Première nation étrangère au DLD Tel Aviv Innovation Festival avec au moins 360 représentants (startups, ETI, grands groupes), et le déplacement spécial de la secrétaire d’Etat au numérique et à l’Innovation, Axelle Lemaire, ainsi que du Pdg d’Orange, Stéphane Richard, la France met les petits plats dans les grands pour changer la perception de son écosystème auprès des investisseurs et des médias israéliens....
Il y a bien des stands dédiées aux startups polonaises, hongroises et slovaques dans le "boulevard des startups" du DLD Innovation Festival, qui se tient à Tel Aviv jusqu'au 30 septembre. Il y a même un grand chapiteau dédié à Chine, le nouvel eldorado des startups israéliennes, et aux opportunités de l'immense marché asiatique.
Les géants du Net Google, Amazon ou encore Microsoft sont présents aussi. Mais, comme au CES de Las Vegas, en début d'année, c'est la France qui fait le plus de bruit. La French Tech a déboulé en nombre. Au moins 360 startups, ETI et grands groupes ont fait le déplacement au DLD, qui est la vitrine de l'innovation dans la "Startup nation".
Grâce à sa "Maison French Tech", située en plein cœur de l'ancienne gare ferroviaire HaTachana, qui accueille l'événement, et au stand de Business France, les Français sont tout simplement inratables.
C'était précisément l'objectif.
La French Tech, Business France, l'ambassade française en Israël et la chambre de commerce Israël-France, ont travaillé main dans la main pour donner une teinte bleu-blanc-rouge au salon israélien. Un hackathon franco-israélien, auquel participent cinq startups françaises invitées par Business France et cinq startups israéliennes, s'est tenu ce jeudi.
Des conférences, dont deux animées par le sociologue Dominique Cardon, se sont déroulées dans la ville. Plusieurs soirées de "réseautage" ont été organisées, auxquelles ont participé tout le gratin des investisseurs israéliens. Signe de l'importance de l'événement pour la France, la secrétaire d'Etat au Numérique et à l'Innovation, Axelle Lemaire, a fait le déplacement pendant trois jours, comme Emmanuel Macron l'an dernier.
L'étoile montante de la gauche a même participé à la cérémonie d'ouverture aux côtés de Stéphane Richard, le Pdg d'Orange.
Danse du ventre auprès des investisseurs et des médias
Pourquoi tant d'efforts ? Le DLD est un "petit" salon. Incomparable, en terme de fréquentation et d'envergure, avec le CES de Las Vegas, l'IFA de Berlin, le Mobile World Congress de Barcelone, Viva Tech à Paris ou encore le Web Summit, qui se tiendra cette année en novembre à Lisbonne. En 2015, le salon israélien n'avait attiré que 3.000 visiteurs... Soit même pas le nombre d'exposants du dernier CES (3.600).
"Le DLD est tout petit, mais symboliquement, il est très important de s'y montrer car tous les influenceurs et grands investisseurs y viennent" indique Florent Della Valle, conseiller économique à l'Ambassade de France en Israël.
Même si le pays ne compte que 8,5 millions d'habitants et moins de startups que la France (7.000 contre plus de 10.000), Israël rayonne grâce à son écosystème d'innovation mature, fort de 50 ans d'expérience, et de sa culture entrepreneuriale unique au monde.
"Il faut aller chercher l'innovation là où elle se trouve, créer des connexions, nouer des partenariats, apprendre de l'esprit israélien. C'est important pour les startups françaises comme pour les grands groupes", ajoute Pierre Louette, le directeur général délégué d'Orange, qui pilote les investissements du géant des télécoms. Orange Digital Ventures, le bras armé du financement de l'innovation du groupe, a d'ailleurs profité de l'occasion pour annoncer son premier investissement en Israël, dans la startup Secbi, spécialisée dans la cybersécurité.
La présence de Stéphane Richard visait aussi à effacer le souvenir pénible de la polémique de l'an dernier, lorsque le patron d'Orange avait dit au Caire que l'entreprise serait prête à se retirer d'Israël s'i elle le pouvait, avant de s'excuser devant Benyamin Netanyahu.
En fait, dans un contexte où la compétition internationale s'accroît, la présence massive de la France au DLD est éminemment stratégique. Axelle Lemaire a d'ailleurs effectué une tournée dans le pays, y compris dans un incubateur palestinien à Ramallah, et reçu ses médias. L'objectif ? Changer l'image de la France auprès des investisseurs.
"On ne peut pas lutter contre la puissance d'attraction de l'Asie et notamment de la Chine et de l'Inde, mais dans la compétition européenne, il est crucial que les investisseurs israéliens considèrent désormais la France comme "la" porte d'entrée en Europe.
Il faut qu'ils aient un réflexe "France" et non plus plus forcément Royaume-Uni ou Allemagne. Il faut marteler le message, avec les chiffres à l'appui et la mise en avant des succès, dire que désormais, l'écosystème français est le plus dynamique en Europe", explique Valentin Pellissier, membre de la "French Tech Team" chez Business France.
Les startups en quête de partenariats
Portées par l'activisme du gouvernement, les startups et ETI françaises profitent du salon pour nouer des contacts en vue de partenariats technologiques et de futures levées de fonds.
C'est le cas de Destygo, jeune startup française dans l'intelligence artificielle, invitée par Business France. "On participe au hackathon pour avoir de la visibilité, mais notre principal objectif est de trouver des partenaires", souligne Ilias Hicham, le Pdg et confondateur de la startup, qui propose une intelligence artificielle dans les messageries instantanées comme Messenger ou Whatsapp, pour aider les voyageurs à gérer leurs déplacements à l'étranger. "On a rencontré des potentiels investisseurs israéliens, des agences de voyage qui pourraient devenir nos clients, d'autres acteurs du secteur", ajoute l'entrepreneur.
Difficile de mesurer vraiment ce qu'il découlera de concret de la présence de startups françaises au DLD, mais "il ressort toujours de ce type de salons quelque chose de positif", estime Charles de Ravel d'Esclapon, le Pdg de la startup Zenpoint, qui a développé une technologie d'intelligence artificielle pour faciliter la création de "slides" de présentation pour les professionnels. "Les partenariats se font sur la durée, ils nécessitent des relations de long terme et de la confiance.
Ici, on noue des premiers contacts. On pense déjà à la deuxième levée de fonds, alors qu'on est en train de monter la première avec des investisseurs français".
Source La Tribune