Caché dans son camouflage à des centaines de mètres de la cible, observant tout en étant invisible, la respiration du soldat s’arrête, il voit désormais le terroriste. Il calcule la vitesse du vent, la distance et appuie sur la gâchette. Les snipers de Tsahal peuvent à eux seuls arrêter un attentat ou prendre le contrôle d’un combat. “Je n’ai pas peur de blesser l’ennemi, au contraire, je crains uniquement de ne pas le toucher”, raconte un des soldats. Rentrez dans l’univers palpitant des snipers de Tsahal.
À Gaza, des snipers de Tsahal installent leurs camouflages au cours de la nuit et attendent que les cibles sortent. Peu après, ils identifient 5 terroristes. Les snipers sont patients et cela finit par payer. Une sixième personne, le commandant des 5 autres, sort. Les snipers décident alors d’ouvrir le feu et éliminent les 6 terroristes sans que ceux-ci aient le temps de réagir. Il s’agissait de terroristes du Hamas et d’un de ses commandants.
Un travail en binôme
Cette mission, qui a eu lieu en 2007, est l’une des rares qui a été reconnue publiquement et a fait découvrir au public le monde des snipers de Tsahal. Leur but : trouver des cibles importantes, des hauts gradés du côté ennemi. Une fois sur le terrain avec des dizaines de kilos de matériel, ils disparaissent. Ils opèrent toujours en binôme, un sniper et un observateur qui mesure les conditions du terrain pour indiquer la cible au sniper. Un caporal-chef explique que “les observateurs ont les mêmes moyens de vision que les snipers, ils leur donnent les meilleurs indications possibles. Si le sniper rate sa cible, son observateur est capable de le corriger directement.”
L’équipe des “Faucons”, groupe créé en 2006, issue du bataillon de reconnaissance de la brigade des Parachutistes s’entraîne dur pour arriver à ses fins. L’entraînement se passe dans le calme, ils ne dépensent pas de balles inutilement. Depuis 2008, l’armée a développé et amélioré son cours de tireur d’élite. Elle a également acheté de nouvelles armes pour ses nouvelles équipes de “Faucons”.
“Cible à 13h00”, dit l’un des observateurs à son sniper. “Distance, 900 mètres, tu le vois?” Le sniper confirme, retient sa respiration et tire. Les cibles sont trop lointaines pour être vues à l’œil nu, le sniper a apparemment atteint sa cible. Et ainsi de suite. “Ils s’entraînent avec deux types de fusils”, explique le lieutenant Rotem, commandant de l’équipe des “faucons”. “Nous avons une quantité importante de différents calibres et la puissance de feu que nous pouvons fournir est impressionnante. Il y a beaucoup de compétitions entre les snipers, l’instructeur donne une cible et c’est le premier qui la touche qui gagne”, raconte Rotem.
Des soldats indépendants
Ces soldats suivent un entraînement d’une année et deux mois. Ils suivent le même parcours que les combattants des bataillons de reconnaissance, mais juste “un peu plus dur”, selon Rotem. “Ils travaillent parfois avec des poids qui représentent 60% de leur masse, parfois 90%. C’est incroyablement dur lorsque vous devez le porter sur près de 30km”.
Les soldats savent agir de manière complètement indépendante. “Dès la fin de leur entraînements, ils effectuent des missions spéciales. Ils peuvent atteindre des objectifs à plus d’un kilomètre. Ce sont les meilleurs snipers de l’armée. Ils peuvent naviguer et se déplacer avec leur lourd matériel, seuls. C’est ce qui nous distingue des autres, la capacité à agir seul en territoire ennemi.”
“Ce n’est jamais facile et il faut avoir confiance en soi”, continue Rotem. “Une autre qualité que nous développons, c’est la capacité à repérer d’autres snipers. Il faut pouvoir imaginer ce qu’un tireur d’élite ferait, se mettre dans sa position et penser comme lui. Nous enseignons aussi comment repérer les petits détails et suivre une cible, personne ne passe complètement inaperçu.”
Savoir faire le vide
La pression mentale mise sur ces soldats est énorme. Le soldat voit directement les cibles à travers son viseur. “Une fois dans le viseur, tout va très vite dans ta tête. Il faut faire le vide et pointer sa cible. Une fois l’objectif atteint, il y a une sensation d’accomplissement et d’un autre côté, tu sais que tu as pris une vie humaine. Tu le vois de près. C’est loin d’être facile à accepter. Je suis entier avec ce que je fais car ces personnes allaient me viser moi, mes amis ou les citoyens d’Israël”.
Le lieutenant Rotem sait de quoi il parle, il a de l’expérience qui ne pourra pas être décrite ici. “Parfois, tu peux être concentré pendant deux heures sans que rien ne se passe. La cible arrive et tu as deux secondes pour la cibler. Si tu fermes les yeux ou n’est pas assez vigilant, tu la laisse filer. Une seconde, c’est tout le temps qu’il faut.”
Rotem essaie de transmettre son expérience aux nouvelles recrues. Son équipe est à l’avant de toutes les activités du bataillon de reconnaissance. Au delà des tirs, les snipers et observateurs servent à diriger les troupes sur le terrain, rapportant des renseignements précieux. “Nous savons diriger les hélicoptères ou l’artillerie. Notre présence peut améliorer l’efficacité des forces armées”
Le caporal chef Itamar cherche toujours à aller de l’avant et à s’améliorer. Cette équipe est encore en construction. “Nous avons encore du chemin à faire”, explique-t-il. “Au niveau opérationnel, c’est l’équipe la plus importante du bataillon à mon avis. L’armée doit encore apprendre à nous utiliser. Nous apprenons quelque chose de nouveau à chaque opération. Il y a ici une petite équipe mais une énorme envie.”
A la question de savoir si ces soldats sont prêts aux défis qui se présentent au sud et au nord d’Israël, Daniel, un autre caporal chef de l’équipe, répond : “bien sûr que nous sommes prêts. Sans aucun doute. Il vaut mieux que personne n’apparaisse dans nos viseurs.”
Source Tribune Juive