Son nom est Gould, Jeffrey «Shuki» Gould. Il est un vétéran australien d’origine britannique, un ancien agent du Mossad sioniste dans l’âme qui a participé entre autre à trois guerres israéliennes. Aujourd’hui, à 82 ans, il écrit ses mémoires, dans sa confortable maison de retraite en Australie. Il est persuadé d’être à l’origine des fondations de la centrale nucléaire iranienne de Bushehr, en 1974.
Le journal israélien Haaretz, à partir des confidences de Jeffrey Gould par Ran Porat qui tient un site destiné aux ressortissants Israéliens en Australie, lui consacre un article révélant le rôle d’Israël dans la genèse du programme nucléaire iranien tant redouté par la communauté internationale aujourd’hui.
Les relations israélo-iraniennes n’ont pas toujours été tendues. Sous le régime du Shah (1941-1979), Israël et l’Iran ont entretenu une coopération approfondie. La crise actuelle ne débute qu’avec l’instauration de la République Islamique d’Iran en 1979 et s’est accentuée en 2005, lors de l’élection à la présidence de la république de l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad.
Dans les années 1970, le Shah d’Iran fait appel au savoir-faire nucléaire israélien, officiellement pour permettre à l’Iran d’anticiper la disparition des réserves de pétrole. C’est dans ce cadre historique de bonnes relations entre les deux pays, en 1974, que Gould affirme avoir passé environ un an à travailler à Bushehr, chargé de surveiller environ 800 ouvriers afghans et indiens sur le chantier. ” Nous avons construit une base navale mais je suis assez sûr, qu’en fait, ce fut le début de la centrale atomique” dit-il des photos à l’appui.
Gould affirme que son séjour en Iran a pris fin brutalement en 1975 après qu’il eut été visé dans un attentat à la bombe, « ma “couverture” sûrement grillée » se souvient-il.
Gould n’a jamais perdu son amour pour Israël, il a très régulièrement effectué ses deux mois de milouim (temps de réserves) dans l’armée israélienne. “J’ai servi dans trois guerres, à la fin de la guerre des Six jours, la Guerre d’Usure et la guerre du Kippour” dit-il, en rappelant la perte de son meilleur ami, le premier jour de la guerre de 1973. “J’étais dans une unité du génie. J’étais là, du côté israélien, lorsqu’ils les Egyptiens ont franchi le canal de Suez. J’ai aidé à construire certains des ponts” se rappelle-t-il.
A la question s’il craignait pour sa sécurité pour les informations classifiées dans ses mémoires, il se montre fataliste : “J’ai 82 ans. Qu’est-ce qu’ils peuvent me faire ? “.
La centrale nucléaire de Bushehr est dans la ligne de mire d’Israël et de la communauté internationale, pour être au cœur du dispositif du programme nucléaire militaire iranien.
Source LemondeJuif