Les deux hommes avaient renversé une jeune femme à Tel Aviv en Israël, avant de prendre la fuite et de rentrer en France. Éric Robic et Claude Khayat seront jugés à partir de jeudi par le tribunal correctionnel de Paris pour la mort de Lee Zeitouni en 2011. L'affaire avait causé une vive émotion en Israël et mis la France dans l'embarras...
Eric Robic, qui avait reconnu lors de sa mise en examen être le conducteur du véhicule, comparaît pour homicide involontaire aggravé par une vitesse "très excessive et même démesurée", le non-respect d'un feu rouge et par sa fuite, ainsi que pour non-assistance à personne en péril. Son passager, Claude Khayat, qui s'était accusé au tout début de l'affaire d'être au volant du véhicule, sera jugé pour non-assistance à personne en péril.
Ils roulaient à 100 km/h sur une portion limitée à 50 km/h
L'émoi en Israël avait été d'autant plus grand que les deux mis en cause avaient pris la fuite en France quelques heures après l'accident, survenu au petit matin du 16 septembre 2011, alors qu'ils sortaient de boîte de nuit et circulaient dans la puissante BMW X6 de Robic, lancée selon des témoins à environ 100 km/heure dans une zone limitée à 50. Lee Zeitouni, professeur de gym et de yoga, avait 25 ans. Au moment de l'accident, elle se rendait à son travail, traversant la rue sur un passage piéton.
De nombreuses voix s'étaient élevées pour réclamer l'extradition des deux suspects, mais la France n'extrade pas ses ressortissants hors de l'Union européenne.
Lee Zeitouni
Carla Bruni et Nicolas Sarkozy avaient évoqué l'affaire
Devant le tollé, Carla Bruni, l'épouse du président de l'époque, Nicolas Sarkozy, avait écrit à la famille de la jeune femme pour lui assurer que la France faisait le maximum pour que justice soit faite. Le chef de l'Etat lui-même avait évoqué l'affaire lors du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), en février 2012, lançant: "Ceux qui ont fait ça, qui ont tué cette jeune fille, doivent rendre des comptes".
Finalement, les parents de la victime avaient déposé plainte en France et le parquet de Paris avait ouvert une information judiciaire en juillet 2012, la justice française pouvant juger des Français pour des crimes commis hors de France dans certaines circonstances.
Un "passé judiciaire routier prémonitoire"
"Les faits parlent d'eux-mêmes, on a rarement vu dossier aussi éloquent", estime l'avocat des parents de la jeune Israélienne, Gilles-William Goldnadel. Et de pointer un "passé judiciaire routier prémonitoire" des deux prévenus, avec notamment une suspension et une annulation de permis pour Robic.
Les deux hommes, dont l'enquête a estimé que le train de vie dispendieux en France comme en Israël, sans rapport avec leurs revenus déclarés, suggérait qu'ils "évoluaient dans un environnement délictuel", comparaîtront détenus. Libres sous contrôle judiciaire dans cette affaire, ils ont en effet été interpellés en octobre pour d'autres faits, une présumée escroquerie à la vente de voitures, et sont en détention provisoire.
Les parents de Lee Zeitouni ont "confiance" dans la justice française
La famille de la victime, qui fera le déplacement pour le procès, "aurait évidemment préféré qu'il se déroule sur les lieux du drame, mais c'est mieux que rien et ils arrivent en confiance", explique leur avocat. Régis Meliodon, défenseur de Claude Khayat, a dit que son client "attend(ait) ce moment avec impatience, pour donner des explication et faire ses excuses à la famille".
Eric Robic encourt jusqu'à dix ans de prison et 150.000 euros d'amende, Claude Khayat jusqu'à cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende.
Source RTL