La start-up Teads lève 24 millions d'euros auprès de la BPI et vise une introduction en Bourse aux États-Unis. Une dizaine d'autres start-up prometteuses sont encouragées à suivre cet exemple. C'est un récidiviste. Lors de la première vague d'Internet, Pierre Chappaz avait fait de Kelkoo un champion européen des comparateurs de prix à coups d'acquisitions avant d'être lui-même racheté par Yahoo! pour 475 millions d'euros en 2004...
Aujourd'hui, il ambitionne de créer le leader mondial des formats publicitaires haut de gamme dans la vidéo en ligne. Sa société eBuzzing, créée en 2007, a beaucoup tâtonné et changé de modèle économique avant de se jeter sur la vague de la vidéo. En vieux renard du numérique, Pierre Chappaz a déniché une belle pépite, Teads, disposant d'une technologie très innovante sur les formats de publicité vidéo.
Voilà moins d'un an, il a convaincu les dirigeants de fusionner les deux sociétés pour conquérir un marché mondial en pleine explosion. Pour cela, il faut trouver de l'argent, ce qui est chose faite: Teads lève aujourd'hui 24 millions d'euros, dont 12 millions sous forme d'augmentation de capital et l'autre moitié sous forme de prêts. Les investisseurs historiques Partech et Elaia Partners suivent l'opération, tandis que la BPI apporte 10 millions d'euros. L'opération valorise Teads entre 150 et 200 millions d'euros.
«Teads est la démonstration qu'aujourd'hui les start-up françaises innovantes n'ont plus de problème pour trouver de l'argent, même pour des montants importants. En 2014, on a changé de dimension, explique Nicolas Dufourcq, directeur général de la BPI.
Le problème, désormais, c'est de construire des leaders mondiaux. Nous en avons assez de faire des bonsaïs, nous voulons faire les géants. Pour cela, il faut des entrepreneurs qui n'hésitent pas à voir grand et à construire des groupes par acquisitions.
Pierre Chappaz en est un bon exemple.» La BPI a fait de cette nouvelle ambition son cheval de bataille. En 2014, elle a investi directement dans 150 sociétés et y a injecté 700 millions d'euros. Cette année, elle veut soutenir les champions français des objets connectés ou des services Web pour qu'ils grandissent sans être condamnés à se vendre à des géants américains.
Le modèle israélien
Longtemps les pouvoirs publics se sont interrogés pour savoir comment créer une Silicon Valley à la française. Ils ont changé de modèle pour suivre celui d'Israël, qui fourmille d'entrepreneurs innovants qui pallient l'étroitesse de leur marché intérieur en visant directement le marché américain et mondial. C'est pourquoi la BPI a installé des bureaux aux États-Unis.
Teads n'a pas peur de s'attaquer à des géants comme YouTube et Facebook. Mais il a choisi le créneau de la vidéo insérée dans un contenu de qualité. «Nous apportons à la fois une technologie innovante de vidéos qui s'insèrent harmonieusement dans le flux des sites Internet fixe et mobile et un modèle économique comparable à celui de Criteo: nous achetons auprès de nos partenaires médias des espaces publicitaires pour les revendre aux annonceurs», explique Pierre Chappaz.
Teads a déjà convaincu 500 des plus grands sites médias mondiaux (The Financial Times, The Telegraph, The Guardian, Le Figaro, Le Monde, TF1, M6, The Washington Post, CNBC, Conde Nast ) d'utiliser ses services. Un réseau puissant qui représente 650 millions de visiteurs uniques par mois. En face, il a persuadé les plus grands annonceurs du luxe (Cartier, Gucci, Breitling) ou de l'automobile et du high-tech (LG, Samsung ) de lancer des campagnes mondiales via sa plateforme.
En 2014, Teads a réalisé un chiffre d'affaires de 76,5 millions d'euros, en croissance de 65 %, tout en étant rentable. Cette année, il pourrait doubler son volume d'activité en recrutant 180 nouveaux salariés, dont des développeurs à Montpellier et Paris et des commerciaux aux États-Unis et en Asie. Et 2015 pourrait être l'année d'une introduction en Bourse sur le marché américain pour suivre l'exemple de Criteo.
Source Le Figaro