Le chercheur israélien Dan Shechtman n’est pas seulement connu pour son Nobel de chimie décroché en 2011 pour la découverte des quasi-cristaux, effectuée près de trente ans auparavant. Ce professeur émérite de l’Institut technologique Technion de Haïfa s’est aussi illustré dans un autre domaine, en initiant, dès 1986, un cours baptisé « entrepreneuriat technologique », qu’il considère comme son « bébé » le plus cher...
« Aujourd’hui tout le monde qualifie Israël de ‘Start-up Nation’, car le pays affiche une concentration record de 4.000 jeunes pousses. Mais il y a trente ans, le positionnement de ce cours semblait totalement futuriste », rappelle l’illustre chercheur, âgé de 75 ans, qui a délivré cet enseignement jusqu’à son départ à la retraite, en septembre dernier.
Un cours inspirant
Dispensé chaque hiver par un panel d’entrepreneurs israéliens, ce module fait aussi intervenir des juristes ou des acteurs du capital-risque. Il a enregistré 600 inscrits dès son lancement. Et attiré plus de 10.000 étudiants depuis sa création. Ce qui en fait l’un des séminaires les plus courus du Technion !
« Au début, le cours était réservé aux apprentis entrepreneurs, maintenant il est ouvert à tous : qui sait d’où viendra la prochaine idée géniale ! », explique son instigateur. Parmi les conférenciers venus partager leurs expériences, bonnes ou mauvaises : Stef Wertheimer, le capitaine d’industrie israélien à l’origine de la société Iscar, acquise par Warren Buffet, ou bien Naftali Bennett, fondateur de la start-up Cyota, devenu ministre de l’Économie et de l’Industrie et actuellement ministre de l’Éducation…
Pour le « découvreur » des quasi-cristaux, cette plateforme doit avant tout servir de source d’inspiration. Il s’agit d’encourager les étudiants à appliquer leurs connaissances scientifiques au monde du business ; mais aussi de leur faire comprendre que, dans le monde de l’entreprise, chacun doit se concentrer sur sa spécialité.« Dans la mesure du possible, un ingénieur ne doit pas occuper le fauteuil du PDG », glisse Dan Shechtman, qui a lui-même privilégié sa carrière de professeur à celle d’entrepreneur, même s’il affiche plusieurs start-up au compteur.
Des accélérateurs en lien avec les formations
Le Technion n’est pas le seul établissement d’enseignement supérieur israélien à miser sur des formules originales pour susciter des vocations d’entrepreneurs. Témoin, la montée en puissance des accélérateurs, associés aux formations d’entrepreneuriat sur les campus israéliens. Pionnier dans ce domaine, le centre interdisciplinaire d’Herzliya (IDC), un collège académique situé en banlieue de Tel-Aviv, qui a lancé voilà déjà quinze ans son programme d’entrepreneuriat Zell.Accélérateur de start-up combiné à une formation d’un an sur l’entrepreneuriat, Zell sélectionne chaque année une petite vingtaine d’étudiants sur plusieurs centaines de candidats. Et aligne de solides références. Des géants du Net tels que Google, eBay ou encore ConduIt ont investi plus de 120 millions de dollars pour s’offrir des jeunes pousses mises sur pied par de jeunes diplômés du programme. Parmi les heureuses élues figure LabPixies, qui développe des applications personnalisées, et a été rachetée en 2010 par Google pour 25 millions de dollars.
À ce jour, Zell possède à son actif pas moins de 70 sociétés, dont une myriade de « success stories ». Reste que la vocation du programme est plus large. Parmi les anciens diplômés, on compte par exemple les fondateurs du centre de R&D israélien du géant sud-coréen Samsung ou encore des professionnels du capital-risque.
Start-up rankings
Dans ce contexte, rien d’étonnant à ce que les établissements académiques israéliens se situent plutôt bien dans les classements pour la création de start-up. Selon le dernier rapport de PitchBook Data publié en octobre 2015, l’université de Tel-Aviv décroche la neuvième place, et la première en dehors des États-Unis, dans le classement des 50 premières universités dans le monde pour leur nombre d’anciens étudiants (de premier cycle) devenus entrepreneurs.Selon le classement, l’université de Tel-Aviv a produit au cours des cinq dernières années 250 entrepreneurs à l’origine de 204 start-up ayant levé 1,75 milliard de dollars.
De son côté, le Technion arrive à la vingtième place et l’université hébraïque de Jérusalem à la 39e. Un palmarès d’autant plus impressionnant que les institutions israéliennes ont des moyens beaucoup plus limités que leurs homologues américaines.
Des programmes qui ciblent aussi les étudiants internationaux
Les campus israéliens commencent à vendre la « Start-up Nation » aux étudiants étrangers. C’est ainsi que le Technion a lancé voilà deux ans son programme « Azrieli Start-up MBA ». Cette formation d’un an, dispensée entièrement en anglais, prend ses quartiers au pied de la tour d’affaires Azriel, en plein cœur de Tel-Aviv, et non sur le campus de Haïfa de l’Institut technologique. Ce programme associe une formation théorique à des visites de terrain : centres de R&D, incubateurs et autres entreprises high-tech. Sans oublier un module de séminaire industriel (ciblant trois secteurs) et un stage d’entrepreneuriat. Seul hic, un prix à l’américaine s’élevant à 35.000 dollars.Learning Expedition Start-Up Nation, du 22 au 27 mai 2016
Après New York, Boston et San Francisco, EducPros emmène, en partenariat avec Prime, l’Agence régionale de développement Paris Île-de-France, la Cdefi, la CPU et la CGE, une délégation de professionnels de l’enseignement supérieur à la découverte de l’écosystème d’Israël, la Start-up Nation.Au programme : visites du Technion, de l’Institut Weizmann, de l’université hébraïque de Jérusalem, de l’incubateur MindCet, du Jerusalem Venture Partners, mais aussi des échanges avec des patrons de start-up innovantes et le French Tech Hub.
Ce voyage d’étude est l’occasion pour les participants de nouer de nouveaux partenariats et de faire émerger de nombreux projets.
Programme complet et inscriptions de la #LexSN.
Source : http://www.letudiant.fr/educpros/enquetes/en-israel-l-entrepreneuriat-au-coeur-des-campus.html
Source Tribune Juive