Dans la rue Palaprat, à Toulouse, la synagogue éponyme n’arbore aucun signe notable si ce n’est un passage en hébreu, extrait du Deutéronome, au-dessus de la porte principale en bois, signifiant en français « Béni sois-tu à ta venue, béni sois-tu à ta sortie ».
Un dépouillement extérieur
Un dépouillement extérieur qui tranche avec la magnificence des autres synagogues historiques de Paris, Marseille ou Bordeaux.
« Cela s’explique par le fait que la communauté juive à Toulouse était très restreinte.
En 1850, il y avait à peine 200 à 250 Juifs. Aujourd’hui, on estime qu’il y en a 14 000 à 15 000 », explique Pierre Lasry, l’administrateur du lieu.
Auparavant, le culte se célébrait dans des maisons particulières, comme celle située rue Joutx-Aigues (dont la signification serait « eau des Juifs » ou « ruisseau des Juifs », en référence au mikvé, le bain rituel utilisé pour l’ablution nécessaire aux rites de pureté familiale) dans le premier moulon du Capitoulet de la Dalbade.
De nombreuses plaques commémoratives
Le bâtiment, érigé sur deux étages, avec un espace en bas dédié aux hommes et un autre en hauteur pour les femmes, dispose d’une salle de prière orientée vers Jérusalem.
Au fond se trouve l’Arche Sainte (ou le Hekhal), encadrée de deux pilastres de marbre rose surmontés d’un chapiteau de même couleur, où sont conservés les rouleaux de parchemin de la Torah, le livre sacré du judaïsme.
Au centre, se trouve la bimah ou tevah, l’estrade avec un pupitre où se lit la Torah (un chapitre différent y est lu à chaque office du samedi) et où est célébrée la liturgie devant les fidèles.
Quant à ses murs, ils sont couverts de plaques mémorielles, à l’instar de la « Plaque du Souvenir » en hommage à une partie des déportés de Toulouse et une en l’honneur du cardinal Saliège, l’archevêque de Toulouse auteur de la célèbre lettre du 23 août 1942, en réaction au sort réservé aux Juifs.
Un lieu de résistance et de solidarité
Durant cette époque, le culte n’y a pratiquement jamais cessé, malgré des épisodes d’une rare violence, comme la multiplication des rafles après l’invasion de la zone libre par les troupes allemandes, ou encore la prise d’otage de fidèles, en réaction à l’attentat contre Mas, un des chefs de la Milice, le 25 août 1943.
« La synagogue devient le centre de la résistance juive avec la création de l’Armée juive par David Knout et Abraham Polonski.
Elle est aussi le lieu de la création d’un Comité local de bienfaisance, qui existe encore aujourd’hui. Certains réfugiés de passage peuvent alors parfois même y dormir », précise Pierre Lasry.
En 1962, devant l’arrivée massive des Juifs d’Afrique du Nord, la communauté ouvre un nouveau lieu : la Vieille nouvelle synagogue, rue du Rempart Saint-Étienne.
Et en décembre 1998, Palaprat perd son rôle de synagogue principale de Toulouse, au profit de l’Espace du judaïsme, place Riquet, qui intègre Hekhal David, la nouvelle grande synagogue de Toulouse.
Par Mathieu Arnal
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