mardi 7 mai 2019

Entre la France et Israël, les escrocs ont toujours réseaux....


Certains acteurs de la fraude à la TVA ont trouvé refuge dans l’Etat hébreu, qui dément toute complaisance. Mais la coopération avec la France pour mettre fin aux nombreuses arnaques est souvent compliquée.   Entre la France et Israël, les escrocs ont toujours réseaux.......Analyse........



Ce jour de 2016, Stéphane Alzraa, ses yeux clairs, sa gouaille et son goût pour la flambe, roulent en Israël dans une Ferrari rouge au côté d’un ami, Michael Aknin. 
Dans l’univers des grands escrocs, les deux acolytes sont des petits, qui se sont tout de même largement gavés sur l’arnaque au CO2. 
Stéphane Alzraa, alias David Bloomberg comme il se fait désormais appeler, a deux mandats d’arrêt sur le dos. Il est en cavale, et c’est un simple contrôle routier qui l’envoie en geôle israélienne.
Un an plus tôt, il était emprisonné à Corbas, près de Lyon, pour abus de biens sociaux. 
Le Franco-Israélien profite d’une permission de sortie en novembre 2015 pour se planquer au bord de la Méditerranée, bénéficiant sans doute du délai de transmission de son mandat Interpol, un peu plus lent qu’un avion pour Tel-Aviv. 
Egalement connu comme l’un des corrupteurs du commissaire Neyret, il a été condamné en son absence pour avoir un peu trop gâté l’ex-star lyonnaise de l’antigang. 
La France vient d’obtenir son extradition de l’Etat hébreu pour son implication dans une fraude au CO2 portant sur 51 millions d’euros.
Après un feu vert du parquet israélien, Alzraa est arrivé dans l’Hexagone le mois dernier.
Lui n’y croyait pas. «Israël n’extrade pas ses citoyens», confiait-il au téléphone, dans des écoutes publiées par la presse israélienne. 
Voyant cette perspective se rapprocher, il jure à des magistrats israéliens dubitatifs que «sa vie est en danger en France, où ses codétenus antisémites le menacent parce qu’il est juif», raconte une source proche du dossier : «Il a pris les Français pour des cons, pas de raison qu’il ne fasse pas pareil avec les Israéliens.» 
En Israël, certains laissent entendre que ce côté flambeur, couplé à du fricotage avec la pègre locale, n’est pas étranger à son extradition.

Immunité

Au début des années 2010, plusieurs personnes impliquées dans l’«escroquerie du siècle» à la taxe carbone se sont réfugiées en Israël pour échapper aux poursuites judiciaires ou blanchir leurs gains. 
«Les fraudes sur les quotas carbone leur ont permis de changer de dimension financière, souligne Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy, dans un de ses rapports. 
Certains de ces réseaux ont prospéré sur les escroqueries aux faux ordres de virements et les escroqueries aux sites non régulés de trading d’options binaires, le plus souvent sur le marché des changes (Forex).»
Israël est habitué aux opportunistes de la Terre promise, juifs français et russes notamment, persuadés qu’une religion commune et beaucoup de cash sont garanties d’immunité. 
A partir des années 2000 surtout, la petite communauté française de Tel-Aviv et alentour bruisse de rumeurs. 
Ici, c’est un petit monde, où naviguent les gros poissons en planque, les filous milieu de gamme et les petites mains. Il se dit qu’à l’étage de telle agence immobilière il y a du liquide qui coule à flots ; que dans ce bâtiment pas loin, des centaines d’employés, pas toujours très au courant, dépouillent au téléphone des victimes vivant sur le territoire français. 
Beaucoup de ces combines s’appuient sur les nouveaux migrants, qui ne parlent pas l’hébreu et déchantent devant des salaires non qualifiés plafonnant vers les 1 000 euros - pour un niveau de vie plus élevé qu’en France, d’après l’OCDE.
En Israël, les années passent et les arnaques se transforment. 
Beaucoup de Franco-Israéliens haïssent ces affaires qui ternissent leur réputation. 
Le petit Etat est longtemps passé pour l’arrière-pays des escrocs en tout genre, et, ces dernières décennies, la France a souvent protesté de voir d’importants suspects s’étirer les orteils dans des villas avec piscine. 

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Certains ont ainsi accusé Israël de regarder ailleurs, heureux que des machines à cash injectent des sommes folles dans l’économie du pays, notamment dans l’immobilier. 
Le pays est également suspecté de faire traîner les demandes d’extradition émanant de la France. De là à en faire un repaire d’escrocs ?

Baratineur

A Tel-Aviv, on renvoie la responsabilité : «On a eu affaire à des magistrats français arrogants, ne faisant aucun effort pour comprendre un système judiciaire bien différent du leur. 
La coopération entre nos deux pays a toujours été excellente, mais les Français s’en sont toujours plaints», affirme à Libération Yehuda Sheffer, ancien adjoint au procureur de l’Etat, en charge du crime financier. Le système juridique israélien n’a rien à voir avec le français. 
C’est celui de «common law» hérité du mandat britannique sur la Palestine. S’y ajoutent la définition des crimes et délits, rarement identiques entre la France et Israël, et une politique hexagonale de non-extradition qui n’encourage pas la réciproque. 
«Il existe de nombreux malentendus entre les Français et les Israéliens qui résultent de la complexité des procédures d’extradition qui sont extrêmement longues et s’avèrent beaucoup plus simples lorsque la personne est définitivement condamnée, explique l’avocat français Philippe Ohayon. Israël n’a pas vocation à devenir un refuge pour les escrocs, mais comme tous les pays anglo-saxons, ils pratiquent un contrôle juridique extrêmement poussé, parfois difficile à comprendre du point de vue de notre droit latin…»
Reste que les choses ont changé. 
Le Forex a été interdit en 2017. Les immenses centres d’appels se font plus discrets. Les petites annonces pour nouveaux immigrants français précisent que les boulots sont honnêtes. 
Alors qu’il y a seize ans, Israël était sur la liste noire du Groupe d’action financière contre le blanchiment de capitaux (Gafi), le pays vient de devenir membre de l’organisation, même si 20 à 25 % de son économie sont encore sous le radar. Subsistent des petites arnaques, dont la plupart nécessitent juste un baratineur, et quelqu’un à baratiner.
A la juridiction interrégionale spécialisée de Nancy, on enquête sur une affaire de faux agents de joueurs de foot : les donneurs d’ordre, qui seraient basés entre Marseille et Israël, auraient convaincu des clubs de virer les salaires de joueurs sur un autre compte bancaire. 
La vice-procureure de Nancy, Hélène Morton, parle d’un préjudice de 6 millions d’euros, «pour l’instant». 
Les mêmes escrocs chercheraient à se reconvertir dans les cryptomonnaies et les certificats d’économie verte, présentés par certains comme le nouvel eldorado.

Source Liberation

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