"Je serai toujours l'ami d'Israël". Cette phrase désormais célèbre de François Hollande sur le tarmac de l'aéroport Ben Gourion en Israël s'inscrit dans la politique actuelle de la France à l'égard d'Israël. En plus des relations qui les unissent actuellement, la France et Israël souhaitent en effet développer leurs liens sur le plan économique et culturel. Pourtant, des recherches de NGO Monitor, institut de recherches basé à Jérusalem, montrent que la France finance également des organisations non gouvernementales (ONG) qui mènent des activités politisées ayant pour effet de saper la mise en œuvre de la politique française au Proche-Orient.
Alors que la France est favorable à la solution de "deux Etats pour deux peuples" et encourage les pourparlers de paix entre l'Autorité palestinienne et le gouvernement israélien, l'Agence Française de Développement (AFD) finance certaines organisations qui ne sont pas favorables à cette solution. Le Centre de développement des ONG, par exemple, sorte d'intermédiaire financier basé à Ramallah entre les bailleurs de fonds et les ONG locales a reçu 5 millions d'euros en 2010 de l'AFD. Si l'objectif déclaré de ce Centre est de créer "un secteur d'ONG efficace qui contribue à la construction de la société civile palestinienne", il semblerait que cela ne soit pourtant pas sa priorité absolue puisque les "campagnes anti-normalisation" (comprendre avec l'Etat d'Israël), "campagnes de boycott, désinvestissement, sanctions (BDS)" et "campagnes anti-mur de l'Apartheid" sont toutes classées dans l'objectif stratégique numéro un pour la période 2013-2017. En somme, tout projet visant à faciliter la coexistence entre les populations et à promouvoir une solution pacifique au conflit est d'emblée exclue des généreuses subventions accordées par cet organisme.
S'agissant de politique intérieure, et bien que la France soit l'un des seuls Etats au monde à sanctionner pénalement l'incitation au boycott d'un pays (article L.225-1 du Code pénal), l'AFD finance par ailleurs des organisations comme la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine ou l'Association France Palestine Solidarité (AFPS) qui mènent toutes deux des campagnes visant à boycotter les produits israéliens. L'AFPS, d'ailleurs, dont le but officiel est d'agir "pour une paix réelle et durable, en lien avec le peuple palestinien et ses représentants légitimes au Proche-Orient fondée sur l'application du droit international" parle également de "Juif bourreau", de "camp d'extermination de Gaza" et compare l'Etat d'Israël à Hitler avec "sa propre solution finale". En 2012, l'AFPS a reçu 139.550 € de l'AFD.
Le soutien financier par la France d'ONG radicales antisionistes peut aussi se faire de manière indirecte. Le CCFD-Terre Solidaire, ONG française largement subventionnée par la France, verse par exemple d'importantes subventions à Zochrot, une ONG israélienne antisioniste qui accuse Israël de "purification ethnique" et réclame le droit au retour des réfugiés palestiniens, ce qui reviendrait à supprimer le caractère juif de l'Etat hébreu et serait en complète contradiction avec la solution de deux Etats pour deux peuples.
Au niveau économique, alors que le Président de la République a déclaré souhaiter que la France et Israël "élèvent le niveau de leurs échanges", ces échanges sont placés sous la menace de poursuites judiciaires ou de campagnes de boycott de la part d'ONG financées par la France. L'AFPS, encore elle, a par exemple attaqué en justice en 2007 les sociétés Veolia et Alstom, pour avoir accepté la construction du tramway de Jérusalem. Toutes les demandes de l'AFPS ont été rejetées, et la Cour d'appel de Versailles a même relevé une absence de qualité et d'intérêt à agir pour l'AFPS, démontrant ainsi que l'action s'inscrivait dans la politique globale de "guerre judiciaire" ("lawfare") menée par certaines ONG à l'encontre d'Israël ou d'officiels israéliens partout dans le monde.
Combien coûte à la France la mise en place d'une telle procédure judiciaire sans fondement ? Est-ce que la SNCF, Orange et Alstom, qui viennent de signer des contrats de partenariats en Israël, si précieux par les temps qui courent, doivent prévoir également un budget pour faire face à des actions judiciaires intentées par ce type d'organisations ?
Le temps est venu pour la France et pour l'AFD en particulier de renforcer les procédures de transparence et de contrôle des financements accordés aux ONG françaises et étrangères, afin de s'assurer qu'elles soient en réelle adéquation avec les politiques mises en œuvre par le gouvernement. Les subventions accordées à des ONG françaises et étrangères pourraient par exemple être regroupées sur un seul document à l'instar du "jaune budgétaire" qui recense chaque année toutes les subventions accordées aux associations françaises. Les grandes ONG françaises subventionnées par la France doivent également divulguer toutes les subventions qu'elles accordent à d'autres ONG françaises ou étrangères. Enfin, il est impératif que les ONG (et pas seulement les projets) fassent l'objet d'un suivi rigoureux quant à leur ligne de conduite, afin de s'assurer que cette dernière ne soit pas en contradiction directe avec les politiques mises en œuvre par la France.
Source Huffingtonpost