mardi 25 novembre 2014

Hommage à l’écrivain et journaliste Israel Zamir


Israel Zamir  est décédé samedi dans sa maison du kibboutz Beit Alfa (nord d’Israël, dans la région de Beit She’an, près de la vallée de Jezréel) à l’âge de 85 ans. Il était le fils unique du prix Nobel de littérature Isaac Bashevis Singer. Il était journaliste et écrivain, héritier d’une grande famille d’écrivains...



Israel Zamir le journaliste

Israel Zamir est né à Varsovie (Pologne) le 15 juin 1929. Ses parents se séparèrent alors qu’il avait 5 ans, et son père, le grand écrivain Isaac Bashvis Singer, partit pour New York et échappa à la destruction des Juifs d’Europe, juste avant que la guerre ne dévaste la Pologne. Alors que son père s’installe à New York et continue d’écrire en yiddish et bientôt en partie en anglais, Zamir et sa mère rejoignent le Yishouv, le peuplement juif en terre d’Israël, alors sous mandat britannique.
En 1937 ils rejoignent le kibboutz Beit Alfa dans le nord d’Israël, fondé en 1922 par des jeunes pionniers du mouvement de gauche Hashomer Hatzaïr, originaires de Pologne. Zamir y resta jusqu’à la fin de sa vie. En 1972, il rejoint le journal de gauche Al Hamishmar où il travaille jusqu’à la fermeture du quotidien en 1995 et enseigne également le journalisme à l’université de Tel Aviv. Il écrivit ensuite au quotidien Maariv.

Israel Zamir l’écrivain

Israel Zamir fut aussi écrivain. Mais sa carrière resta, même à des milliers de kilomètres, même dans une autre langue (en hébreu alors que son père écrivit en yiddish, voire en anglais), dans l’ombre de celle de son père. La plupart de ses écrits sont en effet liés à ceux de son père.
Israel Zamir a par exemple co-écrit avec Moti Lerner une pièce qui fut jouée au théâtre national israélien Habima, « le Bien-Aimé et l’Agréable » basée sur une histoire de son père.
Il a également traduit plusieurs œuvres de son père du yiddish en hébreu. Zamir a aussi publié 9 livres et là encore, l’un d’entre eux se nomme : « Un voyage chez mon père Isaac Bashevis Singer ». Prix Nobel de littérature en 1978, son père était un immense écrivain, auteur de nombreux romans sur la Pologne d’avant-guerre et la Pologne d’après guerre. Ses livres se sont vendus dans le monde entier.
Le frère d’Isaac, oncle d’Israel, Yehoshua Singer, fut lui aussi écrivain. C’est donc d’une famille de grands écrivains que vient Israel. Peut-être trop grands. Car Israel Zamir n’eut pas le même succès que son père. Comment l’eut-il pu? Son succès se limita à la reconnaissance nationale, en hébreu, en Israël.

D’Isaac à Israël Zamir

Lors d’une interview accordée en 2004 au quotidien Yediot Aharonot, Israel Zamir confia qu’il n’avait rencontré pour la première fois son père qu’à 20 ans, à New York, après leur séparation lorsqu’il était enfant alors que Zamir était le représentant de l’Hashomer Hatzaïr dans la métropole américaine.
« Ce fut une rencontre froide et distante à tous égards », raconte-t-il, avant d’ajouter « mon père était un yiddishisant alors que moi je parlais l’hébreu, il était un capitaliste réactionnaire et moi un marxiste-socialiste.
J’adorais Staline et le considérais comme un assassin. Je niais la Diaspora alors qu’il vivait en son sein. Il était un homme du vent (de la culture) alors que j’étais un homme de la terre. Nous étions donc en opposition sur tout. Nous nous sommes serrés la main, il m’a embrassé et nous nous tenions tous les deux gênés et silencieux ».
Il n’aurait jamais prononcé le mot « père ». « C’est seulement lorsque je lui écrivais des lettres que je débutais par « mon cher père ». Au téléphone, je disais: c’est ton fils ». « Lorsque nous étions assis ensemble je débutais la conversation par « écoute ». jusqu’à la fin, je ne l’ai jamais appelé papa ou père car il m’était impossible de recréer ces 20 années sans amour. Notre relation ne ressemble en aucune manière à celle que j’ai avec mes 4 enfants ». « Mon père est une personne qui a vécu aux Etats-Unis et qui, chaque 6 mois m’envoyait 2 ou 3 dollars. Cela n’a pas réchauffé le coeur », conclut Israël Zamir avec amertume.

Comme Rousseau avant lui, Isaac Bashvis Singer n’a pas été proche de ses enfants, de son seul fis en l’espèce. Il fut pourtant, comme Rousseau auteur de L’Emile ou de l’éducation, l’auteur de plusieurs contes et histoires pour enfants.

Israel Zamir, au contraire, fut très proche de ses quatre enfants.

En témoigne cette vidéo (en hébreu) :




Source Citizen Kane