mardi 9 juillet 2013

Des bidasses qui croulent sous les dettes


Les soldats de Tsahal ont une fâcheuse tendance à dépasser leur forfait téléphonique. Résultat : des dettes parfois colossales qui les mènent à la ruine. C''est un " post" sur Facebook qui a donné l'alerte. Un jeune Israélien racontait qu'il avait dû interrompre son service militaire pour aller travailler en usine. La raison ? Une dette de plusieurs dizaines de milliers de shekels à un opérateur de téléphonie mobile. Le réseau social s'est enflammé et d'autres témoignages sont très vite apparus. Comme celui d'un militaire originaire du Brésil devenu... SDF !

C'est la réalité. En Israël, depuis quelques années, les histoires de jeunes du contingent en difficultés socio-économiques se multiplient. La plupart du temps pour la même raison : des sommes énormes dues à leur opérateur de téléphonie mobile. En 2012, 52 000 soldats effectuant leur service militaire obligatoire - un tiers du nombre total - ont présenté une demande d'aide financière pour tenter de sortir de la pauvreté. Cette même année, parmi les militaires condamnés pour désertion, 55 % ont expliqué leur geste par des raisons économiques. Et 70 % d'entre eux avaient de grosses factures de portable impayées depuis des mois, que leur maigre solde - de 352 à 1 000 shekels (75 à 212 euros) par mois selon les unités - rendait impossibles à couvrir. D'autant plus que les compagnies de téléphonie mobile n'y vont pas par quatre chemins : deux factures de 250 shekels (53 euros) non payées et c'est la lettre d'avocat, ce qui, avec les frais, fait monter la note à 7 000 shekels (1 485 euros). Très vite, on peut passer à la saisie automatique du salaire et même à l'interdiction de quitter le territoire.
Shifra dirige l'association Une maison chaleureuse pour chaque soldat. Depuis près de cinq ans, son quotidien, et parfois ses nuits, se passe à tenter d'obtenir une solution négociée avec les sociétés de téléphonie. "Cela arrive assez souvent les soirs de fête. Je suis obligée de quitter la table pour joindre un de mes contacts au sein de ces compagnies parce qu'un soldat a été arrêté au contrôle des passeports et qu'on ne le laisse pas prendre l'avion. Comme cette jeune femme dont un proche parent est décédé à l'étranger. L'armée l'a immédiatement autorisée à prendre un congé pour participer aux obsèques, mais la police des frontières ne l'a pas laissée passer. Elle devait des milliers de shekels à un opérateur qui l'avait fait interdire de sortie du territoire. Et n'allez pas croire que les histoires de ce genre sont rares. J'en ai à la pelle."
L'armée a mis du temps à prendre la mesure du problème, estimant que c'était d'abord le problème des soldats s'ils dépassaient leur forfait. Ce que récusent les associations : "Lorsqu'un civil voit revenir un ordre de paiement bancaire, il peut s'en occuper sans perdre de temps. Le militaire, lui, peut se trouver en opération, parfois durant trois semaines d'affilée. Et s'il revient tous les huit jours, c'est en fin de semaine, quand tout est fermé. Sans compter que les soldats sans famille changent souvent d'adresse. Bien souvent, le courrier se perd... Et la plupart d'entre eux ne se réveillent que quand on leur a coupé la ligne."
Les arguments ont porté et un dispositif d'aide a été mis en place. Depuis 2009, 2,2 millions de shekels de dettes (467 500 euros) ont été effacées pour 1 600 soldats. Ce n'est, vu l'ampleur du phénomène, qu'une goutte d'eau dans la mer ! Le problème pourrait être résolu avec l'arrivée récente de nouveaux opérateurs de mobiles qui ont cassé les tarifs. C'est du moins ce qu'espèrent les organisations d'aide aux soldats.
 

Source Le Point