dimanche 22 novembre 2020

Archive exceptionnelle : écoutez la voix d'Alfred Dreyfus lui-même, en 1912


L'homme de la fameuse "Affaire" qui a ébranlé la France, vous ne pensiez pas un jour pouvoir entendre le grain de sa voix ? Sa très légère pointe d'accent alsacien ? Découvrez la voix d'Alfred Dreyfus lui-même, le commandant juif innocenté en 1906, et enregistré six ans plus tard........Détails & Vidéo........

"Le 20 juillet 1906 fut une belle journée de réparation pour la France et la République. Mon affaire était terminée." 
Ce sont les mots d'Alfred Dreyfus. Non seulement ceux qu'il a écrits dans ses Mémoires, mais ceux qu'il prononce face à l'enregistreur Pathé tendu par le linguiste Ferdinand Brunot dans une petite salle de la Sorbonne, en mars 1912. Écoutez dans ce document exceptionnel le commandant réhabilité revenir sur l'ampleur de la fameuse "affaire" qui porte désormais son nom. 

Un document unique

C’est un trésor des Archives de la parole : la voix d'Alfred Dreyfus lui-même. Six ans après avoir été innocenté, il est enregistré à la Sorbonne par un pionnier de la linguistique, un humaniste, Ferdinand Brunot. 
Dreyfusard des débuts, Brunot veut enregistrer le commandant juif accusé à tort d’espionnage, de trahison. L’Affaire avait bouleversé l'armée, la justice, la presse, l’opinion publique, la politique... 
C’est pour Brunot un témoignage dont l'histoire doit garder la trace. Dans cet enregistrement, Dreyfus revient justement sur l’ampleur de l’Affaire, ce jalon dans l’histoire de France après laquelle plus rien ne sera jamais pareil. 

Commandant Alfred Dreyfus, mars 1912

"Mon affaire était terminée. Le lieutenant-colonel Picquart avait été réintégré dans l'armée avec le grade de général de brigade comme compensation des persécutions qu'il avait subies pour m'avoir défendu dès qu'il eut acquis la conviction de mon innocence. 
Tous ceux qui avaient combattu pour la justice et qui étaient encore parmi les vivants avaient pu voir la récompense des souffrances endurées pour la Vérité, mais c'est certain qu'ils la trouveraient dans la satisfaction intime de leur conscience et dans l'estime que leurs sacrifices auraient mérité de la part de leurs contemporains.
Et même s'ils parurent oublier qu'ils ne furent pas les plus mal partagés car ils ne luttèrent pas seulement pour une cause particulière mais ils contribuèrent pour une large part à l'une des œuvres de relèvement les plus extraordinaires dont le monde ait été témoin. 
Une de ces œuvres qui retentissent jusque dans l'avenir le plus lointain parce qu'elle aura marqué un tournant dans l'histoire de l'humanité, une étape grandiose vers une ère de progrès immense, ou les idées de liberté, de justice, de solidarité sociale.
Au début de l'Affaire, en effet, il ne s'agissait, pour la plupart de ceux qui y prirent part, que d'une question de justice et d'humanité. 
Mais à mesure que la lutte se poursuivait contre toutes les forces d'oppression coalisées, elle prenait une envergure insoupçonnée qui n'a cessé de croître jusqu'à ce que la lumière fût faite complète, entraînant avec elle une transformation capitale dans les idées.
Les découvertes se firent successivement, apportant chaque jour un élément nouveau obligeant les esprits à réfléchir et à changer graduellement d'idée sur une foule de questions dont on ne se serait pas soucié autrement. Une éducation progressive se fit, les traditions s'évanouirent et préparèrent peu à peu mais sûrement l'esprit public à accepter des réformes importantes."

Merci au service Son du département de l’Audiovisuel, BnF et au Service de la coopération numérique et de Gallica, BnF. Archives de la Parole, conservation : BnF, Département de l’Audiovisuel, service Son ; source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.



Source France Culture
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