Alors que la saison d’été du seul et unique Opéra National israélien, l’Opéra de Tel-Aviv, a commencé la semaine dernière avec le Festival d’Opéra de Jérusalem que ses équipes pilotent, et à la veille de la première du dernier opéra de la saison, Les pêcheurs de perles de Bizet (28-30 juin 2016), Toute la Culture était sur place pour voir les coulisses de l’opéra, comprendre son impact sur la politique culturelle et musicale du pays et voir la générale de l’opéra de Bizet...
Après l’avoir rencontrée dans les coulisses (et sous la scène) du Rigoletto de Verdi (lire notre article) par la responsable de la communication de l’Opéra de Tel-Aviv, Yonat Burmil-Wexler, nous l’avons retrouvée ce dimanche 26 juin 2016 aux côtés de la metteuse en scène Neta Amit Moreau, pour une plongée dans les coulisses de l’opéra de Tel-Aviv.
Au cours de l’année, le Tel Aviv Performing Arts Center, complexe architectural construit en 1994 et placé sous la direction de Hannah Munitz et la direction musicale de Daniel Oren, présente divers types de spectacles et concerts. Son programme-maître et le centre de son rayonnement est la programmation lyrique très riche. Avec 7 à 9 opéras, productions ou coproductions par an et la direction de trois grands festival dans le pays : Massada, Jérusalem, Timna et Saint-Jean d’Acre, mais aussi son Meitar Opera Studio qui forme les jeunes chanteurs du pays, l’Opéra de Tel-Aviv est le centre névralgique de l’art lyrique en Israël.
Lors d’une visite qui commence par l’entrée assez magistrale du bâtiment, devant les élégantes affiches graphiques des opéras du répertoire annoncé en hébreu et qui se poursuit sur scène, dans les décors du dernier opéra de la saison Les Pêcheurs de perles, puis dans les coulisses où les loges sont imposantes et où toute une vie de répétitions et de conversations entre artistes vibre.
Avant d’entrer dans la salle de répétition de l’Opéra Studio, qui forme les grandes voix d’un pays qui n’avait pas de tradition lyrique, il y a 15 ans, et où deux sopranos qui font partie de ce programme intensif de deux ans répètent une scène de Cavalliera Rusticana, nous en apprenons beaucoup sur les divers missions et accomplissements de l’Opéra.
Avec seulement 18 % de son budget assuré par l’Etat et la ville de Tel-Aviv (avec risque de diminution, c’est variable selon les années), l’Opéra fait venir des créations du monde entier et engage à chaque nouvelle affiche une équipe entière : deux casts qui se relaient sur scène pour assurer près d’une vingtaine de représentations de chaque oeuvre mais aussi les costumiers et les techniciens qui viennent de l’extérieur travailler sur place. Au moins une fois tous les 5 ans, l’Opéra commande une oeuvre en hébreu, à un compositeur israélien.
En 2011-2012, par exemple, la création de L’enfant rêve d’après le texte de Hanokh Levin a fait sensation. Enfin, à l’heure où dans la plupart des écoles, la musique n’est plus du tout au programme, du moins où ce n’est plus la politique nationale que de familiariser les enfants avec l’opéra, l’Opéra de Tel-Aviv ne se contente pas de proposer au moins 5 opéras pour les enfants et leurs familles par an et de remplir sa belle salle avec des classes, il envoie aussi des équipes familiariser la jeunesse israélienne avec l’art lyrique.
Après avoir visité les rouages de l’Opéra de Tel-Aviv, nous avons pu voir la grande machine en marche en assistant à la générale des Pêcheurs de Perles dont la première est ce mardi 28 juin à 20h. Soudain transportés loin de la chaleur moite et de l’action folle de Tel-Aviv, nous retrouvons donc Nadir, Leila et Noyrabad dans la fable orientaliste de George Bizet (1863) mais dans une mise en scène contemporaine et humoristique, imaginée par la néerlandaise Lotte de Beer pour le Theater an der Wien de Vienne.
Dans cette version du duel de deux amis pour l’amour d’une belle, le regard de la société sur l’intime est actualisé avec une mise en scène de la légende sous forme de « Koh Lanta » local.
En arrière fond des aventures « sauvages » des personnages, où l’exotisme un peu forcé de la pièce est mis intelligemment en cause, l’on trouve une grande perle à étage, qui fonctionne comme un immeuble où les chœurs chantent tout en incarnant le public de la téléralité. Du côté de la musique, la direction de Steven Sloane rend hommage à la composition de Bizet tandis que les voix de ce premier cast sont vraiment marquantes. Le ténor russe Alexei Doglov incarne notamment un Nadir dramatiquement et vocalement fascinant, notamment dans l’air « Je crois entendre encore ».
Vous avez donc jusqu’au 30 juin pour entrer dans la légende des pêcheurs de perles, cet été pour aller entendre notamment les 27 et 30 juillet l’Enlèvement au sérail au Festival de Saint-Jean d’Acre.
Et un peu de temps pour feuilleter la saison 2016-2017 et vous réjouir d’entendre ou réentendre certains grands classiques de l’opéra à Tel-Aviv (Norma, Lucia di Lamermoor, Faust, La Forza del Destino, Madame Butterfly) mais aussi la première en Israël d’un opéra peu donné de Rossini, La Gazetta et une opérette hongroise en coproduction avec le Budapest Operetta Theatre. de belles heures de musique en perspective…
Source Toute la Culture