On le surnomme le « mannequin ». Du fait de son physique avantageux d’acteur de cinéma. Mais si la nomination ily a six mois de Yossi Cohen à la tête du Mossad, l’agence israélienne des renseignements extérieurs, a suscité autant de commentaires, cela tient à d’autres raisons....
Entérinée en décembre dernier par la Commission Turkel, la désignation du nouveau maître-espion n’avait guère de quoi surprendre.
Homme de confiance de Benjamin Netanyahou, qui l’avait promu voilà deux ans au rang de conseiller à la sécurité nationale, Yossi Cohen faisait partie des candidats naturels à la succession de Tamir Pardo, dont il était le chef adjoint entre 2011 et 2013.
En revanche, le fait que le nouveau patron du Mossad appartienne à la mouvance nationaliste-religieuse, bien qu’il ne porte jamais la kippa en permanence, n’a échappé à personne.
Né en 1961 dans un quartier pauvre de Jérusalem, Yossi Cohen, qui a fait partie du mouvement de jeunesse religieux Bnei Akiva, a étudié à la Yeshiva (école talmudique) Or Etzion, de tendance orthodoxe. Son père, Leo, vétéran du groupe clandestin l’Irgoun, fait partie de la septième génération de Juifs en Palestine, puis en Israël.
Sa mère est une éducatrice originaire d’une famille de Hébron. Au total, l’affiliation de ce résident de Modi’in, père de quatre enfants, et juif pratiquant, aurait pu passer pour un détail insignifiant dans le CV de celui qui a effectué toute sa carrière au Mossad depuis son service militaire.
Car cet ex-pilote de chasse et chef des renseignements de l’armée de l’air s’est surtout fait connaître comme chef de bureau du Mossad en Europe, avant de se distinguer à la tête du département Tzomet en charge du recrutement d’agents secrets et d’informateurs chargés de la lutte contre le programme nucléaire militaire iranien.
Seulement voilà, la nomination de Yossi Cohen s’inscrit dans un timing particulier. Elle intervient quelques jours après l’entrée en fonction du nouveau préfet de police de l’Etat d’Israël, Ronny Alsheik, lui-même porteur de kippa tricotée éduqué dans une yeshiva.
Ce dernier était auparavant numéro 2 du Shabak (Shin Beth, la sécurité intérieure), une institution également dirigée depuis 2011 par un religieux pratiquant, Yoram Cohen.
Faut-il voir dans ce casting sans précédent à la tête de la sécurité du pays un désir de satisfaire le parti sioniste religieux « Foyer Juif », un allié de la coalition gouvernementale ?
Une chose est sûre : l’essor au sein de l’échelon sécuritaire des nationalistes-religieux, partisans du Grand Israël et favorables à la colonisation n’est pas un phénomène nouveau.
Voilà des années que l’on observe la montée en puissance des officiers sionistes-religieux dans les rangs de Tsahal. C’est ainsi que dans l’infanterie, la part des cadets religieux a été multipliée par dix entre 1990 et 2008, passant de 2,5% à 26%, avec une pointe à 31,4% en 2007.
Pour autant, les avis sont partagés sur les répercussions de cette tendance. De nombreux chercheurs et officiers de l’état-major réfutent l’hypothèse d’une armée israélienne glissant sous influence politico-religieuse, avec le risque de s’éloigner du pouvoir civil laïque.
Tandis que d’autres estiment que la présence accrue d’officiers religieux au sein de Tsahal reflète un renforcement de l’identité juive et du nationalisme au sein de la société israélienne.
A l’heure où les militaires emploient de plus en plus souvent des expressions se référant à la « force de Dieu » ou à la « sainteté d’Israël », on assisterait à tout le moins à un changement de code culturel.
Source Israel Valley