mercredi 19 février 2020

Une biologiste israélienne affirme que le Canal de Suez sert d'autoroute aux espèces envahissantes !


Le Canal de Suez, qui relie la mer Rouge à la mer Méditerranée, a révolutionné les voyages maritimes en devenant la voie navigable directe entre l’Est et l’Ouest. Mais à quel prix ?......Détails.......


Long de plus de 193 km et large de 280 à 345 mètres, depuis son inauguration en novembre 1869, le Canal de Suez permet à de nombreux navires de marchandises d’éviter le long contournement de l’Afrique. 
Une véritable aubaine économique à l’époque, alors que le monde était en pleine révolution industrielle. 
C’est d’ailleurs toujours le cas. Mais nous ne sommes pas les seuls à profiter de ce long couloir.
De manière générale, les canaux favorisent les transferts d’animaux. Et ces liaisons ne sont pas sans conséquence. Les espèces indigènes se retrouvent en effet très souvent menacées – voire complètement dépassées – par leurs homologues “venus d’ailleurs” .
La lamproie marine, par exemple, est arrivée dès 1938 dans le lac Ontario, en Amérique du Nord, par le biais de canaux de navigation s’étendant vers l’Atlantique. 
Au cours des décennies suivantes, cette espèce a eu raison de la truite locale, de l’esturgeon et des populations de saumons, affectant directement les pêcheries américaines et canadiennes.
Ce n’est ici qu’un exemple parmi tant d’autres. Le Canal de Suez, creusé en Égypte le long de l’isthme séparant l’Afrique du Moyen-Orient, pose aujourd’hui les mêmes problèmes.
Bella Galil (ci-dessus), biologiste marine au Musée d’histoire naturelle Steinhardt de Tel Aviv, en Israël, étudie le phénomène depuis plusieurs années. Et son constat est particulièrement préoccupant.
« Plus de la moitié des poissons et des consommables invertébrés au large des côtes d’Israël viennent désormais de la mer Rouge , explique-t-elle. 
Et ce n’est pas comme s’ils avaient ajouté de la valeur [économique] [à la Méditerranée ]. 
Ils ont remplacé de nombreuses espèces indigènes qui avaient une valeur plus élevée pour le consommateur que les espèces non indigènes. Les pêcheurs souffrent ».
Le passage de ces nouveaux arrivants – plus de 400 espèces en 2014, selon le dernier relevé – est également facilité par la géologie de la région.
La mer Rouge se place en effet à une altitude légèrement plus élevée que la Méditerranée. 
Autrement dit, l’eau a tendance à couler du sud vers le nord. Certaines espèces de poissons soldats, poissons-lions, crabes dormeurs et autres méduses, normalement retrouvés en mer Rouge, investissent alors la Méditerranée.
« Chaque créature qui a traversé le canal de Suez est balayée vers l’est le long de la côte levantine – Israël, Liban, Syrie, Turquie – puis vers l’ouest , poursuit la chercheuse. C’est la route. 
Et comme Israël est le premier pays [sur cette route], c’est ici que nous recensons le plus grand nombre d’espèces indigènes ».
Le pays a déjà fait face à plusieurs vagues de méduses toxiques il y a quelques années, qui ont endommagé les centrales électriques côtières. 
Plusieurs autres espèces venimeuses et très agressives, comme le poisson-lion, se retrouvent aussi parfois dans les assiettes des restaurants par accident.
Sans oublier le poisson-lapin (Lagocephalus Sceleratus), peut-être la menace la plus dangereuse. 
La prolifération de cette espèce, qui dévore des algues cruciales pour la survie de nombreux autres animaux marins, est aujourd’hui considérée comme une véritable catastrophe écologique.
Le problème ne concerne plus que la partie “orientale” de la Méditerranée. L’Espagne, la France ou l’Italie sont également de plus en plus exposés à ce type d’invitations.
Pour la chercheuse, « ces organismes non indigènes présentent de sérieuses menaces pour la biodiversité locale, à tout le moins comparables à celles exercées par le changement climatique, la pollution et la surpêche ».
Et ça ne va pas aller en s’arrangeant. 
En 2015, après plus d’un an de travaux, le canal a en effet été agrandi par les autorités égyptiennes. 
De quoi favoriser encore plus les échanges commerciaux mondiaux … mais aussi les invasions sous-marines.
Priorités économiques oblige, l’avenir des espèces sous-marines indigènes de la Méditerranée devrait donc encore s’assombrir au cours de ces prochaines décennies.

Source Science Post
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