lundi 27 juin 2016

Ban « profondément préoccupé par l’incapacité du gouvernement à prendre des décisions »





Dans un « contexte régional violent et instable » et « en prévention des conflits futurs », le secrétaire général de l'Onu exhorte Israël et le Liban à faire des « progrès tangibles en vue d'un cessez-le-feu permanent, comme prévu par la résolution 1701 » (2006) du Conseil de sécurité de l'Onu...






Dans son dernier rapport sur la mise en œuvre de ladite résolution, le secrétaire général de l'Onu met en garde contre l'impact de l'amplification de la radicalisation de la population libanaise.
« Le Liban doit être protégé contre ce phénomène », note-t-il, tout en demandant à tous les acteurs nationaux et internationaux d'œuvrer avec l'Onu dans les prochains mois en vue de formuler une approche globale pour « prévenir l'extrémisme violent au Liban et pour protéger la nature multiconfessionnelle unique du pays ».
Ce rapport fera l'objet de concertations au Conseil de sécurité, prévues le 8 juillet prochain, en présence de la coordonnatrice spéciale de l'Onu pour le Liban, Sigrid Kaag, à New York.


Préoccupation

Tout en se félicitant du leadership de Tammam Salam et des efforts visant à permettre au gouvernement d'œuvrer de manière efficace, le chef de l'Onu s'inquiète toutefois des annonces de démissions de ministres à un moment où « le Liban fait face à des défis croissants qui exigent l'unité au sein du gouvernement ».
« Ces mesures contribuent à l'érosion continue des institutions politiques de l'État libanais, note-t-il. Je suis profondément préoccupé par l'incapacité du gouvernement à prendre des décisions dans l'intérêt du pays et à faire appel à la direction politique du Liban de resserrer les rangs dans l'intérêt national en dépit de leurs différences politiques. Les dirigeants des partis libanais doivent œuvrer avec le Premier ministre Salam afin que le gouvernement puisse répondre efficacement aux besoins de la population », relève Ban Ki-moon.
 
Crise institutionnelle

Le responsable onusien réitère dans son rapport sa « profonde préoccupation » face à la vacance présidentielle de deux ans, ce qui a conduit à des blocages au sein du Conseil des ministres et a rendu le Parlement incapable de légiférer. La paralysie politique porte gravement atteinte à la capacité du Liban à relever les défis politiques, sociaux, économiques, humanitaires et sécuritaires auxquels est confronté le pays, et risque de saper la confiance des citoyens libanais et de la communauté internationale dans la stabilité du pays.
« Toutes les parties ont la responsabilité de faciliter le fonctionnement des institutions de l'État et la prestation des services publics », ajoute Ban dans son rapport.
Le chef de l'Onu joint son appel à celui du Conseil de sécurité pour « demander » instamment à tous les dirigeants politiques de faire preuve de souplesse et de parvenir à un consensus pour élire un président de la République et mettre fin à la crise politique et institutionnelle. « C'est urgent. Les dirigeants libanais ont la responsabilité de leur pays et sont directement responsables devant les électeurs et les générations futures de leurs actions »,
rappelle le secrétaire général de l'Onu. « À cet égard, je demande à ceux qui ont boycotté les sessions parlementaires (pour l'élection du président) de remplir leur devoir constitutionnel et de participer à l'élection d'un président sans délai », souligne Ban.
Le secrétaire général « félicite », par ailleurs, le gouvernement pour la conduite rapide et ordonnée des élections municipales. « Cela a démontré la capacité du gouvernement et la volonté du peuple de faire respecter le processus démocratique », a ajouté le responsable onusien, tout en invitant les autorités libanaises à aller de l'avant dans le calendrier pour les prochaines élections législatives, conformément à la Constitution.

 
Défis à la stabilité

Le chef de l'Onu a également relevé la poursuite de l'engagement des États membres du groupe international de soutien au Liban, dirigé par Mme Kaag, à Beyrouth.
Ce groupe coordonne les efforts pour la paix et la sécurité, ainsi que les questions humanitaires et de développement. Mme Kaag intensifiera les contacts avec les partenaires du Liban afin qu'ils aident le Liban à progresser vers une solution à la vacance présidentielle.
Le responsable onusien a demandé instamment au groupe de poursuivre son action avec la coordonnatrice spéciale de l'Onu pour rechercher des opportunités permettant de relever les défis croissants relatifs à la stabilité et à la sécurité du Liban.
« Les partenaires régionaux, y compris l'Arabie saoudite et l'Iran, ont également un intérêt dans la prévention du débordement des crises régionales au Liban », a affirmé Ban. « La communauté internationale doit soutenir collectivement la stabilité politique et économique du Liban, y compris par la poursuite de l'assistance », poursuit-il.


Aide internationale

Le secrétaire général de l'Onu s'est « félicité » des niveaux généreux et significatifs de l'aide internationale annoncée pour le Liban depuis la conférence de Londres en février dernier.
Il a noté dans ce cadre les progrès accomplis pour soutenir la mise en œuvre de la Déclaration d'intention du Liban, et a demandé au gouvernement libanais et aux partenaires internationaux de maintenir l'élan dans la réalisation des engagements pris lors de cette conférence pour assurer une réponse adéquate à l'impact du conflit syrien sur les communautés et les institutions libanaises. Ban ne manque pas de « féliciter » aussi le partenariat entre la Banque mondiale, l'Onu et la Banque de développement islamique pour « faciliter le financement concessionnel pour le Liban ».


Les réfugiés

Ban rappelle avec force « la position de l'Onu » au sujet des réfugiés syriens au Liban. « Les réfugiés syriens devraient revenir en Syrie lorsque les conditions seront propices, ou qu'ils soient réinstallés dans un pays tiers. Je répète que la solution préférée est leur retour dans leur pays, lorsque les conditions le permettront, au moment où l'Onu ne ménagera aucun effort pour mobiliser le soutien aux rapatriés.
En attendant, poursuit Ban dans son rapport, je demande instamment au gouvernement de continuer à examiner, conformément à ses engagements de Londres, le cadre règlementaire actuel régissant l'accès des réfugiés syriens au marché du travail.
Nous saluons les diverses initiatives en cours d'élaboration pour les réfugiés syriens en attendant leur retour éventuel, et les possibilités d'emploi durable pour les Libanais vulnérables, en particulier les 30 pour cent de citoyens libanais qui vivent en dessous du seuil de la pauvreté. »
Et de conclure : « Près de dix ans après l'adoption de la résolution 1701, un calme relatif règne à travers la ligne bleue. Cela est un développement positif. Mais ce calme relatif ne doit pas être confondu avec une stabilité durable. Bon nombre de causes profondes du conflit sont en grande partie sans réponse (...). Répondre aux objectifs de ladite résolution peut servir de mesure de confiance importante pour la région.

Je fais appel au Conseil de sécurité et aux partenaires bilatéraux et aux donateurs pour qu'ils redoublent d'efforts afin d'encourager le Liban et Israël à progresser vers la mise en œuvre de la résolution et d'autres résolutions pertinentes du Conseil de sécurité qui sont au cœur de la paix et de la sécurité au Liban, afin de mettre fin au conflit dans la région, et pour aboutir à une paix juste et durable au Moyen-Orient. »


Source L'Orient le Jour