Chef d’orchestre née au Brésil, grandie en Israël, formée à Paris et vivant en Argentine, Debora Waldman donnera aux Deux Scènes de Besançon le 6 juin 2019 avec l’Orchestre Victor Hugo Franche Comté et la pianiste Marie Vermeulin un programme consacré aux compositrices oubliées de l’histoire : Sous le titre « Ainsi soient -elles », l’on pourra entendre l’ouverture en ut de Fanny Mendelssohn, le concerto pour piano de Clara Schumann et découvrir la symphonie dite « Grande Guerre » de Charlotte Sohy (1914-17).......Détails et Vidéo........
Vous avez grandi et étudié dans plusieurs pays. Est-ce spécifique à la France d’avoir passé sous silence les compositeurs qui étaient des femmes ?
La « révolution », la redécouverte des compositrices date de 3 – 5 ans… C’est une mouvance mondiale certainement en lien avec les changement de notre société.
Votre programme 100 % féminin du 6 juin est-il un engagement ?
Au départ, j’avais proposé la symphonie « Grande Guerre » avec des œuvres du répertoire. Finalement l’OVHFC (Orchestre Victor Hugo Franche Comté) a décidé d’un programme 100% féminin.
L’occasion de faire connaitre en une soirée trois magnifiques pièces inconnues ou méconnues.
En plus « Ainsi soit elles » est un titre irrésistible.
Néanmoins, au-delà de cela, il est important pour moi d’intégrer les œuvres des compositrices dans le programme que je propose. Une culture ou les compositrices (de tout temps) ont leur place par la qualité de leur musique est pour moi plus porteuse que le militantisme.
Donc oui, ce programme quelque part est un engagement, pour un avenir « polyphonique » ou homme et femme coexistent côte à côte.
Quel est le lien entre les musiques de Clara Schumann, Fanny Mendelssohn et Charlotte Sohy ?
Musicalement, je ne vois pas de lien, chacune à son langage et son style personnel. On pourrait définir de façon un peu schématique : Fanny Mendelssohn dans une « structure classique », Clara Schumann avec une avancée romantique et Charlotte avec une audace XX e.
En revanche dans leur contexte nous trouverons des échos : Fanny Mendelssohn interdite de musique pour laisser la place à son frère Felix. Clara Schumann se met au service de la musique de son mari Robert dans une relation musico-fusionnel.
De même Charlotte Sohy, et son mari Marcel Labey, tous deux musiciens et compositeurs. Toutes ces musiciennes avaient en elles la nécessité de composer hélas trop prématurée pour leur époque.
Comment avez-vous rencontré cette dernière et sa musique ? Est-ce vous qui êtes allée chercher sa Symphonie de la Grande Guerre ?
La symphonie est arrivée dans mes main par hasard… J’avais interprété le thème varié pour violon et orchestre de Charlotte Sohy (qui m’était alors inconnue) en 2013.
Constatant la qualité de sa musique j’ai demandé à François Heni Labey (petit-fils de la compositrice) de m’envoyer d’autres partitions… C’est ainsi qu’un matin la symphonie était dans la boite aux lettres !
En la découvrant j’ai exprimé ma volonté de la jouer… François Henri m’a dévoilé que cela serait une création mondiale…
Quel est votre instrument à l’origine ? Quand vous avez décidé de passer à la direction d’orchestre à 17 ans, cela vous a-t-il été difficile ?
J’ai étudié la flûte traversière et le piano. La direction d’orchestre m’a semblé difficile par son aspect « mystérieux » : la conception, l’imaginaire, la communication sans paroles… L’invisible au service du visible… se faire une idée forte, pertinente, innovante ou rester dans la tradition et arriver à la réaliser. Le travail de chef est quotidien.
Assimiler au maximum l’œuvre exige une compréhension et une vraie maitrise de tous les aspects de l’orchestre.
Source Toute la Culture
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