mercredi 1 mai 2013

Jérusalem, la nouvelle ville verte ?



Après quatre ans de règne d’un maire religieux ultraorthodoxe, Nir Barkat s’emploie à donner un nouveau souffle laïc à la Ville sainte. Tout au long de sa campagne, cet ancien homme d’affaires ne s’est jamais caché de voir les choses en grand pour Jérusalem. Le développement économique de la ville apparaît comme une de ses priorités. Avec la construction de grands hôtels tels que le Waldorf Astoria dans le quartier de Mamilla, ou encore l’accueil en juin prochain d’une course de Formule 1 dans les rues de la ville, le maire veut faire de Jérusalem une métropole internationale.


Un de ses objectifs : avoir davantage de touristes dans les rues de Jérusalem. Le chiffre de 10 millions par an aurait été avancé.
Afin d’améliorer son rayonnement à travers le monde, Jérusalem a décidé de voir la vie en vert et de se tourner vers l’écologie et le développement durable, dans un souci de préservation et de conservation pour les générations futures.
Minimiser l’impact sur l’environnement et le préserver en vue des générations futures. Ces deux mots d’ordre pourraient résumer l’action que mène Naomi Tsour depuis maintenant 5 ans. Adjointe au maire, depuis son inavestiture en novembre 2008, Naomi Tsour est en charge de l’environnement, de la planification stratégique urbaine, ainsi que de la conservation des biens historiques de la ville. Avant de se lancer dans la politique, elle était à la tête de la section « Jérusalem » au sein de la Société pour la protection de la nature en Israël.
C’est au sein de cette structure qu’elle a commencé à oeuvrer pour la ville, notamment en obtenant la préservation de la vallée des Gazelles (Pri Har Valley) située au sud-ouest de Jérusalem, au terme d’un combat mené par la Société de protection de la nature et les habitants du quartier. Il s’agira de la première réserve naturelle de la ville.
Puis, cette fois avec la coalition pour la préservation de Jérusalem, Naomi Tsour a obtenu l’accord visant à conserver patrimonialement les collines sacrées de Jérusalem, et ainsi d’éviter un trop important étalement du tissu urbain sur ces monts. Aujourd’hui représentante remarquable de l’Etat d’Israël lors de conférences internationales, partout dans le monde, Naomi Tsour évoque régulièrement cette question de l’environnement et de sa préservation en Israël, comme un exemple à exporter.
Dorénavant adjointe au maire dans le domaine du développement durable et de l’environnement, son attention se porte sur la conduite d’actions politiques en réponse aux enjeux environnementaux, afin de favoriser le développement durable de la Ville sainte.


Le maire de tous les habitants
Parmi ses actions concrètes de première nécessité pour Jérusalem, on peut répertorier le tracé de pistes cyclables un peu partout en ville ou encore la limitation des véhicules particuliers dans la Vieille ville. D’un point de vue plus global, l’action entreprise par Naomi Tsour est de grande ampleur.
Comme Nir Barkat, elle considère que le particularisme de la ville de Jérusalem, son apparente division entre deux, constitue un atout pour son développement.
Sous son impulsion, la municipalité prévoit son action en trois temps. Tout d’abord, la mise en place du « Jerusalem City Master Plan », aussi bien pour l’ouest que l’est de la ville. Une grande première pour un plan d’une telle ampleur.
Dans un second temps, l’adoption de nouvelles mesures et législations portant sur la réduction des émissions de CO2.
Et enfin, par la multiplication et la promotion de partenariats avec des entreprises, des ONG pour davantage d’initiatives et d’actions publiques.
Le « Jerusalem City Master Plan » constitue le véritable plan directeur de la ville. Sa particularité, il la tire du particularisme de la ville à laquelle il s’applique. Conscient des disparités au sein de la société, il cherche avant tout à renforcer les liens entre les différentes communautés. Lors de son discours d’investiture, Nir Barkat avait assuré qu’il serait le maire de tous les habitants de Jérusalem, sans distinction aucune. Il semblerait que la promesse soit tenue.
En somme, une société davantage basée sur l’égalité des chances est recherchée.
Cependant, le développement durable d’une ville passe aussi par l’adoption de mesures restrictives. En émettant son souhait de réduire ses émissions carboniques, Jérusalem se montre concernée par les problématiques environnementales, le bien-être d’une ville passant avant tout par le bien-être de ses habitants.
En janvier 2011, le « Clean air act », loi nationale datant de 2008, devient opérationnelle et s’applique sur l’ensemble du pays. A Jérusalem, elle s’exprime principalement dans deux domaines : les transports et l’énergie solaire. En matière de transports en commun, l’arrivée du tramway en août 2011 devait améliorer les choses. Combiné à la mise en place de bus à alimentation écologique, il devait signer la fin des nuisances sonores, et de la pollution de l’air. Son effet reste à prouver. En matière solaire, particuliers et institutions sont encouragés par les autorités à installer des panneaux solaires sur leurs toits. A Jérusalem, les établissements scolaires un peu partout en ville en sont désormais équipés.


