lundi 28 mars 2016

Quand Tariq Ramadan utilise les attentats de Bruxelles pour se transformer en futur candidat à la présidentielle...

 




A lire la dernière tribune de Tariq Ramadan, laquelle semble parachever la transformation de l'universitaire-prêcheur en personnalité politique et sonne davantage comme une déclaration programmatique que comme le désormais classique appel au " pas d'amalgame " post-attentat, on se dit que les choses ne sont pas prêtes de s'arranger...
 







On se dit aussi que (et ça fait froid dans le dos parce qu'on l'a lu) que le Soumission de Michel Houellebecq tenait peut-être davantage du mode d'emploi à l'usage des théocrates ambitieux que du roman " visionnaire ". 
Et de fait, rien de ce que dit Ramadan des attaques de Bruxelles n'est à proprement parler " religieux ", au sens où un intellectuel chrétien, juif, bouddhiste ou musulman tenterait d'explorer les ressorts de cette violence dans leur dimension métaphysique ou au moins " cultuelle ".
Et chacun de ses mots pourrait être contresigné par le plus banal de nos politiciens de bonne volonté, rappel de la responsabilité historique des victimes dans la radicalisation de leurs bourreaux compris (un zeste d'Olivier Roy pour le nihilisme romantique et acculturé des poseurs de bombes, un chouia de Clémentine Autain pour les questions d'accès au logement et de sous-emploi, un poil de Pascal Boniface pour la géopolitique...). 
Exit " Frère Tariq ", exégète ambigu du Coran ; enter " monsieur Ramadan ", apporteur pondéré et pragmatique de solutions à nos problèmes sociaux, économiques et stratégiques, et futur candidat à la présidentielle d'un grand parti démocratique à peine teinté d'islam. 




C'est sûr, on pourrait presque s'en réjouir : si le type qui joue les directeurs de conscience de jeunes gens fragiles sur Facebook et dans les meetings crypto-salafistes qui s'organisent un peu partout en France, en Belgique et en Suisse s'assagit et se met à parler comme un frondeur PS, laissant gentiment Allah au vestiaire avec son chapeau et son manteau, c'est peut-être qu'il est ultimement recyclable par le système.
Et que les Plenel ont raison contre les Birnbaum, la foi dans le divin n'étant qu'une étape opiacée vers le matérialisme dialectique – étape que Ramadan serait enfin parvenu à franchir. 
Mais on peut aussi s'en inquiéter (c'est mon cas, je pense que ça se voit), la seule leçon qu'ait vraisemblablement retenu le bonhomme du trotskisme plenelien étant l'entrisme et le pilotage de sous-marin (en arabe, taqqyia). 
A tout prendre, pour autant, un Ramadan inspiré par Houellebecq comme Grand Timonier n'est pas la pire chose qui puisse nous arriver (une fois installé à l'Elysée, le président Mohammed Ben Abbès du roman se révèle plus enclin à défendre les valeurs d'une France libre, musulmane et indépendante qu'à la fondre dans un  Califat sanguinaire).
Mais c'est seulement, j'insiste, " à tout prendre ". Un peu comme on se dit qu'on préférerait mourir noyé ou asphyxié plutôt que brûlé vif ou découpé en morceaux au sabre parce qu'il paraît qu'on ne sent pas grand chose.
Et tiens, d'ailleurs, elle en est où, sa demande de naturalisation ?


Source Atlantico