Nous poursuivons la saga des patriarches avec le départ de Yaacov qui quitte Eretz Israël pour se marier en se rendant donc à 'Haran. La Guémara de Kétoubot déduira de là que l’on ne peut quitter la terre d’Israël que pour se marier ou pour une raison matérielle urgente liée à la " parnassa " (la subsistance économique personnelle)...
Et voilà qu’après avoir fondé sa famille et après avoir connu le bonheur de la naissance de Yossef, le premier fils de Rahel, Yaacov demande à revenir en Eretz Israël.
En effet, Yossef étant né, l’histoire peut continuer son cours. Yaacov arrive donc en Israël où il est accueilli par des anges. On notera qu’en quittant le pays, 22 ans auparavant, il avait eu ce songe, si fort au plan symbolique, où il voyait des anges monter et descendre d’une échelle :
le Talmud dira qu’il s’agissait des anges d’Eretz Israël qui l’accompagnaient à sa sortie (en montant), puis ceux de " houtz laaretz " qui venaient à sa rencontre (en descendant).
Il en sera de même au retour, et la notion ici développée est donc celle d’ "anges " qui ne quittent pas Eretz Israël et d’autres qui sont affectés en dehors d'Israël. Et l'on constate que les uns et les autres se sont associés pour ne pas que Yaacov risque un seul instant de manquer de Protection divine.
Même si nous ne voyons pas quant à nous des anges, cette idée me semble constituer aujourd’hui encore le thème central de notre génération : celle d’un peuple présent à la fois en dehors et en Eretz Israël qui a ici et là des anges autour de lui, lesquels se rejoignent !
Voilà pourquoi la lecture de la paracha Vayetsé s’achève par le mot " ma'hanayim " - la double demeure ou le double camp.
En fait, c'est bien ainsi que se construit l’histoire juive avant l’arrivée du Machia'h : un camp en Eretz Israël, un camp en dehors, mais tous les deux reliés l’un à l’autre, chacun jouant son rôle au bénéfice de tous.
Cette dialectique est le début de la construction du peuple d’Israël, un processus qui se poursuit jusqu’à nos jours et qui bientôt trouvera son heureuse issue avec la reconstruction du troisième Temple de Jérusalem et la venue du Machia'h.
Nous voyons donc à cette occasion que l’unité des Juifs autour d’Eretz Israël n’est pas une simple formalité mais une condition nécessaire pour que l’histoire puisse avancer : elle est le gage de la Protection divine ! Et voilà pourquoi penser que l’un a plus d'importance que l’autre, c’est déjà commettre une grande erreur...
Je crois que la grandeur de notre peuple, c’est justement d’avoir toujours considéré que chacune de ces deux parties de notre peuple est indispensable, chacune dans son rôle !
Par le Grand rabbin 'Haïm Yossef Sitruk
Source Chiourim