mercredi 15 mai 2019

Amnesty International lance une action judiciaire contre......le ministère de la Défense !


"Amnesty International entend faire comparaître devant la justice le ministère de la Défense israélien (rien que ca ! ) afin de requérir l'annulation de l'autorisation d'exportation accordée à NSO Group, une entreprise israélienne qui vend des logiciels ayant été utilisés pour commettre des attaques contre des défenseurs des droits humains dans le monde entier"......Détails.........



C'est une action en justice qui pourrait changer la donne en matière de surveillance ! 
Un recours déposé ce mardi devant le tribunal de district de Tel-Aviv, par une cinquantaine de membres et de sympathisants d’Amnesty International Israël ainsi que d’autres représentants de la communauté de défense des droits humains expliquent que le ministère de la Défense a mis les droits humains en danger en autorisant la société israélienne NSO à continuer d’exporter ses produits. 
Et pour cause, en août 2018, un membre du personnel d’Amnesty a fait l’objet d’une attaque menée au moyen d’un logiciel de surveillance de NSO Group particulièrement invasif appelé Pegasus, qui a également été utilisé contre des militants et des journalistes en Arabie saoudite, au Mexique et aux Émirats arabes unis.
Selon le communiqué de l'ONG, citant Danna Ingleton, directrice adjointe d’Amnesty Tech, qui a fourni un témoignage étayant les affirmations de l’organisation, « NSO Group vend ses produits à des gouvernements qui commettent de façon notoire de révoltantes violations des droits humains, leur octroyant ainsi des outils qui leur permettent de pister des militants et des détracteurs. L’attaque menée contre Amnesty International a été la goutte qui a fait déborder le vase », a-t-elle déclaré.
Et d'ajouter afin de légitimer cette action en justice que « le ministère israélien de la Défense n’a tenu aucun compte des éléments de preuve liant NSO Group à des attaques commises contre des défenseurs des droits humains, et c’est pour cette raison que nous soutenons cette action judiciaire. 
Tant que des produits tels que Pegasus seront mis sur le marché sans que soient exercés les contrôles nécessaires, les droits et la sécurité du personnel d’Amnesty International et d’autres militants, journalistes et dissidents du monde entier seront en danger. »
Margaret Satterthwaite, directrice de la Bernstein Institute for Human Rights de la faculté de droit de l’Université de New York et Global Justice Clinic, assure pour sa part que « prendre pour cible des défenseurs des droits humains en raison de leur travail, en utilisant des logiciels de surveillance invasifs, est inadmissible au regard du droit relatif aux droits humains. 
Faute de contrôles suffisants prévus par la loi, les entreprises qui vendent des logiciels espions permettent aux gouvernements de bafouer les droits à la vie privée, à la liberté d’opinion et à la liberté d’expression. 
Le gouvernement israélien doit annuler l’autorisation d’exportation accordée NSO Group et l’empêcher de tirer profit de la répression cautionnée par l’État. »
Selon cette même source, des recherches démontrent que le logiciel espion Pegasus de NSO Group a été utilisé pour attaquer un large éventail de représentants de la société civile, dont au moins 24 défenseurs des droits humains, journalistes et parlementaires au Mexique, un membre du personnel d’Amnesty International, les militants saoudiens Omar Abdulaziz, Yahya Assiri et Ghanem Al Masarir, le militant des droits humains Ahmed Mansoor (lauréat du prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits humains) et, selon certaines informations, Jamal Khashoggi, le dissident et éditorialiste saoudien, assassiné en octobre dernier à Istanbul.
Le communiqué précise également qu'en août 2018, un membre du personnel d’Amnesty International a reçu un message contenant un lien concernant, prétendument, une manifestation ayant lieu devant l’ambassade d’Arabie Saoudite à Washington. 
Il a été envoyé à un moment où Amnesty International menait campagne pour la libération de militantes saoudiennes des droits humains. 
Si le lien avait été activé, il aurait secrètement installé le logiciel Pegasus, ce qui aurait permis à l’expéditeur de contrôler presque totalement ce téléphone.
De son côté, l'entreprise israélienne NSO Group affirme aider les gouvernements à combattre le terrorisme et la criminalité. 
Elle n'est cependant pas parvenue à « repousser les preuves liant ses produits à des attaques menées contre des défenseurs des droits humains ». 
NSO Group a à plusieurs reprises nié – mais elle n’a pas pris de mesures crédibles pour régler ce problème – les informations signalant que son logiciel espion Pegasus a été utilisé de façon abusive contre des défenseurs des droits humains. 
Elle n’a pas non plus assumé ses responsabilités ni remédié aux problèmes liés à l’utilisation abusive de ses technologies de surveillance, indique la même source.
Contactée en fin 2018 par l'ONG Amnesty International afin de lui faire part de ces nombreuses préoccupations quant à ce dossier brûlant, l'entreprise s'est contentée d'affirmer qu'elle « crée des produits de cybertechnologie permettant aux services des gouvernements de déceler et de contrer des complots terroristes et criminels. 
Nos produits sont conçus pour être exclusivement utilisés à des fins d'enquête et de prévention de la criminalité et du terrorisme. Toute utilisation de notre technologie contraire à ces objectifs contrevient à notre politique, à nos engagements juridiques et aux valeurs que nous défendons en tant qu'entreprise ». 
Une réponse loin de convaincre ni de satisfaire les militants des droits humains. « Il est temps de mettre fin à l’utilisation qui est faite des outils de NSO Group pour infiltrer, intimider et réduire au silence la société civile. 
Nous sommes déterminés à amener NSO Group à rendre des comptes pour le rôle qu’elle a joué dans les attaques menées contre des défenseurs des droits humains », a déclaré Danna Ingleton. 
Ces militants rappellent avec ferveur qu'en l'absence de toute réglementation adéquate et de contrôle efficace de la vente de logiciels espions destinés au commerce, les acteurs de la société civile restent exposés au risque d’être surveillés de façon illégale uniquement parce qu’ils exercent leurs droits fondamentaux.

Source Les infos

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