À 60 jours du scrutin, la campagne électorale démarre en Israël : les ministres sortants vont mettre en valeur leur bilan social qui reste maigre. Le budget 2015, qui devait entrer en vigueur début janvier, promettait d’être « le budget le plus social qu’Israël n’ait jamais eu » ; du moins à en croire Yaïr Lapid, le ministre-sortant des Finances...Analyse...
En fait, le budget qu’il a concocté (mais qui n’a pas été approuvé par la Knesset) était très « conservateur » sur le plan social ; les chômeurs, les smicards, les pauvres et les malades n’auraient pas vu leur sort s’améliorer de sitôt.
Selon les récentes déclarations de beaucoup de candidats à la Knesset, le social sera un des principaux enjeux des prochaines législatives israéliennes. Les hommes politiques, qui détenaient un portefeuille ministériel dans le dernier gouvernement, vont tenter de convaincre les électeurs de leur bilan social positif. Or celui-ci est en demi-teinte, pour ne pas dire assez maigre. Tour d’horizon.
PRESTATONS SOCALES
Si les personnes âgées et les rescapés de la Shoah ont bénéficié d’une revalorisation de leurs allocations, en revanche les parents ont vu le montant des allocations familiales pour leurs enfants se réduire drastiquement : depuis août 2013, l’allocation familiale est fixée à seulement 140 shekels par enfant (30 euros). Globalement, le budget de la sécurité sociale est en baisse continue depuis plus d’une décennie.
PAUVRETÉ
La commission Elalouf avait recommandé au gouvernement de lancer un vaste plan anti-pauvreté pour tirer 1,6 million d’Israéliens de la pauvreté ; le train de mesures, proposé par les experts, a été estimé à 7 milliards de shekels (1,5 milliard d’euros). Si le gouvernement sortant a bien approuvé le plan Elalouf, seulement un dixième des budgets nécessaires a été débloqué pour 2015.
FISCALITÉ
Pendant deux ans, le ministre des Finances sortant s’est refusé à toute augmentation des impôts sur le revenu. Par contre, c’est la TVA qui a été relevé d’un point en juin 2013, au taux unique de 18%. Or la TVA touche davantage les catégories sociales les plus défavorisées (celles qui consacrent tout leur revenu à la consommation) alors que les gros revenus (qui épargnent et investissent) n’ont pas été mis à contribution pour financer le déficit public.
EMPLOI
Le gouvernement sortant s’était fixé comme objectif d’intégrer sur le marché du travail un effectif croissant de Juifs harédim et d’Arabes ; si les chiffres montrent un relèvement de l’emploi parmi les Arabes israéliens et parmi les femmes orthodoxes, les hommes harédim restant encore peu nombreux à travailler. En fait, l’encouragement à l’emploi des harédim avait déjà été lancé par le gouvernement précédent qui s’appuyait sur les recommandations de la commission Trajtenberg mise en place à la suite de la révolte des tentes de l’été 2011.
CHÔMAGE
Certes, le taux de chômage est tombé à un niveau très bas au cours des deux dernières années (5,6%). En revanche, la contrepartie du plein emploi s’aggrave pour de nombreux salariés : salaires bas, emplois à temps partiel, travailleurs pauvres, précarité, etc. Le budget 2015 prévoyait même un durcissement des conditions d’attribution des allocations de chômage pour les jeunes de moins de 30 ans.
ÉDUCATION
Le gouvernement sortant promettait d’augmenter le budget de l’Education de 3 milliards de shekels en 2015. En fait, une grande partie de cette rallonge avait été décidée par les gouvernements précédents qui avaient lancé plusieurs réformes visant à améliorer la rémunération des maîtres, comme : la réforme du primaire Ofek Hadash ou “nouvel horizon” (2008), la réforme du secondaire Oz LaTmoura ou “courage de changer” (2011). De même, la loi sur la gratuité de l’école à partir de 3 ans avait été votée en 2011 par le gouvernement précédent.
SANTÉ
La réforme préparée par l’ex-ministre de la Santé Yaël Guerman visait à remettre de l’ordre dans le secteur de la santé publique, tout en abaissant les primes de l’assurance complémentaire. En revanche, l’insuffisance du financement public n’a pas été résolue : selon les experts, il manquerait 20 milliards de shekels à la santé publique pour que renouveler les infrastructures et améliorer le niveau des soins.
LOGEMENT
La réforme du logement était une des grandes promesses du gouvernement précédent, mais aussi son plus grand fiasco ; les prix n’ont pas baissé, la construction n’a pas redémarré et la bureaucratie n’a pas été réduite.
SALAIRE MINIMUM
Un an de négociations n’aura pas suffi au gouvernement sortant pour accepter un relèvement du salaire minimum gelé depuis octobre 2012. Et lorsque les partenaires sociaux sont tombés d’accord pour revaloriser le salaire minimum, le ministre des Finances a été limogé avant d’avoir eu le temps de publier un décret d’application.
Par Jaqcues Bendelac
Source Israel Valley