Les Palestiniens dénonçaient lundi un "crime raciste" après qu'un chauffeur de bus palestinien a été retrouvé pendu dans son véhicule à Jérusalem-Ouest, la police israélienne évoquant, elle, un suicide. Le Hamas a appelé les Palestiniens à exprimer partout leur colère contre cet horrible crime raciste et exhorté l'Autorité palestinienne à rompre sa coopération sécuritaire avec Israël dans les Territoires...
Des violences avaient éclaté un peu plus tôt à Abou Dis, où vit la famille de la victime. Dans cette localité de Judée-Samarie collée à Jérusalem mais coupée de la Ville sainte par le Mur de séparation israélien, des dizaines de jeunes ont brûlé des pneus et certains se sont attaqués au Mur à coup de masse, a constaté un photographe de l'AFP.
Des centaines de personnes y ont participé à l'enterrement de Youssef Ramouni, 32 ans et père de deux enfants, réclamant vengeance et brandissant des drapeaux des différents mouvements palestiniens.Au terme de l'autopsie, qui a eu lieu en présence d'un pathologiste représentant la famille, il a été indiqué à la police et à la famille qu'il n'y avait pas de soupçon d'actes criminels, a déclaré la porte-parole de la police Louba Samri.
"Aucun signe de violence n'a été retrouvé sur le corps", avait-t-elle déclaré avant l'autopsie.
L'avocat de la famille, Mohamed Mahmoud, a de son côté rapporté que le médecin palestinien avait, lui, écarté la thèse du suicide, notamment car la première vertèbre de M. Ramouni n'est pas brisée, ce qui est normalement le cas lorsqu'une personne se suicide par pendaison. Il a en outre évoqué la possibilité que la victime ait été droguée avant d'être étranglée, affirmant que les analyses rélévant la présence de drogue dans son sang prendraient jusqu'à trois mois.
Des photographies du corps de la victime, qui habitait le quartier d'Al-Tur, à Jérusalem-Est, portant des traces d'ecchymoses, ont été diffusées par des militants sur les réseaux sociaux.
Les collègues et la famille du chauffeur affirment qu'il a été tué par des Israéliens. "Nous avons vu des signes de violence sur son corps, a indiqué à l'AFP un de ses collègues, Mouatassam Fakeh. Il était pendu dans les escaliers au fond du bus à un endroit où il est impossible de se pendre tout seul", a-t-il ajouté.
Son frère, Oussama Ramouni, a dit à l'AFP rejeter la thèse du suicide, affirmant qu'il avait été torturé avant sa mort. "Mon frère avait des enfants et était heureux, c'est impossible qu'il se soit suicidé, il n'avait aucun problème qui l'aurait poussé à commettre un tel acte", a-t-il affirmé.
De son côté, l'Autorité palestinienne va demander à l'ONU de créer une commission afin d'enquêter sur cette affaire, mettant ainsi en doute les conclusions annoncées par la police israélienne, selon plusieurs médias palestiniens.
Une dirigeante palestinienne, Hanane Achraoui, a dénoncé le terrorisme des extrémistes juifs et le discours officiel d'incitation à la violence du gouvernement "d'occupation israélien", affirmant que le conducteur de bus avait été torturé puis exécuté.
Le corps de Ramouni, employé de la société israélienne Egged, le plus grand réseau de transports publics du pays, a été retrouvé dimanche soir dans un parc de stationnement de bus situé à l’ouest de la capitale.
La police de Jérusalem a dès le début évoqué la piste du suicide, hypothèse immédiatement écartée par la famille Ramouni qui a affirmé que leur proche avait été assassiné. Des rumeurs se sont par ailleurs rapidement propagées selon lesquelles Ramouni aurait été lynché par des Juifs.
La découverte du corps de Ramouni intervient dans un climat de vives tensions à Jérusalem.
Source I24News