vendredi 30 octobre 2015

Haftara Vayera : Le silence est d'or

 
Voici le teste de la Haftara Vayera traduit en francais, il est suivi d'une analyse proposée par le Rav Jacques Kohn...

Texte de la Haftara

Une femme d’entre les femmes des fils des prophètes cria à Élisée, en disant : Ton serviteur mon mari est mort, et tu sais que ton serviteur craignait l’Éternel ; or le créancier est venu pour prendre mes deux enfants et en faire ses esclaves.
Élisée lui dit :
Que puis-je faire pour toi ? Dis-moi, qu’as-tu à la maison ? Elle répondit : Ta servante n’a rien du tout à la maison qu’un vase d’huile.
Et il dit : Va demander au dehors des vases chez tous tes voisins, des vases vides, et n’en demande pas un petit nombre.
Quand tu seras rentrée, tu fermeras la porte sur toi et sur tes enfants ; tu verseras dans tous ces vases, et tu mettras de côté ceux qui seront pleins.
Alors elle le quitta.
Elle ferma la porte sur elle et sur ses enfants ; ils lui présentaient les vases, et elle versait.
Lorsque les vases furent pleins, elle dit à son fils : Présente-moi encore un vase. Mais il lui répondit : Il n’y a plus de vase. Et l’huile s’arrêta.
Elle alla le rapporter à l’homme de Dieu, et il dit : Va vendre l’huile, et paie ta dette ; et tu vivras, toi et tes fils, de ce qui restera.
Un jour Élisée passait par Sunem. Il y avait là une femme de distinction, qui le pressa d’accepter à manger. Et toutes les fois qu’il passait, il se rendait chez elle pour manger.
Elle dit à son mari : Voici, je sais que cet homme qui passe toujours chez nous est un saint homme de Dieu.
Faisons une petite chambre haute avec des murs, et mettons-y pour lui un lit, une table, un siège et un chandelier, afin qu’il s’y retire quand il viendra chez nous.
Élisée, étant revenu à Sunem, se retira dans la chambre haute et y coucha.
Il dit à Guéhazi, son serviteur : Appelle cette Sunamite. Guéhazi l’appela, et elle se présenta devant lui.
Et Élisée dit à Guéhazi : Dis-lui : Voici, tu nous as montré tout cet empressement ; que peut-on faire pour toi ? Faut-il parler pour toi au roi ou au chef de l’armée ? Elle répondit : J’habite au milieu de mon peuple.
Et il dit : Que faire pour elle ? Guéhazi répondit : Mais, elle n’a point de fils, et son mari est vieux.
Et il dit : Appelle-la. Guéhazi l’appela, et elle se présenta à la porte.
Élisée lui dit : A cette même époque, l’année prochaine, tu embrasseras un fils. Et elle dit : Non ! mon seigneur, homme de Dieu, ne trompe pas ta servante !
Cette femme devint enceinte, et elle enfanta un fils à la même époque, l’année suivante, comme Élisée lui avait dit.
L’enfant grandit. Et un jour qu’il était allé trouver son père vers les moissonneurs,
il dit à son père : Ma tête ! ma tête ! Le père dit à son serviteur : Porte-le à sa mère.
Le serviteur l’emporta et l’amena à sa mère. Et l’enfant resta sur les genoux de sa mère jusqu’à midi, puis il mourut.
Elle monta, le coucha sur le lit de l’homme de Dieu, ferma la porte sur lui, et sortit.
Elle appela son mari, et dit : Envoie-moi, je te prie, un des serviteurs et une des ânesses ; je veux aller en hâte vers l’homme de Dieu, et je reviendrai.
Et il dit : Pourquoi veux-tu aller aujourd’hui vers lui ? Ce n’est ni nouvelle lune ni sabbat. Elle répondit : Tout va bien.
(Ici s’arrêtent les séfaradim)
Puis elle fit seller l’ânesse, et dit à son serviteur : Mène et pars ; ne m’arrête pas en route sans que je te le dise.
Elle partit donc et se rendit vers l’homme de Dieu sur la montagne du Carmel. L’homme de Dieu, l’ayant aperçue de loin, dit à Guéhazi, son serviteur : Voici cette Sunamite !
Maintenant, cours donc à sa rencontre, et dis-lui : Te portes-tu bien ? Ton mari et ton enfant se portent-ils bien ? Elle répondit : Bien.
Et dès qu’elle fut arrivée auprès de l’homme de Dieu sur la montagne, elle embrassa ses pieds. Guéhazi s’approcha pour la repousser. Mais l’homme de Dieu dit : Laisse-la, car son âme est dans l’amertume, et l’Éternel me l’a caché et ne me l’a point fait connaître.
Alors elle dit : Ai-je demandé un fils à mon seigneur ? N’ai-je pas dit : Ne me trompe pas ?
Et Élisée dit à Guéhazi : Ceins tes reins, prends mon bâton dans ta main, et pars. Si tu rencontres quelqu’un, ne le salue pas ; et si quelqu’un te salue, ne lui réponds pas. Tu mettras mon bâton sur le visage de l’enfant.
La mère de l’enfant dit : L’Éternel est vivant et ton âme est vivante ! je ne te quitterai point. Et il se leva et la suivit.
Guéhazi les avait devancés, et il avait mis le bâton sur le visage de l’enfant ; mais il n’y eut ni voix ni signe d’attention. Il s’en retourna à la rencontre d’Élisée, et lui rapporta la chose, en disant : L’enfant ne s’est pas réveillé.
Lorsque Élisée arriva dans la maison, voici, l’enfant était mort, couché sur son lit.
Élisée entra et ferma la porte sur eux deux, et il pria l’Éternel.
Il monta, et se coucha sur l’enfant ; il mit sa bouche sur sa bouche, ses yeux sur ses yeux, ses mains sur ses mains, et il s’étendit sur lui. Et la chair de l’enfant se réchauffa.
Élisée s’éloigna, alla çà et là par la maison, puis remonta et s’étendit sur l’enfant. Et l’enfant éternua sept fois, et il ouvrit les yeux.
Élisée appela Guéhazi, et dit : Appelle cette Sunamite. Guéhazi l’appela, et elle vint vers Élisée, qui dit : Prends ton fils !
Elle alla se jeter à ses pieds, et se prosterna contre terre. Et elle prit son fils, et sortit.

