« Personne ne pensait qu’on pouvait le faire, avance à 20 Minutes, Alon Amir, ex-responsable presse de la délégation israélienne à l’Eurovision. La télévision a dû s’adapter : l’événement a été le tout premier à être diffusé en couleur dans le pays. »
Côté géopolitique, mise sous pression par ses pays voisins, la Turquie, qui avait pourtant désigné son candidat, s’est retirée à la dernière minute.
Surtout, cette finale s’est déroulée cinq jours après la signature du traité de paix israélo-égyptien. Un accord qui marque notamment la reconnaissance par l’Egypte de l’existence d’Israël et la démilitarisation de la péninsule du Sinaï.
Le message pacifique d’Hallelujah résonnait particulièrement avec cet événement historique.
« La colombe va se poser pour toujours sur l’olivier, où les champs de batailles seront des champs de blé (…) Alléluia, pour demain, Alléluia, la main dans la main », clament les paroles.
« L’Europe n’avait pas d’autre choix que de voter pour Israël, sourit Alon Amir. Le contexte était plein d’optimisme.
Hallelujah est un peu notre second hymne national. » La preuve : en 2017, la chanson a été choisie pour les célébrations du 70e anniversaire de la création de l’État hébreu.
Un couplet, à la gloire d’Israël a été ajouté pour l’occasion.
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« A cette occasion, ils ont tourné une nouvelle version officielle du clip, où les chanteurs dansent avec les ministres, et ça a coûté le budget de trois films hollywoodiens », affirme Nadav Lapid dans une interview au site Le Polyester.Le réalisateur israélien, qui a intégré ce tube dans une scène de son dernier film, Synonymes, Ours d’or à Berlin et sorti en mars dans les salles françaises, poursuit :
« Cette chanson n’est pas seulement populaire : elle décrit la manière dont les Israéliens voient leur propre pays et s’y sentent chez eux. Or pour moi c’est complètement schizophrène, parce qu’avec tous nos conflits, Israël ne ressemble pas du tout à ce qui est décrit dans cette jolie chanson.
Parce qu’elle est jolie, elle a un côté cabaret très sympa en même temps. Quel mélange ! Cette chanson est quelque part entre un décret national très formel et une joie extatique, et c’est très israélien. »
Selon le quotidien Haaretz, Hallelujah, fort de plus de 200 reprises, est le morceau israélien qui a remporté le plus grand succès à l’international.
Ce succès aura cependant un bémol : l’organisation de l’Eurovision – ajoutée au coût de la couverture du sommet de Camp-David et du traité israélo-égyptien – a coûté très cher à la télévision israélienne qui n’a pas été en mesure de financer l’édition suivante.
Les Pays-Bas ont fini par se porter volontaires pour accueillir l’Eurovision 1980… auquel Israël n’a pas participé.
La raison ? La finale se tenait le jour du Yom Hazikaron, le jour du souvenir pour les victimes de guerres. L’État hébreu n’a donc pas pu tenter la passe de trois.
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