mercredi 14 septembre 2016

Analyse : la diplomatie à trois volets d'Israël en Afrique


 
La tournée africaine du Premier ministre Benyamin Netanyahou, en Ouganda, au Kenya, en Ethiopie et au Rwanda en juillet constitue le point culminant des efforts diplomatiques visant à renforcer les liens entre Israël et certains pays d'Afrique subsaharienne....



Elle a également marqué la première visite d'un Premier ministre israélien en Afrique depuis les déplacements de Yitzhak Shamir au Libéria, en Côte-d'Ivoire, au Togo et au Cameroun en 1987.
Israël s’entretient aussi de manière officieuse avec plusieurs pays musulmans du continent, dans le but de renouveler ou établir des relations diplomatiques avec eux. Cette stratégie a abouti le 20 juillet à la signature d’un accord sur la reprise des relations diplomatiques avec la République de Guinée, le premier pays d'Afrique a avoir rompu ses liens avec Israël en 1967, immédiatement après la guerre des Six Jours.
Suite à la signature de l'accord, le directeur du ministère israélien des Affaires étrangères Dore Gold a visité le pays et a rencontré son président Alpha Condé, ainsi que dix de ses ministres. Ils ont discuté de la coopération dans divers domaines et ont conclu de la nomination d’ambassadeurs. Après sa visite en Guinée, Gold s’est rendu au Tchad, un autre pays musulman d'Afrique avec lequel Israël n'a pas de relations diplomatiques. Il s’est entretenu avec le chef d’Etat Idriss Déby sur une éventuelle reprise des liens avec Israël, qui, n'a pas encore été entérinée.
Les principaux objectifs israéliens en Afrique sont les suivants: changer les habitudes de vote des pays africains à l'ONU généralement pro-palestiniennes, obtenir le statut d'observateur ou, au moins d’invité à l'Union africaine, élargir les liens commerciaux entre Israël et les pays africains, aider ces pays dans les domaines dans lesquels Israël est performant, comme l'agriculture, le développement, la sécurité et la lutte contre le terrorisme. Enfin Israël espère contrer l’influence iranienne sur le continent.
À l'heure actuelle, on peut estimer qu’Israël a en partie atteint ces objectifs.
L’Etat hébreu est parvenu à bloqué l'influence de la République islamique dans plusieurs pays de la Corne de l'Afrique et d'Afrique orientale: il a bloqué la route utilisée pour les livraisons d'armes en provenance de l'Iran vers le Hamas à Gaza en passant par la mer Rouge et le Soudan, qui a rompu ses liens avec Téhéran.
Il est ainsi concevable d’imaginer que plusieurs pays pourraient changer leurs habitudes de votes pro-arabes à l’ONU, ou s’abstenir, comme l’a fait le Nigéria sur la proposition de résolution palestinienne le 31 décembre 2014.

Le statut d'observateur

Cependant, le principal défi d’Israël est bien l'obtention du statut d'observateur à l'Union africaine.
Un objectif toutefois bien ambitieux, au vu des réticences de certains Etats comme l'Algérie et l'Afrique du Sud, qui auraient tenté d'empêcher une visite de Netanyahou au siège de l'organisation à Addis Abeba, qu'il n'avait pourtant pas prévue.
Cette opposition résulte des efforts déployés par les Palestiniens et les Etats arabes pour enrayer les activités d'Israël en Afrique, y compris ses tentatives d'obtenir le statut d'observateur, dont bénéficie l'OLP depuis 1974.
Après la signature des Accords d'Oslo entre Israël et l'OLP en Septembre 1993, les pays africains - y compris les pays musulmans - ont repris leurs relations avec Israël. Mais certains d'entre eux, comme le Niger et la Mauritanie, ont largement limité les contacts suite à la détérioration du conflit israélo-palestinien.
Dans le passé, l'Egypte a tenté de contrecarrer les ambitions israéliennes en Afrique mais les relations entre les deux pays se sont réchauffées depuis l'arrivée au pouvoir du général al-Sissi.
En effet, Jérusalem et Le Caire partagent de nombreux défis dont la menace djihadiste notamment dans le Sinaï.

Source I24News