lundi 11 avril 2016

Le 11 avril 1961: à Jérusalem, Eichmann fait face à ses juges





Après la chute du IIIe Reich, Adolf Eichmann était passé entre les mailles du filet de la traque aux criminels de guerre. Mais ce 11 avril 1961, «l’heure est enfin venue où le responsable de la mort de six millions de juifs expie», écrit la Feuille d’Avis de Lausanne ....







Car après quinze ans de fuite, dont dix passés en Argentine sous une fausse identité, Eichmann a été repéré par les chasseurs de nazis des services secrets israéliens. Capturé, il a été drogué, habillé d’un uniforme de la compagnie aérienne El Al et emmené à Jérusalem.


«L’un des procès les plus extraordinaires de toute l’histoire»


Ce 11 avril 1961, c’est là que s’ouvre son procès, «l’un des plus extraordinaires de toute l’histoire», écrit la Feuille d’Avis.
Imprimée l’après-midi, elle est à même de rendre compte de l’audience du matin et de publier, outre une image du prisonnier travaillant à son dossier dans sa cellule, la première photo d’Eichmann dans sa cage de verre blindée – transmise par «belino», l’ancêtre du fax. Le petit homme au crâne dégarni de 54 ans n’a rien de l’Aryen triomphant, du bourreau visitant fièrement les camps de concentration.
«Quelle loi faut-il appliquer à un être qui a tué six millions d’hommes et qui avait déclaré, au crépuscule du nazisme, qu’il sauterait de joie, dans sa tombe, à l’idée qu’il les avait sur la conscience ? » se demande le quotidien vaudois. Il souligne que les juges d’Eichmann, «par un de ces paradoxes que seule l’histoire déchirante de la naissance de l’Etat d’Israël peut expliquer, ont comme lui l’allemand pour langue maternelle… (ndlr: nés tous trois en Allemagne entre 1906 et 1912, Moshe Landau, Benjamin Halevy et Yitzhak Raveh avaient émigré en Palestine mandataire, futur Israël, en 1933, après l’arrivée de Hitler au pouvoir)


La nausée


«Ce matin, Eichmann ne montrait nulle nervosité», poursuit l’article. Au moment «où le monde entier suppute le châtiment qui va être la rançon de crimes sans précédent dans l’histoire de l’humanité, il y a dans tout ce procès quelque chose qui donne la nausée – quelque chose qui dépasse l’entendement dans l’atrocité de ces meurtres multipliés par millions. Six millions de morts. L’esprit recule devant ces chiffres.»
L’acte d’accusation recense «crimes contre le peuple juif», «crimes contre l’humanité» et «crimes de guerre».
En Israël, dans les écoles, autour de postes de radio transmettant le procès en direct, les instituteurs expliquent à leurs élèves «le fonctionnement de la justice israélienne souveraine».
Le procès s’étendra sur huit mois, durant lesquels de très nombreux témoins défilent. Eichmann se défend en se présentant comme un soldat exécutant les ordres.
Le 11 décembre 1961, il est condamné à mort. Le jugement en appel confirmant le verdict, il est pendu le 31 mai 1962. 


Source 24 heures