lundi 26 septembre 2016

Chez les enfants de survivants de la Shoah, la schizophrénie est plus grave





Une étude réunissant 51.233 Israéliens n'observe pas de risque schizophrénique accru chez les descendants de survivants de l'Holocauste. Par contre, dans le sous-groupe d'enfants de survivants qui étaient bébés ou fœtus au moment du génocide, les schizophrènes souffrent de formes de la maladie plus graves –les individus concernés ayant quasiment deux fois plus de risque d'être particulièrement vulnérables à cette pathologie mentale...







Mené par des chercheurs de l'Université d'Haïfa, ce travail s'intègre dans toute une littérature interrogeant les conséquences psychiatriques de l'Holocauste sur les générations ultérieures.
Pour certains, les enfants de survivants de la Shoah ont hérité de la résilience de leurs parents et semblent relativement protégés contre les pathologies mentales. Pour d'autres, c'est l'inverse: la santé psychique des descendants de Juifs ayant connu l'Europe nazie est pire que les autres, parce que les traumatismes ont traversé les générations.
Le problème, comme le notent les auteurs de l'étude publiée dans le numéro d'octobre de la revue Schizophrenia Research, c'est que si les articles théoriques sur le sujet sont relativement abondants, ceux qui testent méthodiquement leurs hypothèses se font beaucoup plus rares. Raison pour laquelle les scientifiques ont décidé de mettre à contribution un conséquent échantillon représentatif, issu notamment des données du Ministère de l'Intérieur et du Ministère de la Santé israéliens.
Leur cohorte réunit donc 51.233 Israéliens nés entre 1948 et 1989, de parents pour leur part nés entre 1922 et 1945 en Europe et ayant émigré en Israël jusqu'en 1966.
Pour 3,2% d'entre eux (ou 1.627 personnes) l'exposition à l'Holocauste avait été indirecte, dans le sens où leurs parents étaient arrivés en Israël avant le déclenchement de la Solution finale. Pour les 96,8 % d'autres (49.606 personnes), leurs parents avaient directement connu la Shoah et étaient arrivés en Israël après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Chez ces derniers, les chercheurs ont ensuite déterminé trois sous-groupes d'exposition (in utero; in utero et/ou post-natale; post-natale) et ont croisé leurs données avec les cas de schizophrénie consignés en Israël entre 1950 et 2014.
Et ce qu'ils en concluent, c'est que si «l'exposition transgénérationnelle au génocide» n'est pas corrélée au risque schizophrénique général de la descendance, elle l'est néanmoins à la gravité de la maladie, surtout si l'exposition s'est faite in utero.
En d'autres termes, les enfants de parents (et en particulier de mères) ayant été fœtus durant l'Holocauste ont jusqu'à 1,7 fois plus de risque de souffrir de formes graves de schizophrénie. Pour les enfants de mères ayant été fœtus et/ou nouveaux-nés durant la Shoah, le risque est multiplié par 1,5. Cette augmentation du risque est identique chez les enfants de pères ayant été fœtus durant l'Holocauste et revient à la normale –ne marque plus de différence avec les enfants à «exposition transgénérationnelle indirecte»– dès que les pères avaient plus de 2 ans à l'époque.


Source Slate.fr