L’énergie était palpable au rassemblement du Likoud à Tel Aviv lundi soir dernier, faisant presque oublier les erreurs embarrassantes lors de l’élection d’investiture du parti la semaine dernière, qui a nécessité un recomptage fort médiatisé dans plusieurs bureaux de vote...
Même si les différents candidats à la direction du parti ont reçu de nombreuses ovations, ce n’était que l'arrière-plan de l’enjeu réel de l’évènement: le Premier ministre israélien lançait sa campagne électorale. Tentant de dicter l'ordre du jour des prochaines semaines, Netanyahou a prononcé un discours flamboyant, se présentant tel que toujours comme le "défenseur d'Israël" et dépeignant ses rivaux politiques de gauche comme faibles et peu fiables quant aux questions de sécurité.
Mais il ne s’agissait que du prélude à une autre carte que Netanyahou a joué : la promesse de changer le système politique d'Israël. Le Premier ministre a correctement identifié le mécontentement de l'opinion publique israélienne face à l'instabilité politique.
Rappelant les 33 changements de gouvernement en 66 ans, il a promis une réforme électorale limitant la possibilité de renverser le gouvernement et assurant que le chef du parti remportant le plus grand nombre de sièges à une élection formerait automatiquement la coalition.
Les modifications proposées pourraient accroître la stabilité, mais pourraient également faire rien de plus que de consolider le règne de Netanyahou. Mais Netanyahou semble souffrir d'amnésie légère, ou du moins sous-estimer la mémoire de l'électeur israélien moyen.
Quand il été réélu Premier ministre pour la première fois en 2009, il était le bienfaiteur du système actuel.
La formation politique Kadima, dirigée par Tzipi Livni, était le plus grand parti, mais le président a donné le feu vert à Netanyahou, car il avait des meilleures chances de former une coalition. Si le plan de Netanyahou, qui retirerait le pouvoir des mains du président (un avantage supplémentaire étant donné la rivalité bien connue entre Netanyahou et le président actuel, Reuven Rivlin), avait été mis en place en 2009, Livni aurait été Premier ministre.
Netanyahou a expliqué que le système actuel favorise les petits et moyens partis, ce qui a fait éclaté la dernière coalition. Mais l'opinion publique israélienne pourrait bien se rappeler que Netanyahou a été celui qui a choisi de dissoudre le gouvernement.
En outre, il a promis des réformes similaires dans le passé, mais elles se trouvent aujourd’hui dans la voûte des promesses électorales non tenues. Netanyahou a correctement identifié que le public en a assez de se rendre au bureau de vote aux deux ans, mais il pourrait avoir négligé un autre fait, soit que beaucoup de gens en ont également assez de ses promesses répétées de réformer le système.
“Voter Likoud pour changer le système" est le slogan du dernier plan de Netanyahou, qui espère, à long terme, convertir le système politique multipartite en un système bipartisan de style américain. Pendant ce temps, dans les sondages au moins, la vision de Netanyahou d'un système à deux partis s’avère tout à fait réaliste.
Deux enquêtes menées cette semaine prédisent entre 23 et 25 sièges pour le Likoud et pour l'alliance Herzog-Livni, laissant les petits et moyens partis se régaler avec les restes. Le Likoud peut se réjouir de cette tendance, qui place de nouveau Netanyahou en tête, tandis que Herzog et Livni ne pouvaient pour leur part oser rêver de ces résultats il y a tout juste un mois.
Ni Netanyahou ni Herozg-Livni ont cependant, à en constater l’état de la situation actuelle, de nombreuses raisons de se réjouir.
Netanyahou n’aura probablement pas assez de votes pour conditionner l’entrée au gouvernement à son plan de réformes électorales, alors que les sondages semblent montrer que le centre-gauche est loin de ses déclarations de début de campagne annonçant un revirement politique.
Netanyahou souhaite sûrement avoir changé le système alors qu'il le pouvait, lors de ses 6 années au poste de Premier ministre car il semble aujourd’hui que de longues négociations sont à prévoir après le 17 mars.
Avec tout le suspense, les rumeurs et les ragots entourant la campagne électorale de 2015, rien de plus excitant pour les Israéliens qu’une énorme tempête de neige menaçant une grande partie du pays. Avant même la chute du premier flocon de neige, des préparations à grande échelle ont été annoncées par les autorités des services d’urgence et par les responsables de la sécurité.
Un sentiment d'urgence, voire de panique, a dominé les grands titres des principaux médias.
Les politiciens n’ont pas manqué de profiter de l’opportunité que les conditions météorologiques leur fournissent pour se faire voir et prendre en photo. Netanyahou a effectué une visite fort médiatisée au centre de commande de la municipalité de Jérusalem mardi pour aider à superviser les efforts mis en oeuvre pour prévenir les dommages que la tempête pourrait causer dans la ville.
Le leader du parti travailliste Herzog a contrebalancé cette tactique par une visite à la salle d'urgence de l’hôpital Hadassah, avant même que Twitter, Facebook et Instagram soient inondés de photos de candidats en train de pelleter de la neige ou de faire des bonhommes de neige.
Tout comme le président Obama et le gouverneur du New Jersey Chris Christie, qui a gagné de nombreux points politiques avec l’ouragan Sandy en 2012, les politiciens israéliens seront en concurrence avec la mémoire du traumatisme collectif de la tempête du siècle, Alexa, qui a laissé des dizaines de milliers de ménages sans électricité, enseveli Jérusalem sous la neige et coincé des milliers de voitures le long des routes menant à la capitale. Netanyahou espère que les leçons d’Alexa ont été bien apprises.
Car même le meilleur coup médiatique sera inapproprié si des dizaines de milliers d'Israéliens finissent assis, impuissants et furieux, dans l'obscurité.
Par Tal Shalev
Source I24News