jeudi 1 septembre 2016

Colmar et sa région : Une journée autour de la culture juive



Ce dimanche, pour la Journée de la culture juive, des visites guidées seront proposées au public à la synagogue de Colmar et dans la salle Jean-Claude Katz du musée Bartholdi où était présenté, jusqu’à présent, le fonds d’art juif. L’occasion de découvrir la vie de cette communauté aujourd’hui et dans le passé...



 

La synagogue de Colmar, rue de La cigogne ; des visites guidées y seront proposées le 4 septembre, l’après-midi.
La Journée européenne de la culture juive est née en 2005 à Strasbourg. Le concept s’est propagé très vite en France et dans une trentaine de pays. L’objectif est de faire connaître l’histoire, les traditions et coutumes du judaïsme dans l’espoir d’une meilleure compréhension et d’une meilleure acceptation entre les religions. À chaque édition, la manifestation s’organise autour d’un thème, cette année « les langues des juifs ».
À Colmar, le public pourra suivre des visites guidées de la synagogue et de la salle Jean-Claude Katz du musée Bartholdi. Pour cette dernière, ce sera sans doute un chant du cygne (lire ci-dessous).
Dans la synagogue, les visiteurs pourront découvrir le bimah , l’équivalent de l’autel des chrétiens et lieu où sont lues les tables de la loi. Ces torahs sont cherchées dans « l’arche sainte », une armoire cachée par un rideau placé juste en face. « Il y a un office deux fois par jour, explique Pol-Roger Levy, président du Fonds d’art juif.

Pour qu’ils aient lieu, il faut au minimum dix personnes » (enfin dix hommes, les femmes n’entrant pas dans le décompte).
Cela se passe dans l’oratoire, la grande salle de la synagogue ne servant que le samedi et pour les mariages.
Durant les offices, contrairement aux messes, les fidèles peuvent se promener pour aller saluer l’un ou l’autre, ajoute M. Levy. Les femmes sont aux étages, les hommes en bas, « celles qui ne peuvent monter sont derrière un paravent. La synagogue de Colmar est très traditionnelle ».

En périphérie

La première mention de la présence d’une communauté juive à Colmar date de 1278. Elle vivait rue des Juifs, « Judegàss », l’actuelle rue Berthe-Molly, et dans les rues avoisinantes. « C’était un quartier à part, mais pas un ghetto », souligne Pol-Roger Levy.

Dans la Judegàss se trouvaient à l’époque une synagogue et un bain rituel, dont il y a encore la trace dans la cave d’une maison. Un cimetière était implanté route de Rouffach. Il y avait alors une quinzaine de familles, soumises à des mesures vexatoires : le port obligatoire du Judenhut , le chapeau pointu, et l’obligation énoncée par le pape d’assister aux prêches à l’église des Dominicains.
Bon an mal an, la vie se passait à peu près bien jusqu’en 1348, où la peste s’abat sur Colmar. On ne sait pourquoi, la croyance que ce sont les juifs qui auraient empoisonné les puits pour diffuser la maladie se répand comme une traînée de poudre.

« La population colmarienne les a tous rassemblés dans le quartier du Ladhof et les a brûlés. C’est le Judenloch. »
Des juifs reviennent à Colmar en 1385, mais ça se gâte à nouveau une soixantaine d’années plus tard. En 1512, la municipalité obtient de leur interdire d’habiter en ville.

La communauté s’installe dans les villages en périphérie : Turckheim, Herrlisheim, Horbourg-Wihr ou Wintzenheim Ce régime dure jusqu’en 1791 où est signé le décret d’émancipation des Juifs.
En 1806 sont recensées 33 familles et 182 personnes ; en 1807 arrive le premier rabbin ; en 1808 est créé le consistoire du Haut-Rhin dont le siège est d’abord à Wintzenheim, qui accueille la plus importante communauté juive de la région.

Dans les années 1960, la communauté juive colmarienne, jusqu’alors essentiellement ashkénaze, se renforce avec l’arrivée des Séfarades d’Afrique du nord. Aujourd’hui, il y aurait quelque 200 familles.

Dernière boucherie casher

Pol-Roger Lévy propose parfois des visites guidées du « Colmar juif ». Il y montre, par exemple, la place Jeanne-d’Arc, où pour la dernière fois un condamné a été passé à la roue. C’était le 31 décembre 1755 et le supplicié avait eu droit à un traitement particulièrement sauvage. « C’était un juif, M. Hirtzel Levy, et il était innocent. Le parlement de Metz qui l’avait condamné a reconnu son erreur deux ans après. »
Le guide parle aussi du trésor retrouvé en 1863 dans le bâtiment à l’angle de la rue Berthe Molly et de la rue Weinemer (actuellement hôtel Rapp) ; trésor enfoui sans doute à cause des persécutions de 1348. Le musée Unterlinden en présente quelques pièces.
Les juifs avaient également leur cimetière, route de Rouffach d’abord, puis Porte de Theinheim, (place du Saumon) avant son installation rue du Ladhof.
Pol-Roger Levy raconte encore que la dernière boucherie casher, installée 7 rue de l’Ours, a fermé il y a une quinzaine d’années.

Aujourd’hui, les personnes religieuses peuvent s’approvisionner à Strasbourg, mais aussi au site de la communauté de Colmar, où une épicerie strasbourgeoise vient une fois par semaine.

Visites guidées, dimanche 4 septembre, de la salle Jean-Claude Katz du musée Bartholdi, de 10 h à 12 h et de 14 h à 17 h, et de la synagogue de 14 h à 17 h.

Source Tribune Juive