« Laisser une empreinte positive »
Alors Jérusalem, nouvelle ville verte du Moyen-Orient ? On est en droit de se poser la question, notamment avec la récente tenue du 1er colloque international pour un Pèlerinage vert, ouvert à tous, à l’intérieur du majestueux édifice du YMCA. Ce dimanche 21 avril au soir, Jérusalem avait un visage international.
L’idée d’un colloque à Jérusalem avait germé dans l’esprit de Naomi Tsour en 2009, lors d’une rencontre sur le changement climatique en Angleterre, où 9 chefs religieux s’étaient engagés sur des actions visant à la protection de l’environnement, notamment via le concept d’un pèlerinage vert. Parmi les personnalités présentes : sa Béatitude Théophile III, patriarche de Jérusalem, ou encore le Révérend Don Anderson, venu des Etats-Unis.
A la tribune, entrepreneurs d’Israël et de l’étranger ou leaders spirituels du monde entier, certains en habits traditionnels.
Objectif : échanger sur les meilleures pratiques à adopter quant au développement de la ville et de son économie (écotourisme et voyages spirituels, etc.).
Guidée par le slogan « Laisser une empreinte positive », l’initiative d’un pèlerinage vert à Jérusalem conduite par l’adjointe au maire, Naomi Tsour, a pour objectif d’accueillir davantage de pèlerins ou/et de voyageurs respectueux de l’environnement chaque année à Jérusalem, mais surtout de promouvoir à travers le monde l’exemple de la Ville sainte en matière de stratégie de conservation de son patrimoine religieux et spirituel.
Mais aussi l’idée de globaliser le pèlerinage. Lancé en novembre 2011 en collaboration avec l’Alliance pour les religions et la conservation (ARC) et les pouvoirs locaux pour un développement durable (ICLEI), le réseau mondial des villes et sites pèlerins – appelé Green Pilgrimage Network ou réseau des pèlerinages verts – aspire à créer un tissu entre ces villes ou sites d’accueil pour pèlerins, pour mettre en commun idées et initiatives innovantes et créatives.
L’idée vient, là encore, de Naomi Tsour, nommée ambassadrice du réseau mondial lors de la « célébration pour la Terre Sainte », organisée à Assise, en Italie.
Aux côtés de Nir Barkat, Tsur a rappelé l’attraction qu’exerce Jérusalem sur le reste du monde, du fait de sa spécificité et de son patrimoine spirituel exceptionnel.
Rendre davantage verte la Ville sainte : il s’agirait donc d’un atout non négligeable pour accueillir davantage de touristes et de pèlerins, et rendre ainsi possible un développement durable pour la municipalité. Car, après tout, ce colloque se résume à cela : l’alliance de l’écologie et du tourisme, pour le développement de la ville.


Pour plus de tourisme écolo
Pourtant, à première vue, on pourrait se poser la question d’une adéquation ou non entre ces deux concepts. Sont-ils vraiment en harmonie ? Pour Deirdre Shurland, du programme pour l’environnement au sein des Nations unies, et experte en écotourisme et gestion de l’environnement, les deux ne sont pas incompatibles. S’agissant de la Ville sainte de Jérusalem, elle explique que les visiteurs étrangers qui séjournent dans la capitale ont conscience de là où ils se trouvent, respectent le lieu. Comme si venir ici, impliquait indirectement une conscience nécessaire, une prise de responsabilité vis-à-vis de l’environnement.
C’est ce que l’on cherche à mettre en place aujourd’hui : conscientiser le voyageur sur les problématiques environnementales. A ce propos, Shurland évoque le Passeport vert ou autres outils pédagogiques au service du voyageur, qui le renseignent sur les attractions à voir, ou les comportements à adopter pour affecter le moins possible, lors de son passage, le territoire visité.
Deirdre Shurland insiste sur le rôle important aujourd’hui de l’éducation des touristes. L’idée ? Leur faire prendre conscience des réalités environnementales, sans essayer de contraindre, mais simplement en informant.


Source JerusalemPost