vendredi 11 mars 2016

Paracha Pekoudé : chaque événement difficile a son point positif



Dans la paracha Pekoudé il est écrit : « Tel est le décompte [des matériaux] du Michkan, le Michkan du Témoignage, qui fut établi par Moché… » (Chemot, 38:21.) Rachi explique, sur les mots "du Michkan, le Michkan" : « [Le mot Michkan est écrit] deux fois, pour faire allusion au Temple qui fut pris comme gage (machkon), puisqu’il fut détruit à deux reprises à cause des fautes d’Israël. »....



Rachi rapporte le midrach [1] qui explique la répétition du mot Michkan. « Michkan » fait référence au machkon, qui correspond au gage donné lorsque quelqu’un emprunte un objet ; s’il ne peut le rendre, le propriétaire de l’objet garde le gage. Dans le cas présent, Hachem donna aux deux Temples le rôle de garants du peuple juif.
Ceci, car dans le futur, ce dernier allait transgresser de graves fautes, au point qu’il allait mériter l’anéantissement, mais Hachem allait déverser Son courroux sur le bois et les pierres des Temples, épargnant ainsi le peuple. Le midrach nous enseigne qu’il existe des aspects positifs aux événements les plus tragiques, tels que la destruction des Temples.
L’histoire suivante illustre remarquablement cette idée ; Rabbi Levy Its’hak de Berditchev zatsal passa une nuit dans une auberge. Il se leva au milieu de la nuit, afin de réciter Tikoun ‘Hatsot – les prières qui expriment notre peine en ce qui concerne la destruction du Temple.
Il pria avec beaucoup de ferveur et d’émotion, et l’aubergiste, un « simple » Juif, en l’entendant, se leva et entra dans sa chambre pour comprendre pourquoi il pleurait tant. Le rav tenta de lui expliquer l’importance du Temple, à quel point la présence d’Hachem y était apparente, et combien nous souffrons de l’exil.
Il fut si convaincant que l’aubergiste éclata en sanglots en réalisant soudain l’ampleur de la tragédie qui avait frappé le peuple juif.
Il pleura tant que Rabbi Lévy Its’hak s’inquiéta pour sa santé ; il se mit alors à le rassurer et à lui dire qu’il y a des côtés positifs au ‘Hourban (à la destruction) – ceux mentionnés par Rachi dans la paracha de cette semaine, à savoir que le peuple juif fut épargné, parce qu’Hachem déversa Sa colère sur les Temples plutôt que sur les Bné Israël. Là aussi, il fut si convaincant que l’hôtelier se mit à danser et à chanter joyeusement avec Rabbi Lévy Its’hak. Ils firent tant de bruit que d’autres personnes les entendirent et vinrent leur demander la raison de leur joie. L’aubergiste répondit : « N’êtes-vous pas au courant ? Le Temple a été détruit ! » [2]
Cette histoire met davantage en évidence le fait qu’outre le côté indubitablement tragique des destructions, elles eurent pour conséquence positive notre survie. Ceci nous enseigne que dans chaque tragédie que nous vivons, que ce soit en tant que nation ou individuellement, il existe des points positifs.
L’un des bénéfices éventuels est que la personne voit la Providence Divine plus clairement en temps de peine, ce qui peut renforcer sa relation avec Hachem. Autre « avantage » des événements difficiles : ils permettent aux gens de ralentir leur rythme de vie effréné et de relever ce qu’ils doivent améliorer.
Prenons l’exemple d’une femme, mère de plusieurs enfants en bas âge, qui était constamment épuisée par la garde de ses enfants et par les tâches ménagères à accomplir simultanément.
Elle estimait que le fait d’employer une aide-ménagère qui la déchargerait serait un signe de faiblesse. Ce n’est que lorsqu’elle souffrit d’un sérieux problème de santé, qu’elle se fit aider, n’ayant plus le choix. Baroukh Hachem, elle se remit de sa maladie, en réalisant qu’elle pouvait être une meilleure mère pour ses enfants. Elle comprit qu’avant de tomber malade, elle était si fatiguée par le travail exigé, qu’elle était intolérante et de mauvaise humeur avec ses enfants.
Ce changement forcé dans sa vie lui montra qu’elle pouvait être bien plus sereine et heureuse avec ses enfants, quand elle n’était pas éreintée par toutes les tâches ménagères [3].
De cette façon, une apparente tragédie marqua finalement un tournant majeur et positif dans sa relation avec ses enfants.
Rachi nous montre que même les événements difficiles ont leurs points positifs – si nous les remarquons, nous pouvons les utiliser pour nous élever dans notre avodat Hachem.

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[1] Midrach Tan’houma 5.
[2] Entendu de mon rav, le rav Its’hak Berkovits chlita.
[3] Inutile de préciser que l’aide nécessaire à une mère dépend de plusieurs facteurs…

Rav Yehonathan GEFEN

Source Torah Box