De passage à Bordeaux, l’ambassadrice d’Israël en France était en visite au siège de “Sud Ouest”. Elle assure que son pays est prêt à dialoguer avec les Palestiniens....Entretien....
« Sud Ouest » Quel est le but de cette première visite à Bordeaux ?
Aliza Bin-Noun (1) La France ne se résume pas à Paris, et Bordeaux est l’exemple de ces grandes villes avec lesquelles mon pays entretient des relations fortes. Il faut chercher tous les moyens de les renforcer.
De l’avis général, la relation Israël-France est excellente dans bien des domaines. C’est votre avis ?
On peut toujours améliorer les choses, mais il y a des secteurs où les liens sont très forts : sciences, médecine, recherche, défense. D’intenses échanges ont lieu dans l’innovation au niveau des start-up ou entre les universités françaises et celles de Tel-Aviv, Beersheba, Jérusalem ou le Technion d’Haïfa. Le nouveau contexte sécuritaire a rapproché nos deux pays, avec des échanges d’informations et d’experts dans un secteur – la sécurité – où Israël a une forte expérience.
Sur le plan politique, en revanche, la relation semble difficile…
Comme vous savez, nous ne partageons pas l’approche française du conflit israélo-palestinien, et nous n’avons pas soutenu l’initiative de Paris consistant à en appeler à nouveau à la communauté internationale. Celle-ci a toujours tendance à vouloir faire pression sur Israël et n’a pas prouvé sa capacité à faire avancer les choses. Nous, nous disons que rien ne peut remplacer des négociations directes comme celles qui ont permis la paix avec l’Égypte, la Jordanie ou les accords d’Oslo avec les Palestiniens.
Quelle initiative Israël pourrait-il prendre pour rendre possible ce dialogue direct ?
Israël a déjà montré qu’il était prêt à des concessions territoriales, que ce soit au Sinaï, au Liban ou à Gaza en 2005. Tous les jours, le gouvernement israélien fait entrer 800 camions à Gaza pour apporter des produits ou de l’aide humanitaire, et il vient de signer un accord de fourniture d’électricité. La coopération existe aussi avec l’Autorité palestinienne sur le volet sécuritaire. Les choses ne sont donc pas blanches ou noires. Le problème, ce sont les conditions préalables que le président palestinien met à une reprise du dialogue.
Un gel de la colonisation juive en Cisjordanie n’est-il pas indispensable pour rétablir la confiance ?
Il y a six ans, Benyamin Netanyahou avait décrété un gel de neuf mois. Or, Mahmoud Abbas n’est pas venu s’asseoir pour négocier. Les constructions actuelles sont là pour répondre aux besoins du demi-million d’Israéliens qui vivent sur place en matière de maisons, d’écoles, de crèches. Par ailleurs, la situation a changé : le peuple israélien a un peu perdu confiance dans le peuple palestinien. En plus, la « guerre des couteaux », qui a connu une trêve, reprend à l’approche des grandes fêtes juives du mois d’octobre. Et il est très regrettable que Mahmoud Abbas l’encourage au lieu de la condamner. C’est un mauvais signal.
(1) Ambassadrice d’Israël en France depuis 2015, elle était chef du bureau politique du ministère israélien des Affaires étrangères depuis 2012 et a été ambassadrice en Hongrie (2007-2011).
Source Israel Valley