La libération des prisonniers fait débat au gouvernement et devient un enjeu politique central de la droite. Plus de deux mois et demi après la première vague de libération de prisonniers palestiniens, Israël s'apprête dans les prochains jours à relâcher 26 autres détenus dont la liste a été publiée dans la nuit de dimanche à lundi. Comme lors de la précédente libération cette décision crée un débat en Israel, de nombreux citoyens s'opposant à des libérations de prisonniers qui sont responsables d'attentats menés contre des Israéliens. Les 26 prochains libérés ont tué au total 27 Israéliens dans des attentats commis dans les années 80, avant les accords d'Oslo.
"A la suite de la décision du gouvernement (...) du 28 juillet 2013 de reprendre les négociations de paix entre Israël et l'Autorité palestinienne et de nommer une commission ministérielle en vue de libérer des prisonniers pendant les négociations, la libération de 26 prisonniers a été validée ce soir", a précisé le bureau du Premier ministre Benyamin Netanyahou dans le communiqué.
"Tous les prisonniers libérés ont commis des délits avant les accords d'Oslo et ont purgé des peines de 19 à 28 ans de prison", ajoute le texte, précisant que 21 d'entre eux sont originaires de Cisjordanie et 5 de la bande de Gaza.
La liste des prisonniers a été publiée dans la nuit de dimanche à lundi sur le site internet de l'administration pénitentiaire israélienne, après avoir été transmise aux familles des victimes tuées dans des attentats, qui avaient demandé à être prévenues en premier.
Les familles des victimes envisagent d'organiser un rassemblement de masse devant la prison Ofer (près de Jérusalem) lundi soir pour protester contre ces libérations. La manifestation, organisée par l’association Almagor, qui réunit des victimes du terrorisme espère attirer suffisamment de monde pour former une chaîne humaine autour de l'établissement pénitentiaire. La même association avait organisé des manifestations lors de la première vague de libération devant les centres pénitentiaires le 13 août dernier.
Deux jours avant la reprise des pourparlers de paix israélo-palestiniens le 30 juillet dernier, le Premier ministre israélien avait annoncé qu'il avait accepté la libération de 104 prisonniers palestiniens, en plusieurs fois, après le début des négociations, et en fonction de leur évolution.
Selon les médias, la plupart des 104 Palestiniens et Arabes israéliens placés en détention avant les accords de paix d'Oslo en 1993 ont été impliqués dans des attaques ayant provoqué la mort d'Israéliens.
Certaines familles d'Israéliens tués dans des attentats devraient faire appel des libérations imminentes, selon les médias.
La libération des prisonniers aura lieu au moins 48 heures après la publication de la liste, précise le communiqué du gouvernement.
La libération des prisonniers devrait être suivie par l'annonce de nouvelles constructions dans les implantations en Cisjordanie, a indiqué lundi un haut responsable israélien au Times of Israel.
Habayit Hayehudi, le parti du ministre de l’Economie Naftali Bennett a vivement attaqué la libération des prisonniers ces derniers jours et a proposé une loi la rendant illégale, qui a été rejetée par le Comité ministériel, après un vote de 8 contre 5.
Ce projet de loi a été critiqué par de nombreux ministres du Likoud (parti de Netanyahou) ainsi que par d'autres partenaires de la coalition.
La députée, numéro 2 du parti de Bennett, Ayelet Shaked invitée sur le plateau d’i24news dimanche soir a rappelé que son parti était "contre la libération des terroristes" en ajoutant qu’"aucun autre pays dans le monde" ne procédait à de telles mesures.
Le parti a par ailleurs fait savoir que l’annonce de la construction de nouvelles implantations après la libération des prisonniers était "manipulatrice et immorale", en précisant qu’il était préférable de ne pas libérer des terroristes, et de ne pas construire car cela "entache l'entreprise de la construction".
Le Ministre de l'Environnement Amir Peretz du parti Hatnua (parti de Tzipi Livni, ministre de la Justice) avait indiqué dimanche que Habayit Hayehudi aurait pu empêcher la libération en acceptant un gel de la construction dans les implantations.
"Il s’agit de la plus grande danse de l'hypocrisie, jamais vue au sein d’un parti", a déclaré Peretz, un ancien ministre de la Défense lors d’une interview à la radio militaire.
"D'une part, il (Naftali Bennett) fait partie du gouvernement, et d'autre part, il tire avantage de cette position pour atteindre ses propres objectifs et participe au vote sur la libération des prisonniers", a-t-il ajouté.
Selon un haut responsable israélien, Américains et Palestiniens étaient au courant des intentions d'Israël de construire de nouveaux logements dans les implantations. Il a par ailleurs indiqué que ces constructions ont lieu sur des territoires qu’Israël compte garder en cas d’accord de paix futur.
Lors des précédents cycles de négociation, les Palestiniens ont accepté le principe du transfert de terres.
Source I24News