mardi 8 mars 2016

Expo « Après la Shoah » ou comment reprendre une vie normale ?


L'exposition à voir au Mémorial de la Shoah, à Paris, jusqu'à fin octobre revient sur la diversité des situations des Juifs d’Europe pendant la période trouble qui a suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale... 

Survivants du nazisme, rescapés des camps, réfugiés, anciens prisonniers… Dans le chaos qui règne à la sortie de la guerre, ils sont des millions sur les routes d’Europe à se demander où aller, parmi lesquels une minorité de Juifs. L’exposition du Mémorial de la Shoah s’intéresse à cette période trouble, entre 1944 et 1947, pendant laquelle l’Europe connut des mouvements de population d’une ampleur sans précédent.
Des écrans et des vitrines sont agencés sur des cubes, évoquant les ruines de l’Europe d’après-guerre, dans un parcours tortueux rappelant celui des rescapés. Une scénographie épurée, qui tranche avec la complexité et la noirceur du sujet de l’exposition.

« Personnes déplacées »

Si la libération des camps de la mort est bien entendu évoquée au début de l’exposition, elle n’est finalement qu’une des nombreuses étapes qui attendaient les survivants.
« On ne voulait justement pas se focaliser sur ce moment-là, un moment très court qui a évidemment marqué les esprits, mais on voulait aller plus loin », explique Constance Pâris de Bollardière, l’une des commissaires de l’exposition. Le reste des documents présentés porte surtout sur cette longue errance des rescapés.
En juin 1944, apparaît le terme de « personnes déplacées » (displaced persons ou DPs). Au printemps 1945, on en compte entre 10 et 11 millions en Europe occidentale, dont 8 millions dans des camps en Allemagne, paradoxalement devenue territoire de transit et d’accueil. Les quelques 250.000 Juifs qui s’y entassent viennent majoritairement de Pologne, où ils ne souhaitent pas retourner car l’antisémitisme y reste très vivace. 
« Un antisémitisme demeurait après-guerre en France mais ne se manifestait pas de manière aussi violente qu'en Pologne et ne fit pas de morts » , précise Constance Pâris de Bollardière.
« Les Juifs déportés de France ayant survécu sont majoritairement rentrés et restés en France, qui a également accueilli, grâce à l'action des organisations juives, de nombreux Juifs migrants de Pologne ».

Rendre justice

À Paris, à Berlin ou dans les camps de réfugiés, la communauté juive tente de reprendre une vie normale : réouverture des commerces et des écoles, reprise des mariages, des événements culturels…
L’exposition montre aussi  la façon dont l’aide internationale s’est mobilisée pour les Juifs : l’ONU, mais aussi le « Joint », la puissante Aide juive américaine qui se rend même directement sur place.
Le parcours se termine sur les premiers procès (avec notamment la vidéo du témoignage bouleversant de la résistante Marie-Claude Vaillant-Couturier sur l’horreur d’Auschwitz, pendant le procès de Nuremberg), ainsi que sur la mise en place des mécanismes de restitution des biens spoliés pendant la guerre. L’exposition s’achève sur la façon dont les premiers témoignages ont été recueillis, avec la mise en place des commissions historiques juives, une première mémoire qui montre à quel point l’extermination des Juifs d’Europe a vite été connue et documentée au sein du monde juif.
Source Ile de France