vendredi 1 avril 2016

Paracha Chemini : manger cachère, en premier !





La paracha de cette semaine, Chémini,  traite des lois de Cacheroute, de l’alimentation cachère. Ce domaine nécessite une attention particulière car la Torah insiste sur le danger de la nourriture non-cachère : elle bouche le cœur, c’est-à-dire qu’elle peut empêcher de ressentir pleinement la crainte et l’amour de D.ieu.....







Lors d’un séminaire sur le Judaïsme, l’un des participants fut grandement touché par les discours et par l’ambiance du magnifique Chabbath qu’il vécut. Avant de partir, cet homme dit à l’un des organisateurs : « J’ai toujours vécu sans Torah, mais j’ai aujourd’hui pris conscience de mon erreur et du vide que cela m’a causé. Je désire m’engager à accomplir une Mitsva mais je ne sais pas laquelle prendre. Que me conseillez-vous ? »

La responsabilité et le doute était des plus grands, que pouvait-on bien répondre ? Fallait-il conseiller le Chabbath qui est l’une des bases du judaïsme ? « Le Chabbath équivaut à toutes les Mitsvot ! » disent nos sages. Combien de milliers de fautes et de Mitsvot en une seule journée ! Et de plus, un Chabbath vécut avec sainteté apportera beaucoup de joie et de lumière… (cf. Vivre selon la Torah – Chabbath introduction)
Ou peut-être devait-on conseiller une étude de Torah hebdomadaire voir quotidienne ? L’étude est une très grande Mitsva et en plus, elle conduit à l’accomplissement des lois.
Et peut-être fallait-il conseiller les Téfilines, la sainteté etc.
Finalement, la question arriva chez le géant de la génération précédente, le Rav Chakh qui répondit : « La cacheroute, proposez lui de s’engager à manger cachère. »
Voyant l’étonnement de l’assistance, le Rav expliqua : « Bien sûr, il existe des fautes plus gRaves, mais regardez : cet homme a été convaincu et pourtant il ne veut s’engager que sur un point. C’est son cœur qui est obstrué, ce qui vient essentiellement par une nourriture non-cachère et par de mauvaises mœurs. En se mettant à manger cachère, son cœur s’adoucira et il aura la volonté (et donc la facilité) de mieux servir notre Créateur.
Pour comprendre la raison de ce phénomène, il faut se rappeler de notre "composition". Nous possédons un corps et une âme. Le corps, qui est matériel, aime les profits de ce monde. Quant à l’âme, elle est attirée par D.ieu, la Torah et les Mitsvot.
Mais voici que cette cohabitation rend difficile à l’âme de percevoir la volonté divine. La présence du corps (qui est matériel) empêche de ressentir les véritables volontés de l’âme.
C’est alors qu’intervient la Mitsva de l’alimentation cachère et permet de retrouver les sensations spirituelles. En effet, la pureté de notre corps dépend de la sainteté de notre nourriture. La Torah nous enseigne donc quels aliments purifieront notre corps, afin que ce dernier ne fasse pas écran entre l’éclat divin et notre âme. Nous serons alors pleinement attirés par la volonté de D.ieu, ce qui facilitera l’accomplissement des Mitsvot avec entrain.
La Torah nous dévoile aussi dans notre paracha que la nourriture cachère a une influence direct sur notre âme (et pas seulement sur notre corps). De la même façon que notre corps a besoin d’une nourriture saine et équilibrée, et qu’il existe des aliments dangereux, de même notre âme a ses besoins. Il existe certains aliments dangereux (la nourriture non-cachère) et d’autres qui renforcent et qui sont nécessaires à l’âme (la nourriture cachère et encore plus lorsque l’on récite la bénédiction).
Un ami m’a fait remarquer dans son livre que la tendance de D.ieu est d’être plus vigilant sur une nourriture dangereuse que non-cachère. Pourtant, nous devrions faire un raisonnement à fortiori, si déjà nous sommes si méfiants pour les dangers liés au corps (qui est provisoire), à plus forte raison devons-nous l’être avec notre âme qui est amenée à exister pour l’éternité.
Il y a près de cinq siècles, deux associés italiens prirent le large pour un voyage d’ affaire. Malheureusement, une tempête éclata et leur navire chavira. Les deux amis réussirent à s’accrocher à l’un des pans du bateau et ils se retrouvèrent finalement, quelques heures plus tard, échoués sur une plage inconnue. Ils étaient blessés et n’avaient plus aucune force, mais par miracle, ils vivaient encore.
Des villageois les aperçurent et vinrent à leur secours. A leur grande surprise, les deux voyageurs remarquèrent que les villageois parlaient en espagnol. Ils comprenaient cette langue mais ils savaient que l’Espagne avait interdit aux juifs de s’y trouver, sous peine de mort. Ils devaient à tout prix cacher leur identité juive.
Pour leur rétablissement, chacun des naufragés fut placé dans une famille d’accueil. Le premier arriva chez ses hôtes qui lui proposèrent un repas de viande. Ne voulant pas manger de la nourriture non-cachère, il prétendit être à bout de forces et qu’il préférait se reposer. Le lendemain, le maître de maison lui proposa à nouveau de se restaurer, mais il refusa encore, prétextant ne pas avoir faim.
L’hôte s’approcha et lui chuchota : « Vous êtes juif ? », puis voyant que l’invité ne répondait pas et palissait, il ajouta : « N’ayez crainte, tout est cachère. Moi aussi je suis juif et je pratique en cachette. » Et pour le convaincre encore plus, il lui montra où il cachait ses Téfilines (les phylactères). De son côté, le deuxième associé n’eut pas cette chance, et le danger d’être découvert et assassiné l’obligea à manger une nourriture non-cachère.
Quelques semaines plus tard, les deux amis étaient prêts pour retourner chez eux. Lors du chemin du retour, celui qui n’avait pas pu manger cachère exprima au second son malaise d’avoir perdu tant de Mitsvot. L’autre lui dévoila que de son côté, D.ieu l’avait envoyé chez des juifs et il n’avait donc pas été contraint à fauter.
Arrivé dans leur ville, celui qui avait du transgresser les fautes demanda à son Rav : « Pourquoi ai-je été forcé de consommer des plats non-cachères et je n’ai pas pu mettre les Téfilines ? »
Le Rav demanda : «  T’est-il arrivé un jour de trébucher dans ces Mitsvot ? » et cet homme avoua que cela lui été déjà arrivé. Il avait une fois succombé à la tentation d’un plat non-cachère. Une autre fois, il avait dormi durant toute la journée, ratant ainsi la Mitsva des Téfilines.
Le Rav expliqua que c’était la raison pour laquelle il n’avait pas eu l’aide providentielle comme son ami l’avait mérité. Si tu négliges les Mitsvot lorsqu’elles dépendent de toi, tu ne peux pas t’attendre à des miracles pour être sauvé. Dorénavant, fais Téchouva et prend sur toi d’être méticulleux sur l’alimentation cachère et sur la mise des téphillines et avec l’aide du Ciel, tu ne seras plus jamais contraint à fauter. (Mayane hachavoua)
Mes chers amis, rappelons-nous de la valeur de notre âme et de notre mission sur terre. L’alimentation cachère est une grande Mitsva, et purifie notre corps en nous donnant la possibilité de faire encore plus.

Rav Emmanuel MIMRAN


Source Torah Box