
«Les parents vendredi paniquaient, ils avaient du mal à expliquer ce qui se passait aux enfants», raconte sa baby-sitter Déborah.
«En 2015, en France, on va à l’école avec des gardes rapprochées»
«Je crois que l’atmosphère d’antisémitisme latent n’a pas toujours été reconnue, souligne David, qui tient la main de sa fille de 5 ans. On est touché en tant que Français, que juif…
Des drames qui arrivent d’habitude très loin se sont déroulés dans notre quartier. Quand on perd le prix de la vie, aller attaquer des enfants dans une école ne semble plus incompréhensible», explique David. Qui faisait référence à l’école juive de Montrouge (Hauts-de-Seine), qui aurait pu être la cible d’Amédy Coulibaly avant qu’il ne tue une policière à quelques pas de l’école Yaguel Yaacov.
Catherine, la directrice administrative de cette école où Bernard Cazeneuve est venu lundi matin annoncer les mesures de protection, confie son désarroi: «Il restera toujours cette interrogation mais nous avons de grosses présomptions que l'école était visée.»
Devant l’établissement, un camion de CRS, des policiers puis huit militaires ont monté la garde. «En 2015, en France, on va à l’école avec des gardes rapprochées. On se croit dans un pays en guerre…, regrette Catherine. Jeudi, nous étions confinés dans l’école après la fusillade avenue Pierre Brossolette. On a expliqué aux enfants ce qui s’était passé à Charlie Hebdo, les enseignants ont proposé des activités sur la liberté d’expression. Mais on essaie de maintenir une atmosphère sereine.»
Pour autant, l’idée de quitter la France se fait jour chez certains. «Il y a eu les enfants à Toulouse [tués par Mohammed Merah], des actes antisémites réguliers…
On ne peut pas vivre dans la peur, reprend Catherine. Quelle vie on va offrir à nos enfants ici? Les attentats jouent le rôle d’accélérateur dans la décision de certaines familles de partir, notamment ceux qui ont de très jeunes enfants.»
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