Comme nous l’annoncions dans Tetsavé, complétons pour cette semaine l’étude sur les habits du Cohen Gadol, en expliquant la corrélation entre les vêtements et les fautes qu’ils expient....
Le Mikhnassaïm expie l’inceste
Le rapport entre le pantalon et l’expiation de la faute de l’inceste et les conduites impudiques est évident. La fonction de ce pantalon, porté directement sur la peau tel un caleçon long, est précisément de couvrir les parties cachées. Bien que le Cohen porte de toute façon une tunique qui le couvre jusqu’au parterre, la Torah lui enjoint malgré tout de prendre cette mesure de pudeur, pour que même le sol du Mishkan ne soit pas exposé à ces parties. Cet habit est donc propice à ajouter de la Kedousha [sainteté] aux Bnei Israël, à les élever et les écarter davantage de toute conduite indécente.
Le Avnet expie les mauvaises pensées
L’expiation des mauvaises pensées par l’Avnet –le ceinturon– s’explique selon ce même principe. En plus de la défense de ne pas évoquer le nom d’Hashem ou d'étudier la Torah devant une scène inconvenante, le Choul’han Aroukh [ch.74] rapporte qu’il est aussi interdit de dire une Berakha lorsque ‘son cœur voit ses parties cachées’. Soit, un homme couvert d’une tunique flottante ne peut pas prononcer le nom d’Hashem car, même si ses yeux ne voient pas ses parties cachées, le fait que son cœur soit face à elles est un manque de pudeur. Il doit impérativement mettre une ceinture, des dessous, ou au moins plaquer sa tunique contre son ventre, afin de distinguer le cœur –le QG du désir et des pensées– de la bassesse. C’est d’ailleurs en rapport avec cette loi que nous glorifions Hashem tous les matins en disant la Berakha de Ozer Israël biGuevoura –qui ceint Israël de puissance– après s’être vêtu et ceint d’un ceinturon, car cette mesure de pudeur est propice à ce que Hashem nous protège contre nos ennemis. Ainsi, le Cohen Gadol porte lui-aussi un ceinturon pour bien démarquer son cœur de toute abjection, et expie ainsi les mauvaises pensées du peuple.
La Mitsnefet expie l’orgueil
Et puisque nous évoquons les Birkot haShahar, expliquons en quoi la Mitsnefet –le chapeau, turban– expie la faute de l’orgueil. A la différence des goyim qui se couvrent la tête pour se protéger uniquement du soleil ou de la pluie, le peuple d’Israël se la couvre par mesure de Yireat Shamaïm –crainte du ciel– afin de se souvenir qu’Hashem est au-dessus de nous. Aussi, nous glorifions Hashem tous les matins en disant la Berakha de Oter Israël beTifeara – qui couronne Israël de splendeur – en rapport avec la Kippa ou chapeau car, réciproquement, parce que nous nous souvenons constamment de Notre créateur, Hashem veille sur nous et nous ‘couronne de splendeur’. Or, la crainte du ciel est précisément l’antidote de l’orgueil, comme le dit le verset [Mishlei 22:4]: עֵקֶב עֲנָוָה יִרְאַת ה' – Aux talons de la modestie, se trouve la crainte d’Hashem [Cf. Rashi Ibid.]. En l’occurrence, le Cohen Gadol expie l’orgueil des Bnei Israël lorsqu’il porte ce chapeau avec l’intention de ressentir que Hashem est au-dessus de nous !
La Ketonet expie le meurtre
La Guemara [Erkhin 16A] déduit que la Ketonet –la tunique– expie la faute du meurtre de la fameuse tunique de Yossef. Yaacov choyait son fils Yossef, et le distingua de ses autres enfants en lui offrant une tunique striée. Ses frères jalousèrent Yossef, et décidèrent de mettre fin à sa vie, puis préférèrent finalement le vendre esclave en Egypte. Ils ôtèrent alors cette tunique, la trempèrent dans du sang de chevreau, et la rapportèrent à Yaacov en lui laissant comprendre que son fils choyé avait été dévoré par une bête féroce.
Constatons comme cette déduction semble incompréhensible ! Quel rapport y-a-t-il entre la tunique de cette histoire et le meurtre ?
Le Kli Yakar répond à partir du commentaire de Rabbeinou Béhayé [dans Vayeshev], qui explique que cette tunique a présagé 2 grandes souffrances corporelles. D’abord, parce qu’elle a été le détonateur du début de l’esclavage éreintant d’Egypte. Puis, plus de 2.000 après, à l’époque de la destruction du 2e Beit haMikdash, elle a été la cause des 10 martyrs –Rabbi Akiva et ses camarades–, sauvagement assassinés par Titus pour réparer la vente de Yossef par ses frères. Et de justifier ‘car la tunique est au corps, ce que le corps est à l’âme’. C.-à-d. la tunique qui habille le corps, symbolise le corps qui habille la Neshama.
Aussi, le meurtre est par définition une dénégation de la vie éternelle. Le Kli Yakar [Bereshit 4:4] explique en effet que l’on ne songe à éliminer l’autre que parce que l’on ne croit pas en la résurrection des morts, et que l'on espère ainsi en finir une fois pour toutes avec celui qui dérange. En l’occurrence, le Cohen Gadol contredit cette hérésie lorsqu’il s’habille de sa tunique en illustrant par cet habillage le fait que son corps habille sa Neshama !
Rav Harry Dahan
Source Chiourim