Le virus profite de la guerre
Iran, Afghanistan, Irak, Koweït, Oman, Israël, Irak, Emirats arabes unis, Liban, Egypte : la majorité des pays de la région compte désormais au moins un cas, presque tous en provenance d'Iran.
L'Arabie saoudite n'a encore déclaré aucun cas, ce qui peut surprendre au vu des flux humains importants liés à La Mecque.
Et si le Yémen et la Syrie n'ont pas enregistré non plus de cas, c'est surtout parce qu'ils sont ravagés par une guerre qui a fait respectivement un million et cent mille morts et ne disposent donc plus de réseau sanitaire d'alerte.
Les seuls pays véritablement indemnes, pour le moment, sont le Qatar, protégé peut être, paradoxalement, par l'embargo total imposé par Riyad. Et la Turquie, malgré des rumeurs de cas suspects.
Les pays atteints sont en outre dans une situation peu propice à l'introduction de mesures prophylactique.
Ces dernières supposent une situation sécuritaire stabilisée pour assurer les quarantaines, des services de santé respectant scrupuleusement les procédures, ainsi qu'un approvisionnement fluide en masques, gels désinfectants, tenues de protection pour les médecins.
Ce n'est le cas dans à peu près aucun de ces pays, hormis Israël. Comment assurer l'isolement systématique ou retrouver des gens ayant été en contact avec une personne infectée quand la police est occupée à réprimer des mouvements de contestations comme ceux secouant le Liban et l'Irak ?
Ou que de larges portions du territoire sont contrôlées par des milices armées, en Afghanistan, Syrie, Yémen, Irak ?
De nombreux dilemmes
Quant aux fermetures de frontières elles peuvent s'avérer assez théoriques dans ces pays où sévissent depuis longtemps des réseaux de contrebandiers, rodés dans la corruption des gardes-frontières. En outre, si les suspensions de liaisons aériennes peuvent freiner l'épidémie, elles perturbent aussi les importations de produits médicaux ou de protection. La question est particulièrement pressante en Iran, désormais coupé du monde non seulement économiquement, suite aux sanctions américaines, mais aussi physiquement : toutes ses frontières terrestres sont fermées et le nombre de compagnies aériennes qui le desservent se réduit d'heure en heure.
Les autorités sont aussi confrontées à un dilemme : faut-il suspendre les pèlerinages religieux, vecteur évident de propagation, comme l'illustre le rôle de la ville sainte de Qom dans l'épidémie en Iran ?
Dernier élément préoccupant ; les camps de réfugiés, au Liban, Syrie, Irak, Yémen notamment, représentent une aubaine pour le virus : promiscuité, populations affaiblies et équipements sanitaires insuffisants.
Bref, les conditions sont réunies pour que l'épidémie explose au Proche Orient, au risque de propagation en Afrique .
La situation est d'autant plus inquiétante qu'en outre la souche circulant dans la région semble étonnamment létale.
Un quart de ses 61 cas officiels enregistrés en Iran sont décédés, contre officiellement 1,5 % en Chine. Un député de Qom affirme même que dans sa ville on recense une dizaine de morts par jour…
Yves Bourdillon
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