L'inquiétude monte dans la communauté juive de Turquie alors que le Vice premier ministre a publiquement pointé la responsabilité de ce qu'il a appelé la Diaspora juive dans les mouvements de protestations qui secouent le pays depuis plus d'un mois. Pour les dirigeants de cette communauté, la déclaration de Besir Atalay, un des quatre vice-premiers ministres,pourrait faire d'eux des cibles de la colère populaire, notamment des courants pro gouvernementaux.
Besir Atalay a accusé lundi les puissances étrangères, la diaspora juive et les médias internationaux d'avoir provoqué et entretenu les manifestations.
"Les puissances mondiales et de la diaspora juive ont incité aux troubles et les ont activement encouragés", " Nous essayons d'obtenir des informations sur la signification, la portée et les détails de la déclaration de vice-Premier ministre Besir Atalay accusant la " diaspora juive " d'être derrière les manifestations de la place Gezi " ont déclaré le Président le la communication juive turque et le Grand rabbinat du pays dans un communiqué commun.
La communauté juive de Turquie compte environ 25 000 membres, pourrait être l'objet de représailles de la part des mouvements islamistes pro gouvernementaux.
Les juifs de Turquie, dont la plupart ont des racines dans le pays depuis le 15ème siècle, alors que leurs ancêtres cherchaient refuge dans l'Empire ottoman, fuyant l'Inquisition espagnole.
Depuis l'arrivée au pouvoir du parti islamiste du Premier ministre, l'AKP, la situation de la communauté juive ne cesse de se dégrader.
Dans une lettre à Namik Tan, ambassadeur de Turquie aux Etats-Unis, l' ADL (Anti-Defamation League) appelle le Premier ministre à " publiquement condamner et rejeter la déclaration de M. Atalay ; une déclaration d'autant plus scandaleuse qu'elle provient d'un des plus importants membres du gouvernement ", poursuit l'ADL.
"Nous partageons les préoccupations exprimées par la communauté juive de Turquie sur les conséquences possibles de cette déclaration ", conclut la lettre.
La déclaration de Besir Atalay n'est qu'un des derniers avatars de ce qui devient un antisémitisme d'Etat, où la communauté juive est de plus en plus souvent accusée de tous les maux pour ce qu'elle est ou en raison de ses liens forts avec l'état d'Israël.
Plus tôt cette année, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan avait qualifié le sionisme de "crime contre l'humanité ", déclenchant un tollé dans l'administration américaine.
Sur Twitter, le parti du maire de la capitale turque, Ankara, Melih Gokcek, lançait un message le 16 juin expliquant que les manifestations autour du parc Gezi étaient un "un jeu du lobby juif", et de citer un article d'un think tank américain selon lequel l'AIPAC, le groupe de lobbying pro israélien aux USA, avaient annoncé des manifestations en Turquie en début d'année.
Source Israel Infos