Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a expliqué hier la colère de l'Arabie saoudite par son échec cuisant dans la région, dans un discours retransmis par écran interposé à l'occasion de la commémoration de la disparition d'un cadre du parti, Ali Fayad, tué il y a une semaine dans les combats en Syrie...
« Celui qui échoue s'énerve », a affirmé le secrétaire général du Hezbollah, avant d'égrener les différents échecs régionaux du royaume wahhabite « en Syrie, au Yémen, au Liban et à Bahreïn ». Il a également dit à l'adresse de Riyad : « Nous ne voulons ni argent, ni armement, ni soutien, ni quoi que ce soit. » « Fichez la paix à ce pays et à ce peuple », s'est insurgé Hassan Nasrallah.
Reprenant le parcours du combattant Ali Fayad, il a rappelé que ce dernier avait pris les armes pour combattre l'État hébreu en 2000, soulignant que lui et ses compagnons ont agi sans attendre « ni les pays arabes ni la Ligue arabe, ou l'unanimité arabe ». « Autrement dit, si nous avions attendu une stratégie arabe unifiée et une armée arabe, Israël serait encore présent à Beyrouth et sur l'ensemble du territoire libanais », a noté le secrétaire général du Hezbollah.
Sur le plan régional, il a également mis l'accent sur la mission remplie par son parti en Irak. Il a rappelé que sans la contribution « secrète » du Hezbollah dans la lutte contre l'organisation État islamique (EI), celle-ci aurait envahi bien des régions irakiennes. « Les exactions commises par l'EI à l'encontre des sunnites sont bien plus importantes que celles qu'il a fait subir aux chiites », a-t-il martelé, ajoutant que la « dignité arabe serait que chacun d'entre nous se rende en Irak pour défendre les sunnites, les Arabes et les chiites (...) et non pas que celui qui combat en Irak soit qualifié de terroriste ».
Hassan Nasrallah a aussi consacré une grande partie de son intervention pour rappeler le rôle joué par Ali Fayad dans les combats aux côtés des musulmans de Bosnie, un combat « dans le but de défendre l'honneur des sunnites de cette région ».
« Un combat perdu d'avance »
« Existe-t-il un seul régime arabe qui ose donner des armes et de l'argent à la Résistance ? Celui qui s'attend à ce que les États arabes protègent le Liban de l'ennemi parie sur des illusions. Ceux qui protègent le Liban sont l'armée, le peuple et la Résistance. »
« En 2006 nous leur avons dit : Nous ne voulons rien de vous à part que vous nous fichiez la paix ; aujourd'hui nous répétons la même chose : Nous ne voulons rien de vous, ni argent, ni armement, ni soutien, ni quoi que ce soit. Fichez la paix à ce pays et à ce peuple », s'est insurgé Hassan Nasrallah. « Depuis 67 ans, qui donc insulte les Arabes autant qu'Israël ? Israël insulte les Arabes au quotidien et vous, qu'avez-vous fait par le passé ? Que faites-vous aujourd'hui ? » s'est-il interrogé.
Réagissant à la « colère » de Riyad, il a d'autre part souligné qu'elle s'explique par la série de défaites rencontrées par le royaume sur le plan régional. « Il faut savoir être réaliste. Je comprends la colère de l'Arabie », a-t-il dit avant d'égrener « la série d'échecs » enregistrés par Riyad tant en Syrie qu'au Yémen, au Liban et à Bahreïn.
« Ils sont en colère contre nous et ont étendu leur colère contre le Liban parce qu'ils veulent que les Libanais se retournent contre nous, mais les Libanais savent que le projet saoudien en Syrie est de faire tomber le régime, et peu importe à Riyad qui gouvernera Damas ; ils ont ce même projet au Yémen. Celui qui affronte l'Arabie en Syrie est celui qui prend la défense des intérêts nationaux libanais », a affirmé Hassan Nasrallah.
Revenant sur la classification de « terroriste » faite par le Conseil de coopération du Golfe puis dans le cadre du communiqué final de la réunion des ministres arabes de l'Intérieur, Hassan Nasrallah a assuré que cette classification n'a pas reçu l'unanimité arabe, relevant à cet égard l'opposition affichée par le Liban et l'Irak, et l'abstention de l'Algérie sur ce sujet. Il a dans ce contexte particulièrement remercié la Tunisie. « Nous remercions tous ceux qui ont été solidaires avec nous, ont pris notre défense et dénoncé la décision des pays du Golfe ainsi que la déclaration des ministres arabes de l'Intérieur », a-t-il dit.
Jeudi dernier, le principal syndicat tunisien (UGTT), membre du quartette lauréat du prix Nobel de la paix en 2015, a dénoncé la décision des monarchies du Golfe de classer le Hezbollah comme « terroriste ». Le ministre tunisien des Affaires étrangères Khemaies Jhinaoui a quant à lui affirmé dans une entrevue à la télévision que la décision des ministres arabes « ne représentait pas la position de la Tunisie », malgré la signature de son ministre de l'Intérieur Hédi Majdoub.
« Celui qui veut élever Israël tombera avec lui, et l'Arabie découvrira très vite qu'elle mène un combat perdu d'avance », a enfin souligné le chef du Hezbollah. « Nous assurons que nous protégerons notre pays des dangers, et nous resterons la Résistance, nous resterons sur le terrain quels que soient les accusations et les sacrifices », a-t-il conclu.
Source L'Orient le Jour