Analyse

Tandis que la paracha Wayèra est consacrée, dans sa première partie, au récit de l'annonce faite par les anges de Hachem à Abraham et à Sara de la naissance prochaine d'un fils, la haftara qui lui est associée nous apprend, entre autres, l'annonce par le prophète Elisée à la Sunamite de sa prochaine maternité.
Par delà la similitude des situations, le choix de cette haftara nous apprend une leçon sur l'attitude que nous devons adopter en présence d'un miracle.
Hanna Levine, la femme de rabbi Aryé Levine, surnommé le «  Tsaddiq de Jérusalem », fait observer que lorsque le jeune fils de la Sunamite fut terrassé par des maux de tête et qu'il en mourut, sa mère se prépara aussitôt à partir à la recherche du prophète Elisée, demandant à son mari de mettre à sa disposition un serviteur et une ânesse.
Son mari, étonné par ce brusque départ, lui en demanda la raison. Mais il n'obtint pour toute réponse que le mot chalom (« Paix ! »). De même, lorsque le prophète lui demanda de ses nouvelles, des nouvelles de son mari, et des nouvelles de son fils, elle ne lui répondit que par un laconique : chalom , ce qui fit comprendre à Elisée, indique le texte (II Rois 4, 27), que « son âme était dans l'amertume », autrement dit préoccupée par quelque malheur.
Observons que ce simple mot de chalom , alors que la situation était rien moins que calme et paisible, a de quoi nous étonner.
La brièveté de la réponse donnée par la Sunamite à son mari, puis à Elisée, explique Hanna Levine, est significative de l'attitude que nous devons adopter dans l'attente d'un miracle : Abstenons-nous de tout verbiage et de toute logorrhée, car si nous restons dans la réalité quotidienne, nous pouvons être assurés qu'aucun miracle ne se produira.
Il en a été de même chez Abraham et Sara : Tandis que chez lui le rire a été « dans son coeur » ( Berèchith 17, 17), il a été chez elle un rire d'incrédulité (18, 12). Tandis que le rire de Sara a été blâmé par Hachem (18, 13), celui de son mari, qui n'exprimait qu'une joie muette, n'a encouru aucun reproche.

Jacques Kohn

Source Massorti et Chiourim
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