jeudi 3 octobre 2013

Le Quai d'Orsay aux prises avec ses vieux démons


On n'a pas vraiment entendu le Quai d'Orsay sur le Darfour où l'Onu comptait déjà en 2008, 300.000 morts et 2 millions de réfugiés et personnes déplacées dans le dénuement. Pourtant, en 2007, le futur ministre (Laurent Fabius) était brièvement passé dans un camp de réfugiés dans l'Est tchadien puis s'était imposé à la parole dans un meeting à la mutualité. Ce n'était d'ailleurs pas le seul futur ministre des Affaires étrangères à s'y exprimer. On ne l'a pas plus entendu en août 2013 lorsque les employés des Nations Unies pour les Réfugiés sont interdits d'accès au Darfour par le président soudanais sous le coup de deux mandats d'arrêt de la Cour Pénale Internationale (crimes de guerre, crimes contre l'humanité puis crime de génocide). Silence aussi sur les 200 morts des manifestations à Khartoum.


Pour être juste, on ne l'entend pas non plus au Kiwu où on évoque des millions de morts et je comprends qu'il soit très discret sur la dispersion d'une manifestation de femmes à Kidal en Azawad, région touareg du Mali, par les forces françaises et leurs blindés. Par contre, le Consulat Général à Jérusalem fait parler de lui.
On n'a pas trouvé le Quai en Syrie quand il pouvait agir. Il s'était caché derrière l'Arabie et le Qatar en estimant cela habile. Il a laissé venir "la pensée normale" de ces pays, l'islamisme. Alors il se tait lorsque les islamistes y massacrent les chrétiens. On a tellement pris l'habitude de se cacher derrière les institutions européennes ou derrière l'ONU.
Son inefficience se prolonge quand "rebelles" et milices syriennes massacrent plus de 2000 Palestiniens et que le Liban (où leurs frères vivent l'apartheid) leur barre violemment l'entrée ou bien lorsque l'Egypte bloque ses frontières avec Gaza. Le Quai ne s'intéresse aux Palestiniens, semble-t-il, que lorsque, par n'importe quel moyen, cela peut impliquer Israël.
Evidemment quand un chauffeur (ripoux ou en mission?) du consulat général à Jérusalem se fait prendre avec de l'argent, des lingots d'or et du tabac, ça fait désordre, il est rapatrié. Le quai d'or sait... les conventions de Vienne.
Il y a une longue tradition dans la vénérable institution. En 1840, le consul français à Damas, Ratti-Menton, attise un pogrom et son ministère va tenter par tous les moyens d'empêcher la mission auprès de Mehmet Ali de la délégation d'Adolphe Crémieux, avocat à la Cour de Cassation et futur ministre de la Justice.
Ces dernières années, on a vu sur France 2 un reportage dans lequel le consul général de l'époque désignait au loin, à voix basse comme pour faire croire que c'est dangereux, des soldats israéliens montant la garde...
Le dernier consul occultait dans ses discours toute souveraineté juive dans l'histoire de Jérusalem; il est bien incapable d'imaginer que s'il n'y avait pas eu là de Juifs, il n'y aurait pas eu non plus de marchands du Temple faisant ainsi disparaître toute légitimité à l'histoire de l'Occident... Ou plutôt, le connaissant, il serait contaminé, comme beaucoup dans son institution, par une prévention anti-juive refoulée, pour rester politiquement correct.
La contamination est large dans ce consulat qui se considère comme une ambassade auprès d'une Palestine à inventer. La France qui déclare Jérusalem capitale de deux pays, n'y a pourtant pas son ambassade en Israël... Alors pourquoi ne pas déplacer par esprit de symétrie son consulat-ambassade à Ramallah, centre politique de l'Autorité Palestinienne?
Qu'il ait de l'empathie pour des êtres en souffrance, c'est une chose bonne et rare pour un Etat. Il est à remarquer que cet endroit du monde est malheureusement le seul à engendrer une telle empathie. Masquer sa responsabilité dans la situation est, par contre, grave. Je me souviens des engagements occidentaux en 1967 à briser le blocus du golfe d'Aqaba, France en tête. Pourtant, aucun ne mit à la mer le moindre zodiac. Le blocus levé, il n'y aurait pas eu de guerre des Six Jours et donc pas de Territoires... mais tout ceci avait été inscrit dès 1949 avec la création, dans un monde comptant 50 millions de réfugiés, d'une agence spécifique de l'ONU pour le demi-million de Palestiniens avec pour la première et dernière fois un statut héréditaire de réfugié. Comme si on avait voulu fixer un abcès. De la même façon en 1949 encore (aucun pays arabe ne voulait d'accord de paix) il y eut une ligne d'armistice que des diplomates veulent aujourd'hui et contre toute raison appeler frontières de 67... Les Pyrénées, si chères à Pascal, ne partagent pas les lieux de vérité et d'erreur, la confusion règne en diplomatie.
Donc, le 20 septembre super Marion, comme elle lutta contre l'IVG , passe à l'action: la Cour Suprême dont le vice-président est arabe, avait ordonné la destruction de bâtiments illégalement construits. Essayez de construire illégalement en France... mais la diplomate française se sent en droit de passer outre une décision de justice d'un état démocratique et de se répandre en hostilité. Que signifie ne pas respecter une décision de justice dans un état de droit ? C'est en tous cas ce qu'ont voulu faire quelques diplomates européens dont Marion Fesneau-Castaing, dans la logique de la contamination qui masque son nom... Ils n'ont pour cerveau que la quenelle que Dieu leur a donné.
Évidemment, ils sont stoppés dans leur volonté. Là, l'incroyable se produit : elle prétend avoir été bousculée mais la scène fut filmée par un téléphone portable ! La diplomate fait une manipulation genre pallywood verbal mais, sur la vidéo, elle décoche clairement un "gauche" à un soldat israélien impassible! C'est, en termes diplomatiques, un acte d'hostilité. L'affaire est entendue, elle a mené une action illégale sur un territoire où elle représente la France, elle a agressé un représentant des forces de l'ordre agissant sur décision de justice, elle a menti. Elle met la France en devoir de demander des excuses.
Cela fait beaucoup pour un consulat en quelques jours, un chauffeur puis une diplomate agissent en délinquants. On se demande bien comment le président Hollande et son ministre des affaires étrangères seront accueillis dans deux mois en Israël. Pour l'instant les Israéliens sont bons enfants, ils semblent accepter une exfiltration discrète par sa tutelle de la Marion au nom d'une déclaration conjointe franco-israélienne que cet accident "ne reflète pas la relation"... Et pourtant.
Et pourtant la France est historiquement le pays qui a le plus expulsé ses Juifs, le seul pays en Europe où l'on assassine encore des Juifs parce qu'ils sont Juifs, le pays qui s'oppose à l'inscription pour terroristes des organisations du Hamas et du Hezbollah qui a pourtant massacré des citoyens français... En 1960 il y avait 600.000 Juifs en France, il y en a aujourd'hui 450.000. Personne ne veut remarquer la gravité du malaise. Le pays qui ne cesse de proclamer son amitié mais vote dès qu'il le peut toute résolution hostile à Israël. Alors l'accident marionesque est dans une ligne de pensée.
Cet "incident ne reflète pas la relation" disent-ils... Officiellement il s'agit d'un pays ami et pourtant cela n'aurait pu avoir lieu dans aucun autre pays.

Source HuffingtonPost