mercredi 16 mars 2016

Sarcelles, laboratoire du judaïsme français



Le 20 juillet 2014, Sarcelles a sombré dans le chaos. « La Petite Jérusalem » ressemble davantage à une Babylone violente quand ses 90 ethnies ciblent ses 15.000 juifs. De la grande synagogue, encerclée après une manifestation pro-palestinienne interdite ayant dégénéré, retentit alors la Marseillaise....




La communauté juive fera front. Malgré la grenade qui a visé une épicerie Naouri en 2012, malgré la mort de Yohan Cohen lors de la tuerie de l’Hypercacher.
Car depuis un demi-siècle, Sarcelles est un laboratoire de l’existence juive en France. Avec d’abord un essor indéniable, au point que Philippe Lumbroso, l’actuel président de la communauté, se souvient « du parvis de la grande synagogue noir de monde – plus de 600 personnes » pour les grandes fêtes. Bien sûr, « ce dynamisme subsiste encore », fait remarquer le rabbin Berros et la ville du Val-d’Oise peut même se targuer d’avoir en continu « des offices et des cours du lever du soleil jusqu’à 23h ». De quoi laisser rêveuses nombre de communautés parisiennes.
C’est que l’élan religieux, impulsé hier et aujourd’hui par les rabbins Guedj, Israël ou Brandt, a toujours accompagné harmonieusement la vitalité d’hommes comme messieurs Bokobza, Halimi et tant d’autres. La vie juive heureuse fait même un temps oublier une fragilité économique plus visible dans les années 1980. La ville demeure un nid chaleureux où l’on retourne, car on y conserve des attaches, une nostalgie bienfaisante : « il n’y a pas comme Sarcelles », aiment à dire ses habitants.
Nid chaleureux

Mais le vent tourne dans les années 2000 quand la notion de « territoire » en vogue dans les zones sensibles se double d’une importation de l’antisionisme. Témoin de cette cassure, René Taïeb, président des communautés juives du Val-d’Oise, qui « sent sur le terrain, dans les mots et les regards, qu'il y a quelque chose qui se trame, qu’un événement pourrait arriver ». Mais dans la grande synagogue, Philippe Lumbroso se force à l’optimisme : « Sarcelles fédère les communautés environnantes : le fil n’est pas cassé, même si l’inquiétude est là ».
Et peut-être le judaïsme français pourrait-il s’inspirer de ce fleuron, où la volonté d’aller sur le terrain est plus que jamais omniprésente. La communauté juive de Sarcelles l’affirme : elle est prête à encore assumer son rôle de laboratoire. Du rabbin au président, nécessairement courageux, en passant par les fidèles, qui s’efforcent de surmonter leurs interrogations sur l’avenir, chacun entend pallier l’échec du dialogue religieux institutionnel. Parce que leur amour pour « la Petite Jérusalem » ne leur laisse pas le choix. Et le rabbin Berros d’avancer l’exemple « du patriarche Abraham : il se tenait en dehors de sa tente, pas à l’intérieur ».

Le gala du cinquantième anniversaire aura lieu le mardi 15 mars à 19h30 dans les salons Hoche. Renseignements : 01.39.90.20.51.E-Mail : gala@acipsarcelles.org


Source ActuJ