L'image de la famille israélienne avec deux voitures et une maison est un mythe. La réalité révèle un appauvrissement constant sur dix ans des ménages de la classe moyenne.Le dépouillement du scrutin des élections israéliennes qui se sont déroulées il y maintenant une semaine, révèle une surprise de taille.
Yaïr Lapid qui avait endossé la casaque du "champion de la classe moyenne", celui qui portait les contestations sociales de l'été 2011, n'a pas été élu par les classes laborieuses ni les quartiers résidentiels d'Israël.
La majorité des voix qui se sont portées sur son nom, viennent des villes les plus riches d'Israël, comme Césarée, Ramat Hasharon, Kfar Shmaryahou et Savyon qui sont à Israël ce que NAP (Neuilly-Auteuil-Passy), est à Paris.
Cela est peut-être dû à une méprise.
En fait, si l'on considère les chiffres en termes de salaire ou de standard de niveau de vie, le concept de classe moyenne occidentale s'applique à la classe supérieure israélienne.
Du coup la classe moyenne israélienne s'apparente beaucoup plus, selon un rapport du Centre Adva, un groupe de réflexion de gauche, à ce que les Occidentaux définiraient comme la classe ouvrière.
Les études antérieures le montraient déjà, la classe moyenne en Israël s'est tassée entre 1992 et 2010 passant de 30,8% à seulement 27,8% de l'ensemble des ménages.
Du coup, les écarts sociaux se sont creusés et tant la couche inférieure (passant de 32,6% en 1992 à 34,4% en 2010) que la strate supérieure (passant de 36,% en 1992 à 37,8% en 2010) sont en hausse.
"Le niveau de revenus de cette classe moyenne israélienne est plus faible qu'on le pense, explique Noga Dagan-Buzaglo, co-auteur du rapport.
En Israël, le travail ne protège plus de la pauvreté et ne garantit plus une vie digne".
Acquérir un appartement ou une maison n'est souvent plus qu'un rêve pour cette couche de la population.
En 1992, 76% de la strate inférieure (en termes de revenus) de ce groupe étaient propriétaires de leur maison, en 2010, ils ne sont plus que 66%.
Le revenu moyen mensuel d'un ménage de cette strate médiane se situe entre 9 700 shekels (1 930 €) et 16 300 shekels (3 250 €).
En 2010, la plus forte proportion de ces ménages (35,2%) réside dans les villes en développement.
Et seulement 28,2% de ces ménages se trouvent dans les villes les plus aisées qui ne reçoivent aucune subvention gouvernementale : Tel Aviv, Ramat Gan, Raanana, Kfar Saba, Ashdod, Beer Sheva…
Un quart des ménages de la classe moyenne vivent dans des municipalités arabes, souvent par choix économique.
Outre le lieu de résidence, l'accès à la propriété et le niveau de salaire, d'autres aspects révèlent la lente "paupérisation" de cette frange médiane de la population israélienne.
La baisse drastique du niveau d'instruction est flagrante: 27% des ménages ont un de leurs membres titulaire d'un diplôme d'études supérieures et 42 % seulement des ménages affichent un diplôme d'études secondaires.
Dans ces foyers, il arrive souvent que les femmes travaillent un nombre d'heures plus important que les hommes
"Cela ne signifie pas nécessairement qu'elles gagnent plus", souligne Noga Dagan Buzaglo, mais indique plutôt qu'un seul salaire n'est plus suffisant.
Le rapport Adva souligne également les écarts existants sur la base de l'origine ethnique.
Ainsi la deuxième génération des émigrants orientaux comme ceux originaires de l'ex-Union soviétique ont connu une amélioration importante de leur situation économique alors que la situation de la population arabe d'Israël n'a fait qu'empirer : en 1992, 56 % des ménages arabes faisaient partie de la couche inférieure de la population israélienne ; en 2010, ils sont 64%.
Source Israel Infos