Découvrez l’histoire de Braham Moul Nesse, inhumé à Azemmour, près d’El Jadida et dont la Hiloula est célébrée pendant Lag Baomer, la fête juive d’institution rabbinique célébrée généralement en mai.......Détails........
Construite au VIIe siècle pour devenir l'une des capitales du royaume des Berghouatas, Azemmour passera une petite partie de sa longue vie sous l’emprise des Portugais (1513-1545). Ces derniers y construisent des bastions, des citadelles, des arcades et des remparts avant qu’elle ne passe sous l’autorité des sultans du Maroc.
Mais contrairement à sa jumelle Mazagan, où plusieurs monuments seront détruits par les Portugais avant leur départ, Azemmour conservera ses attraits portugais, eux-mêmes venus se calquer sur ses monuments arabo-amazighs.
C’est au sein de cette ville aux abords du fleuve Oum Errabiâ, et précisément dans la partie nord de la cité, que les juifs construiront leur mellah. Ici, le paysage est époustouflant, la grandeur d’Oum Errabiâ vient ainsi se mélanger à la spiritualité de ces remparts.
Car c’est dans cette partie de la ville que repose Rabbi Braham Moul Nesse, dans un lieu où le mausolée garde un œil sur le fleuve et un autre tourné vers le cimetière juif de la ville, où reposent encore plusieurs autres saints.
Le saint qui ne voulait pas être dérangé par un moulin
En réalité, personne ne connaît la véritable histoire de cet homme qui serait venu s’installer dans la ville, selon les différents récits, «il y a cinq cents ans». En fait, Rabbi Braham Moul Nesse, ou Abrahm Moul Niss pour d’autres, ne sera vénéré comme tasdik qu’après une série d’événements.
«Selon l’une des plus célèbres histoires, les habitants d’Azemmour avaient installé, au mellah, un moulin à cheval juste en face du lieu du mausolée du tasdik pour le blé», nous raconte Fatima, qui s’occupe des lieux depuis quelques années. Mais chaque cheval ou mulet que les habitants d’Azemmour attachent à ce moulin pour commencer le travail tombait malade avant de mourir, ou mourait tout simplement sans raison.
«Après un moment, juifs et musulmans de la ville commençaient alors à faire le même rêve : un homme venant leur dire qu’il est un tasdik, qu’il repose dans tel endroit et qu’il ne souhaite plus être dérangé par le moulin», poursuit notre interlocutrice.
Car, au tout début de cette histoire, le mausolée n’était pas encore construit et n’était qu’«une sorte de grotte ou une forme de Khaloua dont les parois faisaient sortir de l’eau de temps à l’autre». Un phénomène «qu’on observe toujours, de nos jours», nous dit-elle.
Fatima raconte aussi une autre histoire des plus surprenantes. Selon son récit, Rabbi Braham Moul Nesse était «un saint musulman, appelé Sidi Brahim, que les juifs se sont appropriés en l’appelant Rabbi Abraham».
Mais ces deux histoires convergent, au final : les juifs ont décidé de lui construire un mausolée, de le vénérer et de lui consacrer une Hiloula.
Leurs visites peuvent même intervenir à n’importe quel moment de l’année. Selon Fatima, «musulmans et juifs le visitent chaque jour, sauf le samedi pour les juifs».
Rabbi Braham Moul Nesse, l’auteur des miracles
Aux fils des années, plusieurs miracles attribués à Rabbi Braham Moul Nesse ont trouvé une place dans la mémoire collective des juifs d’Azemmour. «On dit que Rabbi Braham Moul Niss a fait beaucoup de miracles. Ma mère habitait Azemmour et avait beaucoup entendu parler de ses miracles», raconte une juive marocaine sur le blog de Soly Anidjar, une Marocaine de confession juive née à Casablanca et installée à l’étranger.
Elle évoque notamment «des guérisons du Rabbi».
«Dans son enfance, [sa mère raconte que] tout le monde [fait son pèlerinage] et [que] les enfants faisaient la coupe de cheveux à un an dans la petite salle près de son tombeau», enchaîne-t-elle, notant qu’on rapporte aussi que le saint «réalise les vœux».
Un «miracle» que Fatima évoque aussi, ainsi que les bienfaits de la «ziyara» du tasdik. «Les gens arrivent mélancoliques et tristes mais repartent heureux et contents grâce à Dieu et à ce tasdik.
Moi-même je le vénère et quand j’ai des problèmes, j’y entre pour allumer des bougies près de la tombe du tasdik et Dieu m’aide à les résoudre», nous confie-t-elle. «Depuis que je m’occupe du mausolée, je suis de plus en plus convaincue de ces miracles.»
Mais ce qui rend le mausolée de Rabbi Braham Moul Nesse encore plus mystérieux, c’est qu’il avoisine celui d’un autre saint musulman. «C’est Sidi Daoui, bien qu’il existe à El Jadida un autre mausolée de Sidi Daoui», nous informe Fatima.
Pour elle, il reste toutefois difficile de dater les mausolées et les tombes ou de savoir qui était là depuis le début, Sidi Daoui ou Rabbi Braham Moul Nesse. Elle aussi trouve assez mystérieux qu’un mausolée d’un saint musulman soit niché en plein quartier juif, sans qu’il y ait des histoires sur deux saints qui reposent l’un aux côtés de l’autre.
Source Yabiladi
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