lundi 18 avril 2016

Mahmoud Abbas à Paris : «Nous voulons du concret»





Le président palestinien a rencontré François Hollande, vendredi, pour évoquer «l'initiative de paix française» lancée il y a quelques mois. Il compte aussi sur le soutien de Barack Obama....

   





Mahmoud Abbas à Paris : «Nous voulons du concret» 

Malgré les échecs répétés et le lâchage des Etats-Unis, malgré l’intensification de la colonisation israélienne et le désespoir croissant des populations de Judée-Samarie et de Gaza, le président palestinien veut continuer à croire qu’un accord de paix reste possible avec Israël.
«Tout simplement parce qu’il n’y a pas d’autre moyen de résoudre le conflit qui nous oppose, a-t-il déclaré samedi à Paris devant quelques journalistes. Que le gouvernement israélien le veuille ou non, nous sommes déterminés à garder cette ligne.» D’où un activisme diplomatique tous azimuts.
Vendredi, Mahmoud Abbas a rencontré François Hollande à Paris pour évoquer cette fameuse «initiative de paix française» lancée il y a quelques mois, à l’époque où Laurent Fabius était ministre des Affaires étrangères et qui, espère-t-il, devrait permettre de relancer un processus au point mort.
Concrètement, ce projet est censé se décliner en deux temps : une réunion des principaux ministres des Affaires étrangères concernés par le Proche-Orient, à l’exception des ministres israélien et palestinien, puis l’organisation d’un «congrès pour la paix» dont émergerait un «groupe de soutien» chargé de mettre en œuvre les décisions adoptées par les ministres.


«L’alibi de tous les fanatismes»


«Il n’est plus question de négocier pour négocier, nous voulons du concret», a affirmé Abbas. Le président palestinien a un argument massue, qu’il martèle à chaque rencontre diplomatique.
«La question palestinienne est l’alibi de tous les fanatiques, si nous arrivions à la résoudre cela pourrait les freiner sérieusement. C’est aujourd’hui et pas plus tard. Il faut arriver à calmer toutes ces braises que nous voyons rougeoyer dans la région et chez vous aussi en Europe.»
Autrement dit, résoudre le conflit israélo-palestinien est de l’intérêt de chacun désormais.
Les Palestiniens aimeraient que la première réunion prévue par l’initiative française se tienne avant la période du ramadan qui débutera cette année autour du 7 juin.
Ils semblent espérer que, d’ici là, peut-être fin avril, le Conseil de sécurité de l’ONU aura adopté une résolution condamnant la 'colonisation israélienne' dans les Territoires.
Les dirigeants palestiniens se démènent en ce sens, misant sur la dégradation des relations entre le Premier ministre israélien et le président américain, et surtout sur le désir de Barack Obama de finir son mandat sur un geste susceptible de débloquer le processus de paix israélo-palestinien. Un processus qui restera dans les limbes tant que les Israéliens poursuivront la colonisation de la Judée-Samarie et de Jérusalem-Est (le gouvernement Nétanyahou a encore annoncé, ce mois-ci, un nouveau programme de construction dans les Territoires palestiniens).


«Des actes isolés»


«Il suffirait qu’à l’ONU les Etats-Unis s’abstiennent et ce serait une victoire pour nous», a déclaré samedi un proche de Mahmoud Abbas, en disant percevoir des signes en ce sens venant de Washington.
«Tous les présidents américains, à tour de rôle, nous ont affirmé que la colonisation israélienne était illégale. Mais chaque fois qu’une résolution la condamnant arrive sur la table du Conseil de sécurité, les Etats-Unis y opposent leur veto. Notre espoir est que cette fois ils s’abstiennent», a expliqué le président palestinien.
Conscients du danger, quelque 394 membres de la Chambre des représentants – démocrates comme républicains – viennent, selon le quotidien israélien Haaretz, d’adresser une lettre à Barack Obama l’enjoignant de rejeter toute tentative de condamner Israël au Conseil de sécurité.
Pour Mahmoud Abbas, la voix politique reste la seule qui vaille pour venir à bout d’un conflit qui n’en finit pas de dégénérer.
Commentant ce que les médias occidentaux appellent «l’intifada des couteaux», le président palestinien a assuré qu’il s’agit d'«actes isolés» et qu’aucune organisation ne les fomente en sous-main.
«L’explication, c’est que la jeunesse palestinienne a perdu tout espoir de voir coexister deux Etats. Elle assiste impuissante à l’essor de la colonisation, aux agressions des colons et à certains actes de provocation contre des lieux saints musulmans ou chrétiens.»
La jeunesse de Palestine a sans doute aussi du mal à trouver le moindre espoir dans une direction palestinienne qui, depuis des années, peine à incarner l’avenir.



Alexandra Schwartzbrod   


Source Liberation