L'Italie a proposé une coopération conjointe italo-israélo-égyptienne pour l'exploitation du gaz naturel, a appris i24news. Des représentants de la société énergétique italienne Eni sont attendus en Israël cette semaine et se réuniront avec le Premier ministre israélien et le ministre de l'Energie pour discuter de l'éventualité d'une coopération sur les exportations de gaz vers l'Europe...
La question a d'abord été discutée par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le Premier ministre italien Matteo Renzi lors de leur réunion du 30 août dernier à Florence, qui a eu lieu l'annoncé par le Caire de la découverte historique d'un champ de gaz naturel au large des côtes égyptiennes.
Cette découverte majeure, considérée comme la plus grande ressource de gaz naturel jamais trouvée en mer Méditerranée, a été un gros coup porté aux espoirs qu'avait Israël de parvenir à l'indépendance énergétique en devenant une puissance d'exportation de gaz naturel.
Selon une source bien informée, Renzi a évoqué la possibilité qu'Israël s'allie avec Eni, le géant italien de l'énergie, qui exploite les réserves de gaz de l'Egypte, et relie les réserves sous-marines israéliennes au réseau de pipelines de l'Egypte, afin de permettre l'exportation vers l'Europe. Un responsable israélien a confirmé que les représentants d'Eni arriveront en Israël cette semaine, mais a souligné que les discussions sont uniquement au stade des "changements initiaux".
Le champ qu'a découvert Eni, Zohr, va modifier toute la stratégie méditerranéenne dans le domaine de l'énergie. Le champ disposerait d'une réserve d'environ 9 milliards de mètres cubes de gaz, soit 30% de plus que le champ israélien Leviathan qui détenait le titre du plus grand champ gazier en Méditerranée.
Cette découverte est intervenue, alors qu'Israël a connu un sérieux retard dans l'exploitatipropres champs de gaz naturel, Tamar et Leviathan, en raison de conflits politiques sur les prix à l'exportation et les futurs profits que généreront les sociétés de développement, Delek Drilling et Noble Energy. Israël s'attendait à ce que l'Egypte soit son principal client pour les exportations de gaz, mais les potentiels accords ont été remis en question suite à la découverte de Zohr.
"La découverte du champ gazier égyptien est un rappel douloureux du fait que si Israël s'est endormi et a retardé l'approbation finale de l'accord sur le gaz et de son exploration ; le monde est en train de changer sous nos yeux avec des implications sur les possibilités d'exportation", avait déclaré à l'époque le ministre israélien de l'Energie Youval Steinitz.
Pendant ce temps, la découverte égyptienne a incité Eni, partiellement détenu par le gouvernement italien, d'explorer le potentiel d'un "hub gazier à l'est de la Méditerranée" qui recevra du gaz de divers pays du Moyen-Orient et l'enverra vers l'Europe, principalement en Italie et en Espagne.
"Nous pouvons créer une plateforme en Méditerranée orientale qui peut réduire les coûts de développement de Chypre et d'Israël, en utilisant les installations égyptiennes" a déclaré le chef d'Eni, Claudio Descalzi, dans une interview accordée à Politico.
Dans un discours devant le Parlement européen le mois dernier, Descalzi a souligné que le travail de son entreprise allait fournir un débouché pour Chypre, dont les champs gaziers sont également exploités par Noble Energy et Delek, ainsi que pour le champ Tamar.
Le nouveau champ de bataille de l'énergie géopolitique qui est apparu ces dernières années a déjà renforcé la coopération entre Israël, l'Egypte et Chypre, et Eni espère poursuivre dans cette voie.
Un responsable israélien a déclaré à i24news que le "rêve de Jérusalem est de placer un pipeline qui permettra l'exportation vers l'Europe, et il est logique géographiquement de le faire à travers l'Italie". "Toutefois", a t-il ajouté, "une telle coopération implique un accord très compliqué et détaillé avec de nombreux Etats et acteurs économiques, mais pour l'instant les discussions ne sont qu'au stade préliminaire".
Tal Shalev
Source I24News