Coproduction internationale, « No Man’s Land » diffusée sur Arte nous emporte en Syrie, aux côtés des combattantes kurdes qui luttent contre l’État Islamique. Une mini-série de huit épisodes, passionnante, sur l’engagement et le sacrifice, et sur fond de secrets de famille.......Détails.......
L’affiche tourne en boucle sur les écrans géants de Time Square, à New York. Une énorme fierté pour l’équipe de la série, dont Mélanie Thierry (photo ci-dessus). Il faut dire que la « petite » série d’Arte, « No Man’s Land », est aussi sortie chez le géant américain Hulu, l’équivalent de Netflix, mercredi dernier. Une plateforme de cinéphiles avec 52 millions d’inscrits. Et qu’elle est disponible sur le site d’Arte, où elle a déjà été vue par 2 millions de spectateurs.
Cette nouvelle pépite franco-israélienne est un projet ambitieux, tant par son tournage fleuve dans plusieurs pays, que par son thème. C’est l’histoire d’Antoine Habert (Félix Moati), un jeune ingénieur en bâtiment, à la vie bien rangée, aux certitudes bien campées.
Un matin, à l’hôpital avec sa compagne pour tenter d’avoir un bébé grâce à une FIV, il aperçoit sur l’écran d’une chaîne d’info les images d’une jeune fille blonde, combattante kurde en Syrie.
Elle a cette manière de nouer ses cheveux qui n’appartient qu’à sa sœur, Anna (Mélanie Thierry), architecte disparue depuis des années… Il tente de convaincre sa compagne, ses parents, et en désespoir de cause face à leur incrédulité, largue tout pour partir la rechercher.
« L’engagement, c’est presque exotique aujourd’hui »
À l’arrivée à la frontière syrienne, la série bascule : Antoine se fait livrer par son fixeux. Emprisonné par une brigade de femmes, les YPG, qui combattent l’État Islamique il est suspecté d’en faire partie. Il est emmené en Syrie…
Ce jeune homme égoïste, capricieux, un peu ado, va se révéler à mesure de ses rencontres avec des aventuriers, espions, militants de tous bords, face au drame du peuple kurde. Il croise la route de trois jeunes Anglais convertis à l’Islam et partis faire le Jihad.
Créée par deux auteurs israéliens installés à Los Angeles, Amit Cohen et Ron Leshem, la série s’est étoffée pour la partie française du scénariste Xabi Molia. « Le point central de la série, c’est l’engagement. C’est presque exotique aujourd’hui », souligne le quadragénaire. « Ça ne va plus de soi de donner sa vie pour une cause ».
La précision très réaliste, presque proche du documentaire de la série est nourrie par les interviews de ces jeunes qui s’engagent, quelle que soit la cause qu’ils défendent d’ailleurs. « On voulait rencontrer des combattants qui quittaient l’agence de pub dans laquelle ils travaillent, qui buvaient des bières en terrasse… Ceux qui, en France, se sont engagés après les attentats du 13 novembre. Les Kurdes promeuvent une société égalitaire, féministe, anti-patriarcale… Ça les fascinait », reprend le scénariste.
Filmer la puissance des femmes
« Ce sont des personnages qui ont tous une dette », complète Félix Moati. « Du linge sale qui traîne, une culpabilité dont on ne connaît pas l’origine. Mon personnage fait tout pour que sa vie soit exemplaire mais tout se craquelle et se fissure ». Une série qu’il qualifie de « plus spectaculaire et plus intimiste » que « Le Bureau des Légendes », mais qui fait bien penser à la série d’espionnage de Canal+.
Le côté féminin (féministe) en plus. « No Man’s Land, c’est la terre des femmes. C’est un vrai défi et une question passionnante : comment filmer leur puissance sans transmettre que l’autorité est incarnée par des muscles », évoque Xabi Molia.
« Les Filles du soleil » d’Eva Husson, s’y était risqué il y a deux ans, mais le film avait vite basculé dans la caricature. Ce n’est pas le cas de « No Man’s Land ». Une fresque puissante et sans folklore sur le chaos des trajectoires humaines.